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Fact-checking: Non, des « centaines de milliers d’immigrés » n’ont pas été débarqués par les ONG en Italie

Le Vif

Matteo Salvini, le ministre italien de l’Intérieur et patron de l’extrême droite, affirme que « des centaines de milliers d’immigrés » ont été « débarqués sur (les) côtes (italiennes) par des ONG ». Ces chiffres sont contredits par ceux des garde-côtes italiens qui estiment à une moyenne de 30.000 le nombre de personnes annuellement débarquées par les ONG depuis août 2014.

Matteo Salvini a affirmé à l’hebdomadaire français Valeurs Actuelles (1) que « en Italie, nous avons simplement cherché à poser des règles afin de stopper ce qui était, jusqu’à récemment encore, une véritable invasion. Des centaines de milliers d’immigrés étaient quotidiennement débarqués sur nos côtes par des ONG, dans l’indifférence totale de la communauté internationale ».

QUE SAIT-ON ?

D’après les statistiques (2) de la Guardia Costiera, les garde-côtes italiens, ce sont 1.450 personnes qui ont été secourues par les ONG en 2014 (pendant les deux mois de mission de l’ONG maltaise Moas, la première à s’engager en mer), 20.063 en 2015, 46.796 en 2016 et 46.601 en 2017. De janvier à juillet 2018 (3), ce sont 5.204 personnes supplémentaires qui ont été secourues en Méditerranée.

Au total, donc, 120.114 personnes en quatre ans, soit 30.000 personnes annuellement, et non pas « des centaines de milliers d’immigrés ».

Selon ces mêmes statistiques, les bateaux affrêtés par des ONG ne représentent qu’un cinquième du secours apporté aux migrants en mer Méditerranée ces quatre dernières années. Pour leur part, les navires officiels italiens (garde-côtes, marine italienne et « Guardia di Finanza », l’équivalent des douanes), ont débarqué 309.490 migrants, soit plus de la moitié de l’ensemble. Le reste des secours vient principalement de missions européennes ou de navires marchands.

Mais la part exacte prise par les ONG est difficile à évaluer car celles-ci comptabilisent parfois comme « secourues » des personnes qu’elles n’ont pas ramené sur les côtes ou à l’inverse pour lesquelles elles n’ont opéré « que » le rôle de transporteur jusqu’aux ports italiens.

En poste depuis le 1er juin, Matteo Salvini a décidé mi-juin d’interdire l’accès aux ports italiens aux ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée, position qui marque la nouvelle ligne dure de l’Italie en matière migratoire.

En dépit de cette politique des ports fermés, quelque 21.024 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes entre le 1er janvier et le 26 septembre, selon les chiffres officiels (4), soit une baisse de plus de 84% par rapport à la même période 2016 et de près de 80% par rapport à la même période 2017. 12.389 étaient partis de Libye. Les autres sont partis de Tunisie, de Turquie et d’Algérie.

QUE PEUT-ON EN CONCLURE ?

Les chiffres officiels donnés par les garde-côtes italiens sur le débarquement de migrants par les ONG contredisent les chiffres évoqués par M. Salvini.

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