ELIZABETH II 1926 - 2022 La période de deuil après sa disparition suscite une ferveur populaire inédite au Royaume-Uni. © belga image

Hommage à Elizabeth II : unité nationale, et après ?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La ferveur populaire après le décès d’Elizabeth II était attendue. L’accueil chaleureux de Charles III un peu moins. Les Britanniques vivent une parenthèse apaisée. Liz Truss devra assumer le retour à la réalité.

Un sans-faute. Difficile de considérer autrement les premiers pas de Charles III appelé à assurer la délicate succession, à la tête de la monarchie britannique, de sa mère, Elizabeth II, disparue à l’âge de 96 ans le 8 septembre au château de Balmoral, en Ecosse.

Il est vrai que dès son premier discours de roi, Charles III a inscrit son action dans la continuité de celle de la souveraine défunte. «Comme la reine elle-même l’a fait avec un dévouement inébranlable, je m’engage solennellement, pendant le temps que Dieu m’accordera, à défendre les principes constitutionnels au cœur de notre nation», a-t-il promis le 9 septembre.

Depuis, tout a été mis en place au Royaume-Uni pour assurer une transition douce. La longue période de deuil jusqu’aux funérailles, qui auront lieu le lundi 19 septembre, a alterné entre cérémonies officielles en présence des autorités du pays et moments de communion avec la population massée sur le parcours du convoi funèbre ou devant les grilles des palais royaux.

Attendue, la ferveur des citoyens plonge le Royaume-Uni dans une parenthèse apaisée et dans un élan d’unité nationale qui culminent dans l’interminable défilé pour saluer la dépouille de la souveraine au Westminster Hall depuis le 14 septembre.

La plupart des Britanniques savent pourtant que, tant la sortie des couples William et Kate et Harry et Meghan le 10 septembre devant le château de Windsor que la présence conjointe, deux jours plus tard, des enfants d’Elizabeth II – Charles, Anne, Andrew et Edward – dans la cathédrale Saint-Gilles d’Edimbourg, n’éteindront pas les dissensions familiales au sein de la dynastie, le «moment d’unité» qui accompagne le dernier au revoir à la reine n’ assurera pas le bonheur du royaume.

Il y a donc quelque chose d’éphémère mais aussi de difficilement analysable dans l’attitude des Britanniques, entre respect pour la personne d’Elizabeth II, admiration pour la monarque et dévotion fervente à la royauté. Quelque chose de paradoxal aussi pour une figure qui a, certes, marqué deux siècles mais dont le pouvoir politique était si réduit. Car on a beau évaluer le pouvoir d’influence que pourrait développer Charles III dans sa nouvelle fonction ou l’attention que pourrait lui réserver la première ministre Liz Truss, ce n’est pas cela qui changera la face du Royaume-Uni.

Demain, ce sont les réponses aux défis de la crise énergétique, de la dépression économique, du mal-être social, de la guerre en Europe qui importeront aux Britanniques et influeront sur leur quotidien. Le «moment d’unité» passé, reviendront sur le devant de l’actualité les revendications d’indépendance en Ecosse et de réunification avec la République d’Irlande en Irlande du Nord, même si Charles III y a été bien accueilli, en cette semaine si particulière…

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