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L' »acte 23″ des gilets jaunes, nouvel « ultimatum » à Macron

Le Vif

« On veut vivre, pas survivre »: les « gilets jaunes » ont entamé samedi leur 23e journée de mobilisation avec un défilé à Paris en forme de nouvel « ultimatum » lancé à Emmanuel Macron, à l’issue d’une semaine dominée par l’incendie à Notre-Dame. Des échauffourées ont éclaté samedi en début d’après-midi dans la manifestation parisienne.

La police a chargé à plusieurs reprises les manifestants, utilisant des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes le long d’un grand boulevard dans le centre de la capitale, entre les places de la Bastille et de la République. Jusqu’ici, la manifestation drainant plusieurs milliers de personnes, partie vers midi, se déroulait dans le calme.

A la mi-journée, la police avait procédé à Paris à 126 interpellations et plus de 11.000 contrôles préventifs, selon la préfecture. Pour cette 23ème manifestation, Paris semble être l’épicentre de la mobilisation même si des défilés sont également prévus en région.

« On veut vivre dignement. Moi j’ai ma retraite mais je suis là pour les générations à venir. Que Macron dégage ! », dit Joël Blayon, marin pêcheur de 60 ans à la retraite.

Pour cet acte 23, Paris semble être l’épicentre de la mobilisation même si des défilés étaient également prévus en région à l’orée d’une semaine où le chef de l’État va dévoiler jeudi ses réformes tirées du grand débat, dont l’annonce avait été différée en raison de Notre-Dame.

« Macron tarde à nous annoncer ses mesures. Tant qu’il n’aura pas répondu à une majorité de nos revendications, comme le RIC (référendum d’initiative citoyenne, NDLR), nous serons là », assure Yolande Rodrigues, une sans-emploi de 47 ans qui dit avoir participé la quasi-totalité des mobilisations nationales de « gilets jaunes ».

Dans le cortège parisien, la mobilisation populaire qui a suivi l’incendie de la cathédrale semblait diviser. « Notre-Dame, c’est pas nous », pouvait-on lire sur une pancarte. Mais juste à côté, des « gilets jaunes » brandissaient des posters de l’édifice et des affiches « Je suis Notre-Dame ».

Les promesses de centaines de millions d’euros pour la reconstruction de la cathédrale laissaient aussi un sentiment partagé. « C’est une bonne chose cet argent pour Notre-Dame mais quand on voit ce qu’on peut débloquer en quelques heures… », résumait Jean François Mougey, retraité de la SNCF venu de Mulhouse.

« Les grands patrons se sont achetés une belle com’ à pas cher », tranchait Olivier 39 ans, intermittent du spectacle.

Un autre défilé a été autorisé dans la capitale, qui doit partir de la basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour rejoindre le campus de Jussieu (Ve) mais n’a pas fait recette, a constaté une autre journaliste de l’AFP.

« De l’argent, il y en a »

Comme lors des récentes semaines, les autorités ont interdit aux manifestations des lieux emblématiques de plusieurs villes: les Champs-Élysées à Paris, ainsi que les abords de la cathédrale de Notre-Dame où certains « gilets jaunes » voulaient converger.

Ont aussi été interdits l’hyper-centre lyonnais ou la place du Capitole à Toulouse– par crainte des débordements qui avaient notamment émaillé le premier « ultimatum » le 16 mars. A Lille, le préfet du Nord a pris pour le 4e samedi d’affilée un arrêté d’interdiction de manifestation dans le centre-ville.

Plus de 60.000 policiers et gendarmes sont mobilisés dans tout le pays. Les « casseurs se sont à nouveau donné rendez-vous » dans certaines villes de France, « à Toulouse, à Montpellier, à Bordeaux et en particulier à Paris », a prévenu vendredi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui doit déjeuner samedi avec le chef de l’Etat à l’Elysée.

Cet « ultimatum 2 » sera « un peu moins fort », avait toutefois tempéré un responsable policier. « On ne sent pas un bouillonnement comme on avait senti le 16 mars, notamment du côté de l’ultragauche », ajoute-t-il, s’attendant à ce qu’ils « préservent leurs forces pour le 1er mai ».

L’ampleur de la participation sera scrutée avec attention à l’issue d’une semaine où l’incendie de la cathédrale a relégué au second plan la mobilisation des « gilets jaunes », qui réclament depuis cinq mois plus de pouvoir d’achat et davantage de démocratie directe.

Sur Facebook, certains « gilets jaunes » disaient espérer pouvoir concilier le respect de « l’émoi national » suscité par Notre-Dame avec la dénonciation de la politique du chef de l’État, dont ils réclament la démission à longueur de samedis.

« On ne va pas lâcher. C’est toujours la classe moyenne qui paye. Pourtant de l’argent il y en a », a dit Elizabeth Lopez, éducatrice à la retraite rencontrée dans le cortège parisien.

Samedi dernier, les manifestations des « gilets jaunes » avaient rassemblé 31.000 personnes, dont 5.000 à Paris, selon les chiffres officiels régulièrement contestés par les manifestants.

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