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Fonds ESG: pourquoi les banques seront obligées d’investir dans le durable

Nathan Scheirlinckx
Nathan Scheirlinckx Journaliste au Vif

L’Union européenne table sur un projet de taxonomie pour les investissements. Objectif ? Définir sur base de quels critères un placements est durable. Analyse avec Bernard Keppenne, Chief economist chez CBC Banque et Assurance.

Pendant longtemps, les banques ont pu investir leur argent où elles le voulaient. Leur seule préoccupation était alors le bénéfice économique de l’investissement. Et tant pis si celui-ci finançait le travail d’enfants en Asie, la vente d’armes en Afrique ou les énergies fossiles en Europe. Mais ça, c’était avant. Du moins en théorie. Pour la pratique, il faudra attendre que l’Union européenne avance sur le dossier des fonds ESG (voir plus loin dans cet article).

« Il y a un devoir de transparence de la part des banques« , explique Bernard Keppenne, Chief economist chez CBC Banque et Assurance. « Elles ont pris un certain nombre d’engagements à ne plus financer plusieurs secteurs, comme par exemple le charbon, les armes et la pornographie ». Tout cela est désormais scruté de près par la Banque centrale européenne (BCE). « Lorsqu’une banque émet un emprunt vert, par exemple, elle doit définir de façon très précise les projets qui seront financés avec ce dernier ». L’économiste ajoute que « les banques émettent des rapports de sustainability dans lequels elles définissent très précisément leurs engagements, leurs projets et ce qu’elles font pour réduire leur part des investissements, notamment dans les énergies fossiles. Ces rapports sont publics et accessibles très facilement sur les sites des banques ».

Les fonds à gestion durable

Récemment, les banques ont embrassé un nouveau type de fonds financiers, les fonds à gestion durable, aussi appelés fonds ESG. Ils sont gérés selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Des entreprises ou Etats qui ne cochent pas leurs cases en sont exclus. « Une dictature ne peut pas être reprise pour ce genre de fonds », reprend Bernard Keppenne. « Lorsque Trump était président, on avait exclu les obligations américaines parce que les USA étaient sortis des accords de Paris. Ça allait à l’encontre des règles ESG ».

  • Fonds responsable ‘classique’
  • Ecofund
  • Fonds impact investing

L’économiste de CBC Banque fait la différence entre trois types de fonds dits ‘responsables’. « Le premier est classique. Ce sont des entreprises qui travaillent à une amélioration de la société, du climat ou de la gouvernance. Le deuxième est un ecofund, un fonds spécialisé sur l’eau et donc typiquement des entreprises qui travaillent avec de l’eau s’y retrouvent. Le troisième c’est l’impact investing. On se retrouve avec des sociétés qui ont un impact réel sur le climat. Autrement dit, c’est la crème de la crème ».

A quand des règles européennes ?

En Belgique, selon l’expert, il y a déjà des règles ESG en vigueur. Mais pas encore en Europe, même si le projet serait en gestation. « On attend avec impatience le projet de taxonomie européenne. L’idéal serait d’avoir les mêmes règles pour tout les Etats membres, afin d’harmoniser le système de fonds ESG. L’Europe s’était fixée 2023 comme deadline pour y arriver. Cela ne devrait plus tarder, d’autant qu’on voit que l’Union avance à pas de géant sur plusieurs dossiers liés au climat en ce moment« , conclut Bernard Keppenne.

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