ÉLISABETH BORNE: PROTÉGÉE © BELGA IMAGE

Borne, Zemmour, Le Pen…: les dix candidats à suivre lors des législatives françaises

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Scrutin à quitte ou double pour certains ministres, confrontation entre anciens compagnons de droite, duel à gauche malgré l’alliance, choc entre les extrêmes… Revue des batailles qui expliquent le nouveau paysage politique français.

Un mois et demi après avoir réélu Emmanuel Macron, les Français retournent aux urnes ce dimanche pour élire leurs députés et, selon les sondages, lui donner une majorité parlementaire. Mais le scrutin à deux tours est menacé d’une forte abstention et la gauche unie est en embuscade. Le Vif a analysé dix endroits emblématiques à suivre pendant les législatives.

Elisabeth Borne dans un fauteuil?

(6e circonscription du Calvados, Normandie)

Pour son baptême du feu électoral, la Première ministre a été ménagée par l’alliance présidentielle Ensemble!. Il ferait mauvais genre qu’elle doive renoncer à Matignon pour avoir échoué à se faire élire députée. En 2017, le candidat La République en marche (LREM), Alain Tourret, l’avait emporté avec 68,34% des voix. Le principal rival de la cheffe du gouvernement devrait être, dans cette circonscription rurale, le candidat du Rassemblement national, Jean-Philippe Roy, arrivé second il y a cinq ans.

Nouvelle guerre locale pour Eric Ciotti

(1re circonscription de Nice, Provence-Alpes-Côte d’Azur)

Il a personnifié l’aile droite des Républicains lors de la campagne présidentielle. Et c’est peu dire que son association de circonstance avec la candidate du parti, Valérie Pécresse, n’a pas donné les résultats escomptés. Proche des positions d’Eric Zemmour, le député sortant de Nice Eric Ciotti, élu en 2017 avec 56,21% des suffrages face à une candidate de La République en marche, pourrait affronter cette année au second tour un autre prétendant de la famille politique centriste, Graig Monetti, l’adjoint délégué à la Jeunesse du maire de Nice. Se profile ainsi un nouvel épisode de la guerre locale entre un LR radical, Eric Ciotti, et un ex-LR modéré passé à la macronie, Christian Estrosi. Ambiance.

Eric Zemmour au casse-pipe

(4e circonscription du Var, Provence-Alpes-Côte d’Azur)

Il aurait été mal vu que le candidat du parti Reconquête! défait à la présidentielle lance ses troupes sur le champ de bataille électoral tout en s’y soustrayant lui-même. Pas sûr, pourtant, qu’il ait plus de chance que ses collègues d’être élu. La direction du Rassemblement national, son grand rival d’extrême droite, a affiché de façon plus démonstrative qu’ailleurs son soutien à son candidat Philippe Lottiaux. Il était arrivé en deuxième position en 2017, devancé d’une dizaine de points par la candidate LREM Sereine Mauborgne, à laquelle il devrait à nouveau disputer le siège à l’Assemblée nationale de cette circonscription qui abrite Saint-Tropez.

L’affaire pénalisera-t-elle Damien Abad?

(5e circonscription de l’Ain, Auvergne-Rhône-Alpes)

Elu avec 67,02 % des voix en 2017, le nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, était donné favori de ce nouveau scrutin législatif du côté d’Oyonnax, nonobstant son transfert controversé des Républicains, dont il était le président de groupe à l’assemblée, vers la majorité présidentielle. Mais, quand, à peine sa charge ministérielle entamée, sont venues se greffer sur cette trahison des accusations de viols, on a pu se demander quelles en seraient les conséquences sur l’élection. D’après un sondage Ifop Fiducial publié le mercredi 8 juin, elles seront minimes, voire inexistantes. Damien Abad est donné vainqueur du premier tour avec 39 % des voix devant la candidate de la Nupes Florence Pisani (22 %) et largement gagnant au second dans tous les cas de figure.

