Manifestation Paris
© AFP

A Paris, une manifestation « contre la vie chère » sur fond de pénurie de carburant

Des milliers de personnes ont commencé à défiler dimanche à Paris à l’initiative de l’opposition de gauche à Emmanuel Macron, qui espère contribuer à l’ébullition sociale en France alimentée par une pénurie de carburants provoquée par une grève.

Cette « marche contre la vie chère et l’inaction climatique », soutenue par des associations et des fédérations syndicales, devait rassembler dans les rues de la capitale dimanche jusqu’à 30.000 manifestants selon la police, venus de toute la France.

Le poing levé, le leader du parti d’opposition La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, cravate rouge et cocarde tricolore au revers de la veste, a pris place aux côtés de la Prix Nobel de Littérature Annie Ernaux dans le carré de tête de la manifestation, qui a démarré avec un peu de retard à 14H30.

« Il y a quelque chose qui se réveille et c’est très bon signe », s’est rejouie la députée LFI Clémence Guetté, en évoquant une « démonstration de force ».

« Canicule sociale, le peuple a soif de justice », pouvait-on lire sur une pancarte brandie à Paris. Une autre avertissait: « La retraite c’est bien, l’offensive c’est mieux », en référence à la réforme des retraites voulue par le gouvernement mais honnie par la gauche. 

Avant une prise de parole attendue dans la soirée de la Première ministre Elisabeth Borne, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a lui fustigé « une marche des partisans du blocage du pays », en référence à une grève pour les salaires dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies, entamée depuis bientôt trois semaines, entraînant une pénurie de carburants qui affecte de nombreux secteurs d’activité.

Près d’une station-service sur trois (27,3%) manquait d’au moins un produit samedi, selon le gouvernement. Dans la région parisienne, la situation était plus tendue avec 39,9% de stations-service en difficulté.

Outre les automobilistes, et tout particulièrement les professionnels de santé, qui continuaient ce week-end leur quête de carburant un peu partout en France, de nombreux agriculteurs redoutent de ne pas être en mesure de réaliser leurs semis de céréales d’hiver à temps, faute de carburant, surtout dans le nord du pays.

« Grève générale »

Malgré un accord salarial avec deux syndicats majoritaires, la grève a été reconduite par le syndicat CGT jusqu’à mardi pour la raffinerie de Normandie située près du Havre (nord-ouest), la plus importante de France, et jusqu’à mercredi pour celle de Donges (ouest).

Gabriel Attal a jugé dimanche « inacceptable qu’il y ait la poursuite de blocages alors même que des accords majoritaires ont été trouvés pour revaloriser les salaires dans les entreprises ».

« Ce n’est pas une grève normale, le droit de grève a des limites« , a tempêté de son côté le président de la fédération patronale Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estimant que « les 150 personnes des raffineries prennent les Français en otage » et qu’il faut « passer aux réquisitions » chez TotalEnergies.

La CGT compte tenir jusqu’à mardi, journée de « mobilisation et de grève » interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé d’autres syndicats (FO, Solidaires et la FSU).

Dans la perspective de cette d’action, des appels à la « grève générale » ont été lancés, notamment dans les transports (SNCF, RATP, dockers) et dans la fonction publique.

Prise en sandwich entre les deux manifestations syndicales, la « marche » de dimanche est néanmoins complémentaire des efforts de la CGT, estiment ses organisateurs. 

La police redoute des débordements liés « à la venue de personnes violentes de l’ultra-gauche, des ultras « gilets jaunes » qui voudraient perturber la manifestation ».

Le cortège comprendra cinq espaces de revendication: retraite à 60 ans et augmentation des salaires, allocation autonomie de 1.100 euros pour les jeunes, blocage des prix, taxation des super-profits et bifurcation écologique.

« La hausse des prix est insupportable : c’est la plus grande perte de pouvoir d’achat depuis quarante ans », a dénoncé samedi l’eurodéputée LFI Manon Aubry. « Il est temps que les milliards qui s’accumulent au sommet des grandes boîtes soient redistribués à ceux qui triment ».

Au deuxième trimestre 2022, TotalEnergies a dégagé d’énormes bénéfices : le groupe français a plus que doublé son bénéfice net, à 5,7 milliards de dollars, contre 2,2 milliards lors du même trimestre en 2021.

Contenu partenaire