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La bataille commence pour la présidence du Parlement européen

Le Vif

La bataille est lancée pour l’élection à la présidence du Parlement européen, entre la droite qui a désigné mercredi soir sa candidate, la Maltaise Roberta Metsola, et les sociaux-démocrates déterminés à ne pas lui laisser le champ libre.

A l’issue d’un vote interne dans le groupe PPE (droite), première force politique du Parlement européen, Mme Metsola, actuellement vice-présidente de l’institution, a été élue par 64,4% des voix face à deux autres candidats.

Le président sortant, le social-démocrate italien David Sassoli, ancien présentateur de journaux télévisés et eurodéputé depuis 2009, voit son mandat expirer en janvier 2022.

Il avait été porté en 2019 à la tête du Parlement à la suite d’un accord entre les dirigeants des groupes S&D (Socialistes et démocrates), PPE (droite) et Renew Europe (centristes et libéraux) qui s’étaient engagés à lui apporter leur soutien, et à élire un candidat PPE pour la deuxième moitié de la législature quinquennale.

Dans la répartition des « top jobs » de l’UE, le Parti populaire européen a obtenu la présidence de la Commission, avec la désignation de l’Allemande Ursula von der Leyen, tandis que la famille des centristes et libéraux est représentée par le Belge Charles Michel à la tête du Conseil européen.

A moins de deux mois de la remise en jeu de la présidence du Parlement, le PPE réclame le respect de l’accord passé en 2019, jugeant son tour venu d’assumer cette fonction.

Le groupe, dont le chef de file, l’Allemand Manfred Weber, a décidé de ne pas se présenter, mise donc sur Roberta Metsola, 42 ans, qui serait en cas de victoire la plus jeune présidente de l’institution et la troisième femme, après Simone Veil et Nicole Fontaine.

« Créer des alliances »

« Les deux prochaines années et demie seront parmi les plus critiques pour le Parlement européen, alors que nous émergeons d’une pandémie dévastatrice », a déclaré à la presse Mme Metsola, ajoutant que sa première priorité serait « de créer des alliances ».

Députée européenne depuis 2013 et vice-présidente du Parlement européen depuis 2020, Roberta Metsola a récemment gagné en visibilité en assurant l’intérim de David Sassoli, éloigné de l’hémicycle pendant plusieurs semaines à cause d’une pneumonie.

Mais le groupe S&D n’entend pas « céder » si facilement sa place au PPE, refusant de laisser l’ensemble des principales institutions aux mains des autres familles politiques alors qu’il voit son influence grandir avec la victoire des sociaux-démocrates en Allemagne.

Les socialistes regrettent d’avoir déjà perdu la présidence de l’Eurogroupe, passée en 2020 aux mains de l’Irlandais Paschal Donohoe (centre droit).

Mardi soir, ses membres ont apporté un « soutien unanime » à David Sassoli, 65 ans, pour briguer un second mandat. Mais la santé de l’Italien fait planer une incertitude sur sa candidature, qu’il n’a pas lui-même déclarée officiellement.

« On n’est pas là pour parler de moi, je suis au service de mon groupe », a-t-il prudemment déclaré aux eurodéputés S&D.

Laisser la présidence du Parlement à la droite « serait une erreur politique à un moment où nous avons un avantage en Europe en tant que famille politique », a-t-il toutefois prévenu.

« La présidence du Parlement n’appartient de droit à personne », a lancé la cheffe de file des eurodéputés S&D, l’Espagnole Iratxe Garcia, qui s’est dite prête à « négocier avec tous les groupes politiques pro-européens » pour préserver un « équilibre politique ».

Manfred Weber a tendu la main à Renew Europe (100 élus) en se disant « prêt à reprendre l’idée (du groupe centriste) de formuler un accord de coalition ». Ce que le président de Renew, le Français Stéphane Séjourné, a qualifié d' »excellente nouvelle ». Il avait indiqué mardi que le groupe ne présenterait pas de candidat.

De son côté le groupe des Verts, 4e force politique avec 73 élus, se dit libre « de toute sorte d’accord » et n’exclut pas d’avoir son propre candidat. « Nous allons regarder comment les choses se développent », a indiqué sa coprésidente, l’Allemande Ska Keller, elle-même candidate en 2019. La gauche radicale (GUE) compte présenter son propre candidat.

L’élection est prévue à Strasbourg en janvier, a priori le 18, dans un vote à bulletins secrets.

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