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Bruxelles: un sommet européen sous tension

La difficile coordination face à la progression du variant Omicron est au coeur du sommet des dirigeants des Vingt-Sept jeudi à Bruxelles, qui entendent aussi faire front commun pour dissuader la Russie d’une éventuelle attaque contre l’Ukraine.

Face au risque d’un nouveau conflit entre Moscou et Kiev, la Commission européenne a préparé un paquet d’options de sanctions supplémentaires en cas d’agression russe, sans vouloir les dévoiler.

« La Russie doit désamorcer les tensions et éviter toute action agressive contre l’Ukraine, car nous sommes (…) unis pour soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et toute action agressive aura un coût politique et économique élevé », a averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à son arrivée.

La question sera débattue lors d’un déjeuner, où les leaders seront invités à se défaire de leur téléphone, par souci de confidentialité.

« Nous disposons de suffisamment d’outils pour mettre un terme au comportement agressif de la Russie », a estimé le président lituanien, Gitanas Nauseda.

« Nous allons réaffirmer que l’inviolabilité des frontières est l’un des fondements essentiels de la paix en Europe et que tous ensemble nous ferons tout pour la préserver », a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz qui participait à son premier sommet de l’UE.

Les dirigeants européens ont cherché mercredi, lors d’une réunion avec cinq ex-républiques soviétiques dont l’Ukraine, à relancer les négociations avec Moscou pour apaiser les tensions.

« Je crois fermement que nous devons discuter avec M. Poutine pour trouver une solution au sujet du Bélarus et aussi de l’Ukraine », a déclaré jeudi le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel.

Sur le front de la pandémie, l’inquiétude autour de la propagation du nouveau variant Omicron, très contagieux, à l’approche des fêtes de fin d’année, a occupé les premiers échanges des chefs d’Etat et de gouvernement.

Omicron pourrait devenir dominant en Europe d’ici mi-janvier, selon la Commission.

A leur arrivée, les dirigeants ont souligné l’importance d’étendre encore la vaccination, et notamment l’administration des doses de rappel.

– « Course contre la montre » –

« C’est une course contre la montre », a commenté le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Quelque 67% de la population européenne est pleinement vaccinée mais ce taux est inférieur à 50% dans trois pays (Bulgarie, Roumanie, Slovaquie), la Croatie étant pour sa part à peine au-dessus (50,4%).

Côté voyages, le variant a déjà mis à mal le certificat sanitaire européen mis en place par l’UE cet été pour permettre aux Européens de se déplacer le plus librement possible dans le bloc, sans se voir imposer de test ou de quarantaine.

Certains pays comme l’Irlande, le Portugal, l’Italie et la Grèce imposent désormais aux voyageurs européens, même vaccinés, de présenter un test négatif pour pouvoir entrer sur leur territoire.

La Commission européenne a rappelé à Rome la nécessité de prévenir ses partenaires de telles mesures, soulignant qu’elles devaient être « proportionnées » et d’une durée la plus courte possible.

La France a quant à elle rétabli l’obligation de « motifs impérieux » pour les voyageurs en provenance et à destination du Royaume-Uni.

Même si les Etats membres conviennent de la nécessité d’améliorer la coordination pour préserver « le fonctionnement du marché intérieur et ne pas entraver de façon disproportionnée la liberté de circulation », selon la version provisoire des conclusions du sommet, les restrictions relèvent de leurs compétences nationales.

La crise de l’énergie, sur fond d’envolée des prix, est aussi au menu des débats même si aucune décision concrète n’est attendue. La réponse à apporter divise les pays, certains comme la France et l’Espagne, plaidant pour une réforme du marché européen de l’électricité tandis qu’une majorité d’Etats y restent réticents, estimant la crise conjoncturelle et jugeant plus efficaces les dispositifs nationaux de soutien aux consommateurs.

Autre sujet au programme, la migration, avec l’afflux récent de réfugiés aux frontières de trois pays européens que le Bélarus est accusé d’avoir orchestré, mais aussi la volonté des Vingt-Sept de limiter les flux migratoires en mettant en oeuvre des « plans d’action » avec une série de pays d’origine et de transit.

Le dîner sera consacré à un débat, en présence de la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde, sur la situation économique en Europe et sur l’impact possible du nouveau variant sur la reprise.

Le chef de l’Etat français Emmanuel Macron, dont le pays prendra la présidence semestrielle de l’UE au 1er janvier et qui prévoit d’organiser un sommet en mars pour « définir un nouveau modèle de croissance européen », devrait s’exprimer sur ses ambitions.

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