Gérald Papy

Favoriser une sortie du conflit en Ukraine est, pour nous Européens, une obligation incontournable

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le courage manifesté par les Ukrainiens en un an de guerre pour défendre nos libertés impose que nous ne mesurions pas notre soutien.

Qui aurait pu prédire, le 24 février 2022, aux premières heures de l’«opération militaire spéciale» contre l’Ukraine, qu’un an plus tard… l’armée russe aurait échoué à renverser le gouvernement de Kiev comme Vladimir Poutine l’avait imaginé, que l’armée et le peuple ukrainiens résisteraient toujours à la deuxième puissance militaire du monde et, mieux, qu’ils lui auraient infligé le camouflet d’une contre-offensive réussie?

Qui aurait pu prédire, lorsque les chars russes menaçaient le président Volodymyr Zelensky, qu’un an plus tard… les Etats-Unis auraient mis au service de l’Ukraine leurs lance-roquettes multiple Himars, leur système de défense antiaérienne Patriot et leurs moyens de renseignement et que l’Union européenne présenterait toujours un front uni pour faire obstacle à l’agression russe?

Pointer ces motifs de satisfaction est légitime non parce que l’on chercherait à tout prix par là à imposer une supériorité militaire aux Russes et, in fine, à leur «mettre une raclée» mais bien parce que ne rien faire et laisser Vladimir Poutine annexer l’ensemble de l’Ukraine comme il l’a fait avec la Crimée en 2014 aurait des conséquences terriblement dommageables pour notre sécurité et la pérennité de nos valeurs. Faut-il rappeler l’effroyable bilan en pertes humaines, chiffré à des dizaines de milliers de morts, que l’invasion a déjà causées, les tueries barbares perpétrées par des soldats russes de Boutcha à Izioum, l’exil forcé de millions d’Ukrainiens fuyant les violences, le coût des innombrables destructions? Peut-on raisonnablement permettre, par notre indifférence, qu’un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU puisse bafouer le droit international, la souveraineté d’un Etat, l’aspiration de ses citoyens à faire, entre «l’Europe et la mort» comme le souligne le philosophe ukrainien Constantin Sigov, un choix pour leur avenir?

Qui porte la principale responsabilité de cette restauration d’un climat de guerre froide ?

Il est compréhensible aussi que certains s’inquiètent de l’absence de perspectives de négociation, de la concentration de tant d’arsenaux militaires en Europe, de la menace du recours à l’arme nucléaire, de la relance de la course aux armements… Mais qui porte la principale responsabilité de cette restauration d’un climat de guerre froide?

La solidarité avec le peuple ukrainien qui a exprimé sa volonté de partager les valeurs de l’Union européenne et qui, dans le quotidien des combats et des privations, les défend avec un tel courage face à l’autoritarisme russe, impose de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour redonner à l’Ukraine le contrôle sur sa terre. Comme le maître du Kremlin, fantasmant une volonté d’anéantissement de la Russie par l’Occident pour mieux entretenir le penchant nationaliste de ses compatriotes, ne donne aucun signe de désir de retraite et de négociation, il n’ y a d’autre alternative pour les Européens et les Américains que de soutenir l’effort de guerre. Plus ce soutien sera intelligent et puissant, plus les Ukrainiens se rapprocheront d’une issue acceptable, par la victoire militaire ou par la négociation engagée avec les meilleures chances de réussite. En regard de l’année de souffrances endurée par les Ukrainiens, favoriser cette sortie du conflit est, pour nous Européens, une obligation incontournable.

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