Valdis Dombrovskis, vice-président de la commission européenne.

Bruxelles s’attend à un nouveau bras de fer budgétaire avec l’Italie

Bruxelles s’attend à un nouveau bras de fer avec l’Italie concernant son budget, jugeant les estimations de croissance de Rome « trop optimistes », quelques mois seulement après un compromis arraché avec la coalition populiste au pouvoir.

« Je suis vraiment inquiet pour l’Italie. Dans aucun autre Etat membre de l’UE, l’économie ne s’est autant contractée », affirme dans un entretien à l’édition dominicale du journal Die Welt le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.

Pointant du doigt l’augmentation des taux d’intérêt et une baisse de la confiance des investisseurs dans le pays, il estime que la « situation est problématique » et s’attend « à des discussions difficiles » avec Rome.

M. Dombrovskis a annoncé que la Commission ferait à nouveau le point au début du mois de juin et discuterait des prochaines étapes.

Fin février, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, avait déjà exhorté la coalition populiste au pouvoir en Italie à assainir rapidement ses finances publiques en raison des « perspectives économiques qui s’assombrissent ».

« Les hypothèses de croissance de Rome sont trop optimistes », a expliqué M. Dombrovskis.

L’Italie a enregistré en 2018 une croissance de 0,9% de son Produit intérieur brut (PIB), avec un net ralentissement en fin d’année puisque le pays est entré en récession technique au second semestre.

Et pour l’année à venir, le gouvernement italien, formé par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (antisystème), prévoit une croissance de 1%.

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) table seulement sur une hausse de 0,6% et la Commission européenne sur 0,2%.

La Commission exhorte surtout le pays à diminuer sa dette publique qui a atteint 2,1% en 2018, en légère amélioration par rapport aux 2,4% de 2017.

« Il est important que le ratio de la dette diminue enfin », selon M. Dombrovskis.

Mais malgré ces difficultés, il a estimé qu’un accord avec Rome restait possible: « nous avons également eu des discussions difficiles avec les gouvernements précédents, et en fin de compte, ils ont trouvé des solutions pour limiter la dette ».

Pour 2019, après un bras de fer avec la Commission européenne fin 2018, la coalition italienne a accepté de revoir à la baisse son déficit, le faisant passer à 2,04% contre 2,4% prévu initialement.

Le budget 2019 adopté fin décembre par Rome comprenait une enveloppe de plusieurs milliards d’euros pour des réformes sociales, notamment avec l’introduction d’un revenu de citoyenneté censée sortir des millions de personnes de la pauvreté et relancer la croissance par la demande.

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