Un des préférés de Macron en danger

(7e circonscription de Paris, Ile-de-France)

Quelques membres du gouvernement d’Elisabeth Borne mettent leur poste en jeu à l’occasion des élections législatives. Parmi ceux de sensibilité de gauche, le ministre délégué chargé de l’Europe, Clément Beaune, un ancien du Parti socialiste, n’est pas nécessairement le mieux loti, même si c’est un candidat LREM, Pacôme Rupin, qui l’avait emporté en 2017 avec 55,90% des voix. La réconciliation de la gauche place en effet Caroline Mécary, avocate spécialisée dans la lutte contre les discriminations à l’encontre des personnes LGBTQIA+, à l’affût d’une victoire. Particularité, l’ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit a apporté son soutien au candidat-ministre contre ses anciens amis écologistes engagés dans une alliance qu’il juge antieuropéenne.

Test de popularité pour Rousseau

(9e circonscription de Paris, Ile-de-France)

Il y a deux Sandrine Rousseau candidates dans cette circonscription du sud de Paris. La Sandrine Rousseau du Mouvement de la Ruralité, ex-Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), habite en Normandie et n’a été inscrite par son parti sur les listes parisiennes que pour embêter la Sandrine Rousseau, candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale. La grande classe. Pas sûr du tout que cela empêche le duel attendu au second tour entre l’ex-prétendante à la candidature Europe Ecologie Les Verts à la présidentielle et le représentant de Ensemble!, Buon Tan, qui l’avait emporté en 2017 sous l’étiquette LREM avec 55,26% contre un candidat de La France insoumise. Foire d’empoigne en vue.

Lamia El Aaraje contre l’alliance de gauche

(15e circonscription de Paris, Ile-de-France)

Elle réussit l’exploit d’être investie par le Parti socialiste canal officiel contre une candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Lamia El Aaraje affronte, dans cette circonscription populaire de la capitale, Danielle Simonnet, membre de La France insoumise, au mépris de l’accord de l’union de la gauche signé par le PS du premier secrétaire Olivier Faure. En cause, l’annulation de l’élection législative partielle de 2021 consacrant la victoire de Lamia El Aaraje. La France insoumise a considéré qu’elle n’était pas la députée sortante censée être protégée d’une candidature concurrente. Résultat: une lutte sororicide. Il y a cinq ans, la candidate PS l’avait emporté avec 60,29% des voix contre le candidat LFI…

La révolution Caron?

(18e circonscription de Paris, Ile de France)

Le journaliste, essayiste et militant antispéciste Aymeric Caron est candidat dans ce coin mi-populaire, mi-bobo de la capitale au nom de la Nouvelle union populaire écologique et sociale, à laquelle son mouvement Révolution écologique pour le vivant s’est rallié. En 2017, c’est le candidat Les Républicains qui avait été élu avec 53,61% des voix face à la ministre du Travail, Myriam El Khomri, socialiste. En 2022, c’est le candidat de l’alliance Ensemble! qui semble en bonne position pour atteindre le second tour. Décrépitude des LR oblige, l’un et l’autre ne font qu’un: Pierre-Yves Bournazel. Un novice face à un expérimenté. Pari risqué.

Duel aux extrêmes dans le Nord

(20e circonscription du Nord, Hauts-de-France)

Il y a cinq ans, Fabien Roussel avait conquis cette terre ouvrière autour de Saint-Amand-les-Eaux, en l’emportant aisément (63,88% des voix) face à un candidat du Rassemblement national. Les lendemains d’élection présidentielle, au cours de laquelle l’écho médiatique de sa campagne a été inversement proportionnel à son résultat final, pourraient cette année compliquer la tâche du candidat communiste. Au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête dans la circonscription avec 52% des suffrages. Et son représentant, Guillaume Florquin, compte bien rentabiliser ce succès.

La seconde opposante dans un fauteuil

(11e circonscription du Pas-de-Calais, Hauts-de-France)

Il n’y a pas péril en la demeure pour Marine Le Pen. La présidente du Rassemblement national est bien installée dans son fief d’Hénin-Beaumont, dont son collègue Steeve Briois tient solidement la mairie. Victorieuse en 2017 avec 58,60% des voix face à une candidate LREM, elle joue d’autant plus sur du velours que le report des voix des électeurs de la candidate Nouvelle union populaire écologique et sociale, Marine Tonnelier, vers celle d’Ensemble!, Alexandrine Pintus, ou l’inverse n’iront pas nécessairement de soi au second tour.

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