© Patrick BOMBAERT/belgaimage

Tout ce que le Brexit va changer (or not)

Thierry Fiorilli
Thierry Fiorilli Journaliste

Le Royaume-Uni sort officiellement de l’Union européenne ce 31 janvier. Pourquoi ce divorce ? Qu’est-ce qui change pour nous, étudiants, travailleurs, consommateurs, visiteurs, entrepreneurs ? Que peut y gagner l’Europe ? Et qu’est-ce que le Brexit ne réussira pas à ne plus nous faire aimer chez les Britanniques ?

Quinze ans. C’est la durée moyenne du mariage avant le divorce, en Belgique, selon Statbel. L’office belge de statistique précisait, début novembre 2019, en publiant ses derniers chiffres en matière de séparations (23 135 divorces en 2018, chez nous ; augmentation de 0,3 % par rapport à 2017) que  » si l’on rapporte les événements à la  »promotion » de mariages dont ils sont issus, on observe que la divortialité reste constante : moins d’un mariage sur deux se clôture par un divorce « . Dès lors, on peut considérer que le départ britannique de l’Union européenne, ce 31 janvier, pour historique qu’il soit, s’inscrit dans la norme. Il survient, lui, après quarante-sept ans de vie commune. Il est jusqu’ici le seul mariage à capoter sur 28. Et il ponctue une relation dont l’amour n’a jamais été le moteur.

Ce divorce ponctue une relation dont l’amour n’a jamais été le moteur.

End of the story, donc. End of a non-story, même, selon beaucoup, tant il a toujours fallu se référer aux listes des pays membres de l’UE pour se persuader que le Royaume-Uni en faisait bien réellement partie. C’est que, depuis l’adhésion britannique à la Communauté européenne, le 1er janvier 1973, et sous huit Premiers ministres différents – conservateurs comme travaillistes -,  » les Anglais  » se sont inlassablement opposés aux projets ou décisions de leurs partenaires. Ou ils ont obtenu un statut d’exception. Ou ils y ont adhéré le couteau sur la gorge. Ou seulement s’ils estimaient n’en tirer que des bénéfices.

Le référendum du 23 juin 2016, même s’il a révélé une société britannique très fracturée – entre pro et anti-Brexit, et en termes générationnel, social et géographique – n’a fait en somme que confirmer, d’un cheveu, l’euroscepticisme de nos voisins insulaires. Les voilà donc, trois ans et demi plus tard, bel et bien hors de cette Europe qui ne leur convenait guère. En substance parce qu’au moment de l’adhésion, il y a quarante-sept ans, c’était une union économique et voilà qu’elle est devenue de plus en plus politique. Parce que la souveraineté nationale de chaque Etat passe de plus en plus après celle de l’UE. Parce qu’on ne peut pas commercer comme on l’entend et avec qui on veut. Parce qu’il y a quand même beaucoup d’immigrés et qu’on ne se sent plus chez soi. Parce que, finalement, pas besoin de ce machin à tralalas pour prospérer.

And now, ladies and gentlemen

On verra si le Royaume-Uni s’en sort mieux tout seul. Mais en reprenant ses billes, que change-t-il pour les 27 Etats toujours membres de l’UE, eux ? Pour les études sous label Erasmus à Southampton, Manchester ou Glasgow ? Pour le week-end de shopping à Brighton ? Pour un city-trip à Newcastle ? Pour travailler à Londres ? Pour y importer comme pour en exporter des produits ? Quelles modifications administratives ou financières va-t-il falloir opérer ? Qui va y perdre quoi ? Qu’y a-t-il à y gagner et pour qui ? Et quel genre de citoyens belges sont/seront ces Britanniques de Belgique qui ont décidé de prendre la nationalité de leur pays hôte ? Réponses dans ce dossier  » spécial Brexit « . Dont ressort aussi la fascination qu’ont toujours provoquée les singularités de la Grande-Bretagne. Et que ce divorce n’affaiblira pas. Puisque certains couples parviennent à se séparer tout en s’aimant encore. Au moins dans le chef de l’un des deux anciens partenaires. Et parfois pour toujours.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire