Hommage à Agnès Lassalle
© AFP

France: hommage à l’enseignante tuée, l’agresseur évoque « une petite voix »

Une minute de silence dans les collèges et lycées: la communauté éducative française, sous le choc, a honoré la mémoire d’une enseignante d’espagnol poignardée la veille par un élève, dans le sud-ouest du pays.

La mort dans sa salle de classe d’Agnès Lassalle, 52 ans, a bouleversé enseignants et élèves, un peu plus de deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité par un jeune réfugié russe d’origine tchétchène, islamiste radicalisé.

« C’est le temps du recueillement, de l’émotion, de la solidarité également », a souligné le ministre de l’Education Pap Ndiaye, en déplacement devant les élèves d’un collège en Savoie (centre-est).

En matinée, des élèves du collège-lycée catholique Saint-Thomas d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque, où s’est noué le drame, avaient repris le chemin de leur établissement avec, pour certains, des bouquets de fleurs ou des roses blanches.

« C’est important d’être présent (à l’école) pour sa famille, ses proches, ses élèves, il faut donner de la force aussi à ceux qui ont vu ça », a déclaré Rudy, élève de 3e qui décrit Mme Lassalle comme une « prof très gentille », « à l’écoute ».

« Très dévouée », cette professeure d’espagnol « consacrait l’essentiel de son temps à préparer ses cours (…), à faire grandir ses élèves », a souligné M. Ndiaye.

L’auteur présumé de l’agression, âgé de 16 ans, sera entendu vendredi par un magistrat instructeur dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour « meurtre avec préméditation », a expliqué le procureur de Bayonne Jérôme Bourrier, lors d’une conférence de presse.

Suivi par un psychiatre

Durant sa garde à vue, l’adolescent soupçonné « a mis en avant une petite voix qui lui parle, un être qu’il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat », a expliqué Jérôme Bourrier.

« Suivi par un médecin psychiatre », le lycéen avait fait en octobre « une tentative de suicide médicamenteuse et faisait depuis l’objet d’une prescription d’antidépresseurs ». Il a également admis « une forme d’animosité à l’égard de sa professeure d’espagnol », seule matière où ses résultats n’étaient pas bons. Selon le procureur, « l’adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées ».

Le garçon était arrivé à la rentrée dans ce collège-lycée calme et prisé de Saint-Jean-de-Luz, auréolé d’une mention très bien au brevet, d’après le rectorat.

Une camarade de classe de son ancien collège l’a décrit comme « un garçon timide », qui avait « deux ou trois amis mais pas beaucoup plus ». « Parfois arrogant » ou « colérique », il n’aimait « pas trop se faire reprendre par les professeurs en classe », selon elle. 

Mercredi à 9h45, en cours d’espagnol, le jeune homme s’est levé, a verrouillé la porte de la classe et s’est dirigé vers la professeure en sortant un couteau de cuisine d’une lame de 18 cm, caché dans un rouleau de sopalin, a expliqué le procureur. 

« J’ai ruiné ma vie »

Il a porté « un seul coup violent » de la main droite, « de haut en bas », qui a « entraîné la section de l’aorte et l’atteinte du poumon droit sur une longueur d’environ 14 cm, avec une perforation du sternum ».  Le jeune homme a été « apaisé, maîtrisé » dans une salle de classe voisine par deux  professeurs. « A ce moment-là, a poursuivi le procureur, il aurait déclaré: ‘J’ai ruiné ma vie, tout est fini' ».

Une cellule d’urgence médico-psychologique de 10 personnes, en plus de la médecine scolaire, a été mise en place dans l’établissement. « La Nation est à vos côtés », a déclaré le président Emmanuel Macron aux enseignants sur Twitter.

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Les agressions contre des professeurs sont fréquentes en France, mais l’AFP a recensé moins d’une dizaine de meurtres sur les quatre dernières décennies. Dans la classe politique, le soutien aux professeurs s’est accompagné de quelques nuances.

Le socialiste Olivier Faure a estimé qu' »on demande tout à nos enseignants qui doivent faire face à toutes les violences de la société », tandis que le président du parti de la droite traditionnelle française, Eric Ciotti, a appelé à « revoir la graduation des peines des mineurs » et que la dirigeante du principal parti d’extrême droite, Marine Le Pen, a jugé « urgent d’agir pour la sécurité des Français ».

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