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Mort de Steve: « Qu’a fait la police? » s’interroge la presse

Le Vif

Cinq semaines après sa disparition, le corps de Steve a été retrouvé lundi dans la Loire. Le rapport de l’IGPN qui n’établit « pas de lien » entre l’intervention des forces de l’ordre et sa mort ne convainc pas la presse mercredi qui à l’instar de Libération se demande « qu’a fait la police? »

« Un mort et des zones d’ombres » estime Libération qui souligne que les « conclusions du rapport de l’IGPN, rendu public, sont contredites par les vidéos de la charge policière. »

Dans Libération également, Alexandra Schwartzbrod préfère ne pas commenter ce rapport, « Ce n’est pas sérieux », assène-t-elle en rappelant que la mort du jeune homme « vient clore huit mois de relations tumultueuses entre la police et les Français ». Forces de police qui selon elle « ont trop souvent fait preuve d’une violence disproportionnée ou mal à propos contre des manifestants ».

Mardi, le Premier ministre Edouard Philippe a fait une déclaration dans la cour de Matignon, aux côtés du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, muet, pour assurer de la « volonté de transparence totale » des autorités.

A la une, L’Humanité réclame « Justice » et « la vérité, toute la vérité ». Sébastien Crépel juge lui aussi que « depuis des mois, la France connaît une escalade injustifiée du recours à la force contre des civils, cause de centaines de blessés et, parfois, de morts, au point de préoccuper l’ONU. »

« Il en faudra beaucoup pour nous convaincre que la charge de la police, au petit matin sur les quais de Nantes, n’a pas de lien établi avec la noyade du jeune animateur », tranche Jean-Louis Hervois de la Charente Libre.

Il a fallu 38 jours avant la découverte du corps du jeune animateur, rappelle Jean-Michel Servant dans le Midi Libre. « Elle (la découverte, ndlr) interroge sur le comportement des policiers, elle questionne sur la lenteur des recherches, elle interpelle sur l’impartialité du rapport de l’IGPN », juge-t-il.

« La vérité, une exigence élémentaire »

Dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau s’interroge « la riposte des policiers était-elle proportionnée ? » et affirme que « non, à l’évidence ».

Il fait partie de ceux, nombreux, qui mettent en doute l’impartialité de l’IGPN en soulignant qu’elle « a déjà été saisie 612 fois l’année passée pour des cas de violence délibérée de la part d’agents de police alors que les plaignants n’ont jamais obtenu gain de cause. »

« La vérité c’est une exigence élémentaire en démocratie », conclut l’éditorialiste.

Denis Daumin (La Nouvelle République du Centre Ouest) note que le Premier ministre « promet la transparence totale » et « affiche l’empathie nécessaire », celle qui « a beaucoup manqué à son ministre de l’intérieur », déplore-t-il.

Dans La Montagne, Florence Chédotal évoque « les eaux troubles de la Loire », des eaux « aussi troubles que les circonstances sur lesquelles il faudra projeter la plus crue des lumières, aussi embarrassante soit cette affaire ».

Dans Le Journal de la Haute-Marne, Christophe Bonnefoy ne prend pas parti: « on peut supposer que du côté du gouvernement, on tentera de rendre responsables les organisateurs de la soirée. Chez ceux qui font du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, leur cible favorite, c’est l’intervention de la police qui a entraîné la mort du jeune homme », écrit-il.

Dans le Républicain Lorrain, Xavier Lambert revient sur l’affaire « Malik Oussekine, tombé sous les coups de la police en 1986 » en marge d’une manifestation contre le projet de réforme universitaire Devaquet.

« Après trente ans, les façons de faire de la police française posent toujours question », regrette-t-il avant de conclure qu’une « une chose est sûre à jamais : Steve et Malik étaient deux jeunes gens qui devaient vivre. Trente-trois ans ont passé, et rien n’a vraiment changé. »

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