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Le Premier ministre grec dénonce un « chantage » turc et tacle l’UE sur son inertie

Le Vif

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a tenu mardi un discours dur au sujet de la problématique migratoire à la frontière gréco-turque, dénonçant l’attitude de la Turquie mais égratignant aussi au passage l’inertie de l’Union européenne elle-même quant aux nécessaires réformes de sa politique migratoire.

L’occasion pour lui de remercier l’Europe pour le soutien rapidement exprimé mais d’appeler aussi une nouvelle fois à « partager » plus équitablement la charge migratoire qui pèse sur les pays qui en forment la frontière extérieure, comme la Grèce bien sûr mais aussi l’Italie et l’Espagne.

L’UE « n’a pas fait bon usage du temps qu’elle a eu depuis la dernière crise migratoire », a dénoncé le Premier ministre grec, rejoint sur ce message par le président du Parlement européen David Sassoli. Ce qui s’est passé ces derniers jours, « n’est plus un problème de réfugiés mais bien une tentative de la Turquie d’utiliser des personnes désespérées pour promouvoir son agenda géopolitique et détourner l’attention de la situation dramatique en Syrie », a dénoncé le Premier ministre conservateur.

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Depuis vendredi, au lendemain de la mort d’une trentaine de soldats turcs en Syrie dans une offensive du régime, « la Turquie, en infraction totale de la déclaration UE-Turquie (le dit ‘pacte migratoire’ de 2016, NDLR), a systématiquement encouragé des dizaines de milliers de migrants à entrer illégalement en Grèce », a-t-il développé.

Il s’agit d’un « chantage » de la part d’Ankara, a-t-il dénoncé à plusieurs reprises, regrettant que les migrants et réfugiés en soient finalement « les vraies victimes ». « Nous sommes prêts à soutenir la Turquie face à la problématique des réfugiés (syriens), mais pas dans ces circonstances », a répété Kyriakos Mitsotakis, dont le pays a rapidement fermé ses postes frontières et décidé un gel des demandes d’asile pour un mois.

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Selon le gouvernement grec, plus de 24.000 personnes voulant entrer « illégalement » en Grèce en ont été empêchées en trois jours de temps (de samedi à lundi soir). Ces personnes « ne venaient pas d’Idleb », où les violences ont crû ces derniers jours avec l’offensive du régime de Damas soutenu par Moscou et les répliques des troupes turques présentes aux côtés des rebelles. « Ce sont des gens qui vivaient en Turquie depuis un certain temps », a assuré mardi Kyriakos Mitsotakis.

Le Premier ministre grec s’exprimait à Kastanies, tout près de la frontière gréco-turque, lors d’une conférence de presse commune avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Charles Michel, le Premier ministre croate Andrej Plenkovic et le président du Parlement européen David Sassoli. Ce dernier, tout comme M. Mitsotakis, a appelé l’Europe à mettre en place une véritable politique commune sur la migration, avec une nécessaire réforme du règlement de Dublin, qui stipule que le traitement d’une demande d’asile doit revenir au pays de première arrivée. Ce sujet coince au niveau des États membres depuis plusieurs années.

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