Le nom d'Angela Merkel revient avec insistance pour la présidence du Conseil européen, l'instance des chefs d'Etat.

Institutions européennes: le bal des prétendants est ouvert

Le Vif

Angela Merkel sera très courtisée pendant le sommet de l’UE le 9 mai, deux semaines avant les Européennes. Son nom circule pour la présidence du Conseil et la chancelière sera décisive pour la nomination du prochain patron de la Commission.

Les pourparlers vont aller bon train en marge de la réunion organisée à Sibiu, en Roumanie. Le président du Conseil Donald Tusk veut sonder les intentions des dirigeants européens sur sa succession et sur la procédure très contestée pour désigner le successeur de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission, ont indiqué plusieurs sources européennes.

Le nom d’Angela Merkel revient avec insistance pour la présidence du Conseil européen, l’instance des chefs d’Etat. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte est également cité comme un autre potentiel candidat.

Tous deux ont publiquement assuré ne pas être intéressés par ce poste de facilitateur entre des Etats aux intérêts souvent divergents.

Mais cela ne fait pas taire leurs soutiens. L’ancien Premier ministre socialiste italien Enrico Letta plaide ouvertement pour la désignation d’Angela Merkel à la tête du Conseil et alimente les rumeurs.

Président du Parti Populaire Européen, la famille politique de la chancelière et proche d’Angela Merkel, Joseph Daul est toutefois convaincu qu’elle ne sera pas candidate. « Je sais que la rumeur persiste, mais non, vous verrez », a-t-il affirmé dans un entretien publié vendredi par le quotidien français Le Monde.

La désignation du président du Conseil européen est une prérogative des dirigeants. Elle est prévue lors du sommet européen des 20 et 21 juin, un mois après les élections européennes.

Elle doit respecter un équilibre entre petits et grands pays, anciens et nouveaux Etats membres pour les présidences des trois institutions et la fonction de chef de la diplomatie européenne. Une femme doit être nommée à l’une des fonctions.

En 2014, l’équilibre avait été respecté avec le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne, l’Allemand Martin Schulz au Parlement européen, le Polonais Donald Tusk au Conseil et l’Italienne Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne. Trois sommets européens avaient été nécessaires.

– « Tuer le spitzenkandidat » –

Le choix du successeur de Donald Tusk sera conditionné par celui fait pour la présidence de la Commission européenne.

La procédure du « spitzenkandidat » imposée en 2014 par le Parlement européen désigne à cette fonction le prétendant de la famille politique qui comptera le plus d’élus à l’issue des européennes organisées du 23 au 26 mai.

Le Parti Populaire Européen devrait obtenir 180 élus contre 149 pour les Socialistes, selon la dernière enquête d’opinions publiée le 15 avril par le Parlement européen. Son candidat, l’Allemand Manfred Weber est soutenu par Angela Merkel. Problème: il est inconnu hors du Parlement européen, où il a présidé le groupe du PPE.

Il lui faudra être adoubé par les dirigeants européens et obtenir la majorité des suffrages au Parlement. Aucun véto n’est possible au Conseil, mais une minorité peut le recaler.

« Plusieurs dirigeants cherchent à tuer le spitzenkandidat », a confié à l’AFP un responsable européen. Un sommet extraordinaire est planifié pour le 28 mai, deux jours après les Européennes, a-t-on appris de sources européenne. « Ce sera l’occasion », a estimé le responsable européen.

– Barnier en réserve –

En 2014, Angela Merkel, le Néerlandais Mark Rutte, le Britannique David Cameron et le Suédois Fredrik Reinfeld avaient tenté de constituer une minorité de blocage contre la nomination de Jean-Claude Juncker.

Une campagne de presse en Allemagne sur le thème « Merkel trahit la démocratie » avait contraint la chancelière à rentrer dans le rang.

Manfred Weber pourrait aussi ne pas obtenir la majorité requise au Parlement européen. Le nom de Michel Barnier, membre du PPE et négociateur respecté du Brexit, est évoqué avec insistance comme recours.

La première nomination sera celle du président du Parlement européen lors de la session inaugurale de la nouvelle assemblée, le 2 juillet. Son mandat est de deux ans et demi. Deux candidats sont déjà en lice: le président sortant, le conservateur italien Antonio Tajani, et l’ancien premier ministre libéral belge Guy Verhofstatdt.

Le vainqueur devra convaincre les autres familles politiques de voter pour lui pour obtenir la majorité absolue.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire