Boris Johnson © BELGAIMAGE

Johnson s’excuse au nom du gouvernement pour les fusillades de 1971 en Irlande du Nord

Le Vif

Le Premier ministre Boris Johnson a présenté mercredi les excuses « sans réserve » du gouvernement britannique pour les fusillades qui ont fait 10 morts en 1971 en Irlande du Nord et pour lesquelles la justice a dénoncé le rôle de l’armée britannique.

Lors d’un appel avec les dirigeants de la province britannique, « le Premier ministre a présenté des excuses sans réserve au nom du gouvernement britannique pour les événements qui ont eu lieu à Ballymurphy », dans l’ouest de Belfast, a indiqué Downing Street dans un communiqué.

Le chef du gouvernement conservateur a qualifié de « très tristes » les conclusions de la « coroner » nord-irlandaise Siobhan Keegan, chargée de statuer sur les circonstances des décès. Cette dernière, à l’issue d’audiences judiciaires, a jugé l’armée avait fait un usage excessif de la force lors ces fusillades qui ont fait dix morts « complètements innocents ».

Tout en reconnaissant que la période était chaotique, elle a déclaré que les soldats avaient fait un usage « disproportionné » de la force et étaient responsables de la mort de neuf des victimes. La coroner a indiqué qu’elle ne pouvait dire avec certitude qui avait tué la dixième victime, John McKerr.

La justice s’était penchée sur cinq incidents survenus en l’espace de trois jours, du 9 au 11 août, à Ballymurphy, juste après l’introduction d’une mesure permettant l’arrestation et la détention sans procès de personnes suspectées d’appartenir à des organisations paramilitaires.

Cette mesure avait conduit à une vague d’arrestations, suivies d’émeutes, en pleine période des « Troubles », du nom de ces trois décennies de violences dans la province britannique entre catholiques partisans de la réunification avec l’Irlande et protestants favorables à la couronne britannique, qui ont fait au total quelque 3.500 morts jusqu’à l’accord de paix de 1998.

Dans un contexte de tensions communautaires ravivées récemment par le Brexit, le débat sur le rôle de l’armée -responsable d’environ 300 homicides au cours des opérations qui ont officiellement pris fin en 2007, selon l’indice Sutton établi par l’Université d’Ulster- reste particulièrement sensible au Royaume-Uni.

Le gouvernement britannique a promis de légiférer pour empêcher de nouvelles poursuites pour des infractions commises lors des « Troubles », malgré l’opposition formulée par le gouvernement irlandais.

« Le Premier ministre a réaffirmé l’intention du gouvernement de fournir une manière d’aller de l’avant en Irlande du Nord en se concentrant sur la réconciliation, de rendre justice pour les victimes et de mettre fin au cycle des réouvertures d’enquêtes », a indiqué Downing Street mercredi.

Mercredi, l’ancien Premier ministre Tony Blair, au pouvoir au moment de la signature de l’accord du Vendredi Saint en 1998, s’est prononcé en faveur de la formation d’une commission vérité et réconciliation, à l’image de celle constituée en Afrique du Sud après l’apartheid, pour traiter des crimes commis pendant la sanglante période des « Troubles ».

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