Un habitant de Trostyanets observe ce qui reste d un tank russe. Pendant 30 jours, cette petite ville de 20 000 habitants au nord-est de l'Ukraine, a subit l'occupation russe. © AFP

Guerre en Ukraine: « Il existe un risque très sérieux de génocide », selon un rapport indépendant

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Le président urkrainien ne cesse d’accuser la Russie de « génocide » dans le Dombass. Un rapport indépendant publié ce vendredi conclut « qu’il existe indubitablement un risque très sérieux de génocide ».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé ce jeudi Moscou de mener un « génocide » dans le Donbass. « L’actuelle offensive des occupants dans le Donbass pourrait vider la région de ses habitants », a affirmé Zelensky accusant les Russes de chercher à « réduire en cendres » Severodonetsk et d’autres villes de la région. Les forces russes y procèdent à des « déportations » et des « tueries de masse de civils », a-t-il poursuivi.

Le premier rapport indépendant sur cette question très sensible vient d’être publié ce vendredi par le think tank américain New Lines Institute et le Raoul Wallenberg Centre for Human Rights. Et il est catégorique : « Il existe indubitablement un risque très sérieux de génocide« .

Ce rapport affirme qu’il y a « des motifs raisonnables de conclure que la Russie est responsable d’une incitation directe et publique à commettre un génocide, et d’un ensemble d’atrocités dont on peut déduire l’intention de détruire en partie le groupe national ukrainien ». Selon les organisations qui ont rédigé le rapport, cette incitation au génocide se concrétise par:

  • le déni par la Russie de l’existence même d’une identité ukrainienne, 
  • l’utilisation de l’accusation en miroir « où l’auteur accuse le groupe ciblé de planifier ou d’avoir commis des atrocités comme celles qu’il envisage contre lui »
  • en dépeignant les Ukrainiens comme des « nazis et des ennemis mortels, ce qui en fait des cibles légitimes ou nécessaires pour la destruction »
  • en construisant les Ukrainiens comme une menace existentielle
  • en conditionnant le public russe à commettre ou à tolérer des atrocités

Intention de détruire

Cette rhétorique sert ensuite à légitimer des actions qui constituent « un schéma d’atrocités duquel il est possible de déduire une intention de détruire le groupe national ukrainien en partie », selon le rapport. Le texte cite notamment les meurtres de masse dans les zones occupées par les forces russes comme à Boutcha, les attaques délibérées sur les abris et les hôpitaux, le bombardement de zones résidentielles, l’utilisation des viols comme arme de guerre, et les déplacements forcés d’Ukrainiens comme des éléments démontrant la volonté russe de détruire un groupe en tant que tel. Ce qui constitute un critère de définition du génocide.

Les organisations soulignent que la Russie a violé à de nombreuses reprises la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dont elle est membre. Le rapport insiste ensuite sur le fait que « les États ont l’obligation juridique de prévenir le génocide au-delà de leurs frontières dès lors qu’ils ont connaissance d’un risque sérieux de génocide – un seuil que le présent rapport établit clairement avoir été atteint, et dont les États ne peuvent désormais nier la connaissance« .

Reconnaissance par Biden

En avril, le Parlement ukrainien avait déjà adopté une résolution qualifiant de « génocide » les agissements de l’armée russe, et avait exhorté tous les pays étrangers et organisations internationales à faire de même. Le président américain Joe Biden a lui-même employé cette expression, tandis que son homologue français Emmanuel Macron s’y refuse.

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