© Reuters

Face à Trump, l’agence Reuters adopte la même stratégie que dans les pays totalitaires

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Dans un message à son équipe de journalistes présente aux États-Unis, le rédacteur en chef de l’agence de presse Reuters, Steve Adler, a donné de nouvelles directives pour travailler avec Donald Trump au pouvoir.

« Les 12 premiers jours de la présidence de Trump (…) ont été mémorables pour tout le monde, mais tout spécialement pour le monde de la presse », a affirmé Adler dans un communiqué. « On ne voit pas tous les jours un président américain accuser les journalistes « d’être parmi les humains les plus malhonnêtes de la planète » », a-t-il ajouté.

Face à cette attitude de l’administration américaine, le rédacteur en chef a cherché la meilleure stratégie. « Reuters est une agence de presse mondiale qui couvre l’actualité de manière neutre et indépendante dans plus de 100 pays à travers le monde, dont beaucoup où la liberté d’expression est malmenée et où la presse n’est pas la bienvenue », a-t-il expliqué.

« Je suis perpétuellement fier de notre travail dans des pays tels que la Turquie, les Philippines, l’Égypte, l’Irak, le Yémen, la Thaïlande, la Chine, le Zimbabwe et la Russie, pays où nous rencontrons parfois une combinaison de censure, de poursuites judiciaires et de menaces physiques envers nos journalistes », a commenté le rédacteur en chef. « Nous répondons à tous ces défis en faisant de notre mieux pour protéger nos journalistes, en nous engageant à faire notre travail de manière honnête, en recueillant des informations difficiles à obtenir et en demeurant impartiaux. »

Reuters ne sait pas encore quels seront concrètement les impacts de la politique de Trump sur travail de la presse, mais l’agence a d’ores et déjà décidé d’appliquer certaines mesures pour ses journalistes travaillants sur le territoire américain.

Elle édicte donc certaines règles à respecter :

  • Couvrir l’actualité qui concerne la vie des gens et leur fournir les informations dont ils besoin pour prendre les meilleures décisions.Multiplier les sources : si une porte se ferme, il faut en ouvrir une autre. Ne pas se préoccuper inutilement des accès officiels qui ne sont pas si importants. S’intéresser aux régions plus rurales, découvrir comment vivent les gens, ce qu’ils pensent, ce qui les aide, ce qui les blesse, et comment ils perçoivent les actions du gouvernement.Garder à portée de main les « Principes de confiance de Thomson Reuters » et se rappeler que « l’intégrité, l’indépendance et l’absence de parti pris » de Reuters seront à tout moment parfaitement préservées.

Le rédacteur en chef demande également à ses journalistes de ne pas faire certaines choses :

  • Ne jamais choisir de combat inutile et ne pas inclure l’agence dans l’actualité. « Nous pouvons nous intéresser aux coulisses, mais pas forcément notre public. Et si nous le faisons, ils ne seront pas forcément de notre côté », affirme Adler.Ne pas laisser transparaître ce qui pourrait être interprété comme de la frustration au jour le jour. « Dans d’autres pays, nous faisons nos reportages sans émettre de conseil pour ne pas être accusés d’animosité personnelle ».Ne pas tout voir en noir. « C’est une chance que nous avons de pouvoir appliquer les compétences que nous avons acquises dans des pays beaucoup plus difficiles et donc de montrer l’exemple ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire