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La police anti-émeute française se tient dans un nuage de gaz lacrymogène face à des manifestants en colère après les violents affrontements qui ont éclaté suite à la visite du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur les lieux d'une fusillade meurtrière qui a fait trois morts plus tôt dans la journée, le 23 décembre 2022 à Paris. © Kiran Ridley/Getty Images

Trois morts dans une fusillade devant un centre culturel kurde à Paris: ce que l’on sait

Trois personnes ont été tuées par balles et trois autres blessées, vendredi peu avant midi dans un quartier animé du Xe arrondissent, dans le centre de Paris, par un homme de nationalité française qui a été interpellé et placé en garde à vue, selon des sources concordantes.

Les faits se sont produits rue d’Enghien, au niveau d’un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant et animé et notamment prisé de la communauté kurde.

Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, homicides volontaires et violences aggravées. Les investigations ont été pour l’heure confiées à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, a-t-on appris auprès du parquet de Paris. Le bilan provisoire fait état de trois personnes décédées et trois blessés, selon le parquet de Paris.

Le personnel de sécurité français sécurise la rue après que plusieurs coups de feu aient été tirés le long de la rue d’Enghien dans le 10e arrondissement. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

Un homme a été interpellé et placé en garde à vue peu après les faits. Ses motivations n’étaient pas connues immédiatement. Selon deux sources policières, cet homme, un conducteur de train à la retraite de nationalité française et âgé de 69 ans, est connu pour deux tentatives d’homicide commises en 2016 et décembre 2021.

Il est inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a-t-on précisé de même source. Présente sur les lieux, la maire du Xe arrondissement, Alexandra Cordebard, a affirmé devant la presse que « le meurtrier, lui-même (blessé et) en urgence relative, a été conduit à l’hôpital ».

En déplacement dans le Nord du pays, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a indiqué sur Twitter qu’il rentrait à Paris « à la suite de la dramatique fusillade qui s’est déroulée ce matin ». « Toutes mes pensées vont aux proches des victimes », a-t-il poursuivi. Sur place, l’émotion était vive autour de la rue en partie bouclée par un important dispositif policier. 

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Des membres du centre culturel Ahmed Kaya étaient en pleurs, se prenant dans les bras pour se consoler, a constaté une journaliste de l’AFP. Certains, s’adressant à la police, criaient « cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent ».

« Panique totale »

Au croisement de la rue d’Enghien et de la rue d’Hauteville, des brancards étaient amenés dans le calme vers la scène de la fusillade et un périmètre de sécurité était mis en place par la police, a constaté une journaliste de l’AFP. 

Présente au moment de l’attaque, Selma Akkaya, journaliste et activiste kurde a indiqué à l’AFP qu’ »il y a six personnes blessées » avec parmi elles, « un célèbre chanteur kurde ». L’auteur des faits a tiré, selon elle, « en direction d’un salon de coiffure ».

« Sept à huit coups de feu dans la rue, c’est la panique totale, on est restés enfermés à l’intérieur », a témoigné auprès de l’AFP une commerçante d’un immeuble voisin souhaitant garder l’anonymat. « On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté », à l’angle avec la Cour des Petites écuries. « On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés », a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone.

La rue d’Enghien et le quartier comptent de nombreux restaurants, bars et commerces et ses trottoirs comme ceux des rues adjacentes grouillent habituellement de passants.

Selon un autre témoin, un habitant du quartier qui passait dans la rue et interrogé par l’AFP, « il y avait des gens en panique qui criaient à des policiers : +il est là, il est là, avancez+ en désignant un salon de coiffure ». « J’ai vu des policiers rentrer dans le salon où j’ai vu deux personnes à terre, blessées aux jambes, j’ai vu le sang », a-t-il ajouté décrivant des « gens sous le choc et en panique ».

Le Centre Ahmet Kaya, ainsi prénommé en hommage au célèbre chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de « favoriser l’insertion progressive » de la population kurde installée en Ile-de-France. 

Incidents entre manifestants kurdes et forces de l’ordre

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants kurdes près d’un centre culturel kurde du centre de Paris, a constaté une journaliste de l’AFP.

Ces incidents ont débuté lorsque la foule s’est heurtée à un cordon de forces de l’ordre qui protégeait le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, venu sur place pour faire le point sur l’enquête et s’adresser aux journalistes.

Les manifestants, principalement issus de la communauté kurde, ont exprimé leur inquiétude de ne pas se sentir protégés en France après l’attaque. (Photo by Kiran Ridley/Getty Images)

Les manifestants ont ensuite lancé des projectiles vers les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des grenades lacrymogènes. Des poubelles ont été incendiées et des barricades érigées dans la rue. Les vitres de plusieurs véhicules civils et de police ont été brisées par des pavés et briques, et de nombreux feux ont été allumés sur la chaussée, rue du Faubourg Saint-Denis et boulevard de Strasbourg.  

« PKK » (Parti des travailleurs du Kurdistan), « les martyrs ne meurent pas! », scandaient notamment des manifestants. Peu avant, certains d’entre eux avaient tenté de forcer le passage vers le centre culturel kurde, rue d’Enghien.

Dès les minutes qui suivi les tirs, des membres du centre culturel Ahmed Kaya ont mis en cause la Turquie, a constaté une journaliste de l’AFP. « Cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent! », ont crié certains.

L’attaque de vendredi survient près de 10 ans jours pour jour après l’assassinat le 9 janvier 2013, de trois militantes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans ce même quartier. 

L’enquête judiciaire en France, toujours en cours, avait relevé « l’implication » de membres des services secrets turcs, sans désigner de commanditaires.

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