Une perle incongrue dans la ville: le passage Hennel (XIIe arrondissement).

Voyage dans un Paris sans issue (en images)

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

La photographe Belge, Karin Borghouts, montre un Paris inédit à travers 200 images d’impasses qui ponctuent la ville. Une approche documentaire et poétique, loin des circuits touristiques.

Paris a tellement été photographiée sous toutes ses coutures que chaque nouvelle publication ne manque pas d’égratigner le regard. Bonne nouvelle, certains projets échappent au devenir-carte postale de la Ville lumière. C’est le cas de Paris Impasse (1), ouvrage signé par la Belge Karin Borghouts (Kapellen, 1959), artiste visuelle dont le travail est centré sur l’architecture. C’est à partir de 2011 que l’intéressée s’est passionnée pour les culs-de-sac parisiens, une spécialité urbanistique de la capitale française qui en compte plus de 600. En près de dix ans, Karin Borghouts en a immortalisé des centaines. Signe distinctif? Ces tronçons de rue sont toujours photographiés déserts, sans qu’aucune silhouette n’en perturbe la géométrie. Cette quête compulsive aboutit aujourd’hui à la parution d’un très bel ouvrage, compact et souple à manier, qui reprend 200 artères sans issue classées par arrondissement.

D’emblée, on est frappé par la démarche documentaire rigoureuse – faisant de l’ouvrage une somme précieuse pour mesurer les inévitables changements à venir au sein d’un des périmètres urbains les plus concentrés au monde (20.000 habitants au kilomètre carré) – qui n’est pas sans rappeler les prises de vue froides, frontales et distanciées de l’école de Düsseldorf. Il reste qu’en y regardant de plus près, le livre révèle des charmes que l’on ne suspectait pas. Ceux-ci tiennent à la nature même des impasses. Ces lieux dominés par une circulation intérieure échappent à la frénésie des logiques urbaines habituelles. « Une impasse est un lieu de paix et de tranquillité dans la ville. Vous êtes sur un terrain public, mais souvent vous avez l’impression que c’est privé », explique la photographe. Il n’en faut pas plus pour que se révèle un monde suspendu et poétique, une sorte de parenthèse intime à la vie en société.

Paris Impasse, Karin Borghouts, Snoeck Publishers, 304 p.

L'impasse des Abbesses, respectivement dans les XVIIIe et XIIearrondissements.
L’impasse des Abbesses, respectivement dans les XVIIIe et XIIearrondissements. « Plus les rues sans issue sont éloignées du centre, plus les styles architecturaux sont contrastés », pointe Karin Borghouts.
L'impasse d'Erard, respectivement dans les XVIIIe et XIIearrondissements.
L’impasse d’Erard, respectivement dans les XVIIIe et XIIearrondissements. « Plus les rues sans issue sont éloignées du centre, plus les styles architecturaux sont contrastés », pointe Karin Borghouts.
La cité de la Roquette, dans le XIe arrondissement, est située faubourg Saint-Antoine, le quartier historique des artisans du bois et de l'ameublement.
La cité de la Roquette, dans le XIe arrondissement, est située faubourg Saint-Antoine, le quartier historique des artisans du bois et de l’ameublement. « Il est fréquent que les culs-de-sac aient des noms tels que cité, cour, square ou villa », commente la photographe.
Un interstice sur la droite de l'image prouve que la rue Agar, dans le XVIe arrondissement, échappe à la typologie classique des impasses (la forme en U et la clôture assurée par un grand mur).
Un interstice sur la droite de l’image prouve que la rue Agar, dans le XVIe arrondissement, échappe à la typologie classique des impasses (la forme en U et la clôture assurée par un grand mur).
Les passionnés de Georges Brassens connaissent l'impasse de Florimond.
Les passionnés de Georges Brassens connaissent l’impasse de Florimond.
C'est dans ce coin du XIVe que le Sétois a composé ses premiers morceaux. Situé dans le VIe, à deux pas de la tour Eiffel, le square Rapp dévoile un joli treillage mural.
C’est dans ce coin du XIVe que le Sétois a composé ses premiers morceaux. Situé dans le VIe, à deux pas de la tour Eiffel, le square Rapp dévoile un joli treillage mural.
Autrefois, le mur de clôture de l'ancienne prison Saint-Lazare, dans le Xe, chatouillait la cité d'Hauteville.
Autrefois, le mur de clôture de l’ancienne prison Saint-Lazare, dans le Xe, chatouillait la cité d’Hauteville.
La Villa Letellier est une artère du XVe à la géométrie envoûtante.
La Villa Letellier est une artère du XVe à la géométrie envoûtante.

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