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Michel Fourniret, le parcours macabre d’un tueur en série

Le Vif

Michel Fourniret, jugé à partir de mardi pour avoir assassiné l’épouse d’un ex-codétenu afin de s’emparer d’un magot, est plus connu pour son parcours de tueur et violeur en série, qui lui a valu son surnom d' »Ogre des Ardennes ».

Premières condamnations

A l’âge de 25 ans, Michel Fourniret est condamné en 1967 à huit mois de prison avec sursis assortis d’une obligation de soins, pour l’agression d’une fillette dans les Ardennes. Arrêté et incarcéré en 1984, ce père de de famille discret est condamné le 26 juin 1987 à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles sur une douzaine de jeunes femmes depuis 1981.

En détention, il entame une correspondance avec Monique Olivier, séparée et mère de deux enfants. Il s’installe avec elle dans l’Yonne (Centre) après sa libération en octobre 1987.

Trésor du « gang des Postiches »

Jean-Pierre Hellegouarch, un ex-compagnon de cellule de Fourniret, lui demande en mars 1988, par l’intermédiaire de sa femme Farida Hammiche, de récupérer un « trésor » composé de lingots d’or, qui a été enterré dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis (Val-d’Oise) par une équipe de braqueurs, le célèbre « gang des postiches ».

Pour garder tout le magot pour lui, Fourniret tue la jeune femme, selon des aveux que fera le couple en 2004. Avec cet argent, il s’achète notamment le château du Sautou, dans les Ardennes. En 1988 naît le fils du couple qui se marie l’année suivante.

Aux origines du parcours criminel, le trésor du « gang des postiches »

L’affaire est digne d’une fiction: la découverte dans un cimetière d’un butin en pièces d’or et lingots, magot caché du célèbre « gang des postiches », a permis au tueur en série français Michel Fourniret d’entamer son parcours criminel sanglant.

Milieu des années 1980. Michel Fourniret est incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, en région parisienne, pour plusieurs agressions sexuelles. Il partage brièvement sa cellule avec un ex-braqueur, Jean-Pierre Hellegouarch, avec qui il sympathise. Déplacé dans une autre prison, Hellegouarch a vent, par le biais d’un autre compagnon de détention, Gian Luigi Esposito, de l’existence d’un trésor enterré dans un cimetière du Val-d’Oise, au nord de Paris. Ce braqueur italien proche de l’extrême-droite s’est évadé de la prison de Rome en hélicoptère en 1986 en compagnie d’André Bellaïche, membre du « gang des postiches », avant d’être rattrapé en France.

Lors de leur cavale, Bellaïche lui aurait révélé l’emplacement d’un trésor accumulé par cette équipe responsable d’une vingtaine de braquages de banques entre 1981 et 1986. Napoléons, pesos mexicains et lingots d’or dorment enterrés près d’une tombe du cimetière de Fontenay-en-Parisis. Au total, les enquêteurs estiment le butin à une vingtaine de kilos d’or.

En mars 1988, Michel Fourniret est sorti de prison depuis quelques mois quand Jean-Pierre Hellegouarch lui demande, par l’intermédiaire de sa femme Farida Hamiche, de l’aider à récupérer le trésor. Ensemble, ils déterrent une caisse à outils rouge, contenant plusieurs boîtes en plastique remplies d’or.

D’après les déclarations de Jean-Pierre Hellegouarch, Fourniret devait toucher 500.000 francs en échange de son aide. « L’ogre des Ardennes » affirme, lui, avoir simplement négocié une ferme et 30.000 francs, ce qu’il n’aurait jamais obtenu. Monique Olivier déclarera plus tard devant les enquêteurs que quelques jours après avoir déterré le trésor, Fourniret lui aurait dit « que ce serait mieux d’avoir un peu plus et même tout ». Ils tendent donc un piège à Farida Hammiche pour l’assassiner et lui dérober la totalité du butin. « C’est le meurtre fondateur », dit à l’AFP l’avocat de Jean-Pierre Hellegouarch, Didier Seban, « celui qui lui permet de réaliser son oeuvre criminelle ».

Avec l’or, échangé chez un numismate belge, le couple Fourniret-Olivier va s’acheter un studio à Sedan, une maison à Sart-Custine en Belgique, et surtout le manoir de Sautou dans les Ardennes où les corps de deux des sept jeunes filles assassinées par le tueur en série seront retrouvés. Il fera également l’acquisition d’un fourgon Citroën C15, le véhicule utilisé dans ses séances de « braconnage » selon ses termes, à la recherche de jeunes filles vierges.

Fourniret
Fourniret© Belga

Meurtres avoués

En juin 2003, Fourniret est arrêté en Belgique après la tentative d’enlèvement d’une adolescente de 13 ans qui a réussi à prendre la fuite. Interrogée par la police belge, Monique Olivier accuse un an plus tard son mari des meurtres de huit jeunes femmes ou adolescentes, dont celui de Farida Hammiche. Par la suite, Fourniret, détenu à Dinant (Belgique), reconnaît les huit homicides, commis depuis 1987 en France et en Belgique.

Selon ses propres aveux, il « devait chasser au moins deux vierges par an ». Une obsession qui serait née du fait que sa première femme, qu’il pensait vierge, ne l’était pas au moment de leur mariage. Sur les indications de Fourniret, les corps de deux victimes sont découverts le 3 juillet 2004 dans le parc du château du Sautou. Le 16 février 2005, Monique Olivier accuse son mari de deux nouveaux meurtres.

Perpétuité incompressible

Le 28 mai 2008, Michel Fourniret, alors âgé de 66 ans, est condamné par la cour d’assises des Ardennes à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol, et trois agressions d’autres jeunes filles ayant réussi à lui échapper. Monique Olivier, 59 ans à l’époque, est condamnée à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 28 ans, pour complicité dans quatre des meurtres et le viol en réunion d’une jeune fille. Les époux Fourniret divorcent en 2010.

Michel Fourniret, le parcours macabre d'un tueur en série
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Estelle Mouzin?

En février 2018, Fourniret avoue les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, entre 1988 et 1990 dans l’Yonne. Il avait été mis en examen en mars 2008 pour ces deux meurtres avant de bénéficier en septembre 2011 d’un non-lieu, plus tard annulé.

En mars 2018, Michel Fourniret relance lui-même les spéculations sur sa possible implication dans la disparition d’Estelle Mouzin en 2003, à l’âge de neuf ans à Guermantes (Seine-et-Marne), en livrant devant une juge d’instruction ce qu’une avocate de la famille Mouzin qualifie d' »aveux en creux ». Des fouilles sont menées sans résultat au domicile d’une de ses ex-épouses dans les Yvelines en septembre.

Nouveau procès

Du 13 au 16 novembre 2018, Michel Fourniret et Monique Olivier seront jugés devant la cour d’assises des Yvelines pour l’assassinat en 1988 de Farida Hammiche, âgée de 30 ans au moment de sa disparition. Son corps n’a jamais été retrouvé.

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