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Hogewey, le village hollandais où tous les habitants sont déments

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Dans ce petit village hollandais, tout a été créé et pensé pour que les 152 patients atteints de démence et d’Alzheimer puissent vivre de façon indépendante tout en recevant des soins appropriés. Un modèle qui fait des émules dans le monde.

Hogewey, vu de l’extérieur, l’endroit ressemble à n’importe quel petit village batave : un élégant ensemble résidentiel, une épicerie, un cinéma, différents restaurants, un bureau de poste, un salon de coiffure, des jardins avec étang,…il manque juste une école. Mais ses habitants n’en ont pas besoin, car ils sont tous atteints d’une forme sévère de démence. Ils ont rejoint Hogewey, situé à quelques kilomètres d’Amsterdam, pour y couler paisiblement leurs derniers jours. Dans ce qu’on a vite surnommé le « village Alzheimer », tout est prévu pour que les 152 patients vivent une vie « normale », déambulant à leur envi sans entrave ni horaire mais tout en étant encadrés discrètement 24/24 par une équipe composée de 250 personnes (infirmières gériatriques, spécialistes et manutentionnaires confondus) qui ont tombé la blouse blanche. Un réseau de caméras parfait le mécanisme de surveillance. Que l’un d’entre eux tente de sortir du périmètre sécurisé, et le voilà gentiment remis sur la bonne voie.

Ici, pas de longs corridors monotones ouvrant sur des chambres sans âme, les résidents évoluent à 6 ou 7 dans de coquets pavillons de deux étages. En tout, 23 sont disséminés sur une superficie de 1,5 hectare, avec chacune leur style unique selon les goûts et le mode de vie passé des résidents. Dans certaines maisons, le temps semble s’être arrêté au milieu des années ’50, d’autres en pleine époque seventies, remontant à la période à laquelle la mémoire des résidents a cessé de fonctionner correctement.

Un Truman Show façon Alzheimer ?

Des voix s’élèvent du monde médical pour critiquer ce mode de traitement. Des experts avancent que les patients vivent dans un monde irréel, à la manière d’un Truman Show, façon Alzheimer, ce film américain dans lequel Jim Carrey découvre que sa vie est en fait une téléréalité et que tout ce qu’il pense être vrai est un mirage créé par des producteurs pour amuser le public. Ce à quoi Van Amerongen, l’une des fondatrices de l’institution répond: « Nous ne trompons personne, c’est une vraie société ici« .

Hogewey
Hogewey© hogewey

D’autres scientifiques arguent que cette prise en charge communautaire de patients souffrant de dégénérescences neurocognitives selon une approche environnementale évite le phénomène néfaste d’isolation, souvent la cause d’une dégradation rapide de l’état des malades. Ces derniers semblent retirer de nombreux bénéfices de cette approche unique au monde. Selon un reportage de CNN diffusé en 2013, les résidents de Hogewey mangent mieux, prennent moins de médicaments et vivent plus longtemps.

Depuis sa création en 2009, des médecins du monde entier sont venus se rendre compte sur place de son fonctionnement. Le concept fait des émules. En Angleterre, un village de ce genre a vu le jour et un projet similaire est prévu en Suisse, près de Berne pour 2019. L’idée est de renvoyer les pensionnaires dans les années 50 pour qu’ils retrouvent des repères.

Hogewey a été créé, à l’origine, par le gouvernement néerlandais et sa construction a couté pas moins de 25 millions. Un mois passé dans l’institution revient normalement à environ 7000 euros. Mais grâce aux subsides étatiques, un loyer ne peut excéder les 3200 euros, une somme qui varie en fonction des revenus des résidents.

Le concept est prometteur quand on sait que 35,6 millions de personnes souffrent de démence à travers le monde, selon l’OMS et que 7,7 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. A ce rythme, le nombre de personnes démentes va doubler à l’horizon 2030 et même tripler en 2050.

En 2013, CNN a réalisé un reportage sur place:

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