Frans Timmermans © Belga

Frans Timmermans, l’homme qui souhaite devenir le « visage de l’Europe »

Le Vif

Polyglotte et ancien diplomate, le Néerlandais Frans Timmermans ambitionne de devenir le nouvel homme fort de Bruxelles en briguant la présidence de la Commission européenne, un poste ambitieux dont il n’a jamais été aussi proche.

Candidat de la famille socialiste européenne, ce petit-fils de mineurs et fils de diplomate issu d’une famille catholique du sud des Pays-Bas a passé la majeure partie de sa vie à l’étranger.

Né en 1961 à Maastricht, ville ayant marqué l’identité de l’Union européenne avec le traité de 1992 qui porte son nom, Frans Timmermans, 58 ans, a notamment étudié à Rome avant de s’intéresser à la littérature française aux Pays-Bas puis au droit européen à l’université de Nancy, en France.

Un temps ministre des Affaires étrangères, il pose ses valises à Bruxelles en 2014, devenant le bras droit de Jean-Claude Juncker en tant que Premier vice-président de la Commission européenne.

Initialement annoncé comme la personne en charge d’une grande partie de la gestion quotidienne de l’institution, Frans Timmermans a dû faire face à un manque de visibilité au sein de l’équipe Juncker, la réalité de ses pouvoirs ayant rapidement suscité beaucoup d’interrogations.

Ce quinquagénaire à la barbe grisonnante espère désormais sortir de l’ombre en prenant la tête de la Commission européenne, alors que les discussions pour les postes clés des institutions de l’UE s’annoncent acharnées après les élections.

Un dîner entre les 28 dirigeants de l’UE est prévu mardi soir pour échanger sur les prochaines nominations.

– « Chien d’attaque » –

« Timmermans veut être le visage de l’Europe, pas de doute à ce sujet. Il est très ambitieux et il est si proche » du but, affirme le politologue Andre Krouwel.

« Son opportunité, c’est maintenant », a-t-il déclaré auprès de l’AFP.

Frans Timmermans parle le russe, l’italien, l’anglais, le français et l’allemand, en plus de sa langue maternelle. Des connaissances linguistiques, avec ses capacités à débattre, qui font de lui un homme politique « très compétent », estime Amy Verdun, professeure de politique européenne à l’Université de Leiden (ouest des Pays-Bas).

Ses aptitudes oratoires ont d’ailleurs souvent été mises à profit par la Commission dans le but de faire valoir les avantages et l’importance historique de l’Union européenne en cette période de crise.

« A côté de Michel Barnier (le négociateur de l’UE pour le Brexit), nous avions besoin d’un chien d’attaque dans l’UE pour parler des aspects positifs de l’Union », explique M. Krouwel, qui analyse les partis politiques à travers l’Europe. « Ce quelqu’un, c’est Frans. »

Frans Timmermans
Frans Timmermans© Reuters

M. Timmermans est notamment responsable des procédures de sanctions engagées contre la Pologne et la Hongrie pour des accusations de violations de l’Etat de droit, ce qui lui a valu de sérieuses inimitiés dans les Etats membres.

Face à l’échec des discussions avec les deux pays, le Néerlandais n’a pas hésité à déclencher cette procédure exceptionnelle créée récemment pour permettre de réagir à des « risques systémiques » dans un Etat membre.

– « Effet Timmermans » –

Affirmant en 2002 avoir été victime d’agression sexuelle par un prêtre pédophile dans son enfance, Frans Timmermans a exhorté la semaine dernière l’Eglise catholique « à ne pas laisser impuni » ce genre de crime.

Père de quatre enfants, cet amateur de football est connu pour être assez réservé en privé, même s’il affiche une image d’homme proche du peuple. Il est décrit comme un politique ambitieux qui pousse son équipe à travailler dur.

Qu’on le soutienne ou non, les journaux néerlandais se rejoignaient sur un même constat au lendemain des élections européennes: la présence de Frans Timmermans au sein du PvdA est l’une des principales raisons de la victoire surprise des travaillistes aux Pays-Pays.

Le parti a déjoué les sondages en obtenant six sièges au Parlement européen, devançant ainsi les libéraux (VVD) du Premier ministre néerlandais Mark Rutte ainsi que les populistes (FvD), qui étaient censés remporter le scrutin.

Des résultats que les médias néerlandais expliquent par « l’effet Timmermans ».

« Il a mené une excellente campagne et a été attaqué de tous les côtés, de l’extrême gauche à la droite », a abondé Andre Krouwel.

« Cela a joué en sa faveur » car il a présenté un point de vue critique mais pro-européen qui a trouvé écho parmi les électeurs néerlandais, a indiqué M. Krouwel.

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