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Procès de l’attentat de Nice: Ramzi Arefa se défend d’être « un terroriste »

« J’étais un petit con. J’étais un peu égoïste, je me posais pas trop de question. Mon objectif, c’était de faire de l’argent. Aujourd’hui, quand j’y repense, j’ai honte », s’est justifié lundi et mardi Ramzi Arefa, accusé d’avoir fourni une arme à l’auteur de l’attentat de Nice le 14 juillet 2016.

Ramzi Arefa, qui fêtera ses 28 ans dans quelques jours (il est né le 28 novembre 1994) est l’un des trois accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. C’est le seul accusé qui encourt une peine de réclusion à perpétuité car en état de récidive légale après une condamnation définitive à 10 ans de prison pour vol aggravé en 2014.

Barbe et cheveux bruns coupés courts, le Franco-Tunisien admet sans difficulté avoir fourni une arme à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le Tunisien auteur du massacre qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais au volant d’un camion-bélier. Mais il conteste vigoureusement avoir eu vent des intentions de l’auteur de l’attentat.  « Lorsque j’ai compris ce qu’il s’était vraiment passé, ce qu’avait fait le terroriste, j’ai été très choqué par la monstruosité de cet acte horrible et atroce », dit-il. A l’époque des faits, « je venais de sortir de prison », explique le jeune homme mince qui, debout dans le box, semble flotter dans son pull vert clair.

Déscolarisé dès la 4e, il se lance à l’instar de ses frères aînés dans le trafic de cannabis et de cocaïne. « Je mesurais pas la conséquence de mes actes. J‘étais animé par l’argent facile », insiste-t-il en précisant qu’il lui arrivait de gagner jusqu’à 500 euros par jour.

Comme ses grands frères, il commence des allers-retours en prison. – « Une opportunité nouvelle » – Sa première rencontre avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel date d’une période d’incarcération, en octobre 2015. Le futur auteur de l’attentat, chauffeur-livreur, livre des boissons à la prison de Nice. Ramzi Arefa, alors en régime de semi-liberté, prend langue avec lui, imaginant que le système de livraison pourrait être un moyen d’introduire de la drogue en prison.

Ça ne marche pas mais en février 2016, alors qu’il vient de sortir de prison, Ramzi Arefa revoit le chauffeur-livreur dans son quartier. « C’était pas un ami mais un client. Je lui parlais comme à un toxico », dit-il à la cour. Il lui vend du cannabis et de la cocaïne. « Un jour, il m’a demandé un pistolet (…) J’ai cherché un contact partout autour de moi », soutient Ramzi Arefa. « Pour moi, c’était une opportunité nouvelle de faire de l’argent« .

Il contacte Artan Henaj, un Albanais, son fournisseur de cocaïne, connu aussi pour être trafiquant d’armes, autre accusé au procès qui sera entendu jeudi. « J’ai fait la transaction (1.400 euros), je n’ai plus revu Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et quelques jours après, j’étais arrêté« , résume Ramzi Arefa. En prison depuis juillet 2016, le Franco-Tunisien soutient avoir mûri. « La détention m’a permis d’évoluer ». C’est en prison qu’il a lu son premier livre. « Je suis prêt à assumer mes responsabilités mais je ne suis pas un terroriste« , insiste-t-il. Il préfèrerait écoper d’une peine sévère pour trafic d’armes plutôt que d’une peine plus légère pour terrorisme, dit-il. « Cette étiquette de terroriste c’est une honte, la pire chose au monde ».

Le Quartier d’évaluation de la radicalité (QER) de Fleury-Mérogis n’a décelé chez lui aucun signe de radicalité. Il n’a reçu aucune éducation religieuse et ne pratique pas. S’il sort de prison, il explique souhaiter entreprendre une formation en marketing et a l’ambition de « vendre des WC innovants ». « En prison, j’ai eu bien le temps de réfléchir, de voir mes erreurs, comme l’argent facile. Aujourd’hui, j’aurais préféré être sous un pont que là où je suis. Je préfère galérer, ne pas aller aussi vite que je voulais aller auparavant et rendre fière ma mère, vivre honorablement », explique l’accusé à la cour avant d’assurer: « tous les jours, j’essaie de devenir meilleur« . Il tente de persuader la cour: « J’ai grandi, je ne suis plus un petit con ».

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