Salvini et Marine Le Pen, en octobre 2018 à Rome © Reuters

Salvini veut lancer une alliance des nationalistes pour les européennes

Le Vif

Matteo Salvini, l’homme fort du gouvernement italien et patron de l’extrême droite de la péninsule, va lancer lundi un appel à une alliance des nationalistes en vue des élections européennes de mai, une entreprise qui ne va pas de soi.

« Nous voulons changer radicalement cette Europe, avec le bon sens et le goût du concret que nous sommes en train de démontrer en Italie », a-t-il expliqué ce week-end, en lançant un appel à toutes les forces politiques « qui partagent notre vision et un objectif commun: une Europe qui donne la priorité aux peuples et non aux bureaucrates, aux banquiers, aux bien-pensants et aux bateaux » de migrants clandestins.

M. Salvini doit présenter son projet à la presse à 10h30 (08h30 GMT) dans un hôtel de luxe de Milan et espère pouvoir rassembler jusqu’à une vingtaine de partis souverainistes.

Mais même si un grand meeting est annoncé pour mai à Milan – en présence de Marine Le Pen -, seuls Alternative pour l’Allemagne (AfD), les Vrais finlandais et le Parti populaire danois sont attendus ce lundi.

Parmi les absences remarquées: le Rassemblement national (France) de Mme Le Pen, mais aussi Droit et Justice (PiS), le parti conservateur et eurosceptique au pouvoir en Pologne, et le Fidesz, le parti de Viktor Orban.

Le Premier ministre hongrois a souvent exprimé son admiration pour M. Salvini, mais les eurodéputés du Fidesz sont membres du Parti populaire européen (PPE, droite), même si les conservateurs européens ont suspendu il y a quelques semaines le parti hongrois de leur groupe.

Dans l’assemblée sortante, les souverainistes sont en effet divisés en trois entités (PPE, ENL et CRE). La Ligue et le RN sont membres du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), tandis que les invités finlandais et danois de M. Salvini appartiennent au groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Le rêve de M. Salvini serait d’unir ces forces disparates en une « internationale des nationalistes. Pour cela, il a rencontré vendredi Mme Le Pen, qui a longtemps été son modèle, et a annoncé un grand meeting commun en mai.

Lignes de fracture

Mais en réalité, les deux personnalités se disputent le leadership de l’extrême droite européenne.

La dirigeante du RN va ainsi tenter elle aussi de nouer de nouvelles alliances avec des partis nationalistes en se rendant tour à tour dans les prochaines semaines en République tchèque, en Belgique, où elle s’entretiendra avec les dirigeants du Vlaams Belang, puis en Slovaquie.

Malgré d’évidentes similitudes — euroscepticisme, hostilité à l’islam politique, rejet du multiculturalisme de gauche –, les souverainistes européens restent très différents.

Entre l’AfD allemand, adepte de l’économie de marché, et la vision protectionniste du RN français, l’écart est grand. De même, la Ligue ou le PiS polonais mettent en avant les racines chrétiennes de l’Europe, quand le RN, au nom de la laïcité, n’en fait pas une priorité.

En outre, le RN ou l’AFD s’opposent à la répartition des demandeurs d’asile à travers l’Europe que réclame la Ligue. Et les nationalistes polonais ou finlandais goûtent peu les éloges adressés par Mme Le Pen et M. Salvini au président russe Vladimir Poutine.

Sur le front intérieur, M. Salvini doit aussi prendre en compte les difficultés croissantes de son alliance gouvernementale avec les antisystème du Mouvement 5 étoiles (M5S), alors que la croissance économique reste exangue.

Le M5S, qui avait dépassé les 32% des voix l’an dernier, ne cesse de perdre du terrain, alors que la Ligue est passé de 17% des voix lors des législatives de mars 2018 à plus de 30% des intentions de vote dans les sondages.

Si les sujets de discorde n’ont pas manqué depuis l’arrivée au pouvoir de la coalition Ligue-M5S en juin 2018, le ton est encore monté ces derniers jours. Luigi Di Maio, chef de file du M5S, s’est inquiété d’une « dérive » de la Ligue « vers l’extrême droite » et de son alliance avec des forces politiques qui « nient l’Holocauste ». « Je n’ai pas de temps à perdre à répondre aux scandales et aux insultes. Je préfère travailler », a répliqué M. Salvini.

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