Theresa May © Reuters

Brexit: le point

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les députés britanniques ont, une fois de plus, rejeté les options alternatives à l’accord de Brexit. Nombreux sont ceux qui voient un  » no deal  » comme issue la plus probable. Un scénario qui n’est pourtant dans l’intérêt d’aucune des parties. On fait le point.

Comme dans toutes les négociations, tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout, il n’y a d’accord sur rien. Dans le cas du Brexit, on sait uniquement que les députés britanniques sont « contre tout ». Ils peinent, semaine après semaine, à dégager une alternative crédible, capable de remporter une majorité de suffrages et qui puisse sortir le pays de « l’impasse Brexit ».

Les évènements de ces dix derniers jours illustrent bien ce chaos, alors que le Royaume-Uni était censé sortir de l’Union européenne le 29 mars. L’accord négocié par Theresa May avec l’UE a été rejeté, trois fois. La semaine dernière, les députés ont rejeté huit propositions parlementaires pour dégager des solutions. Hier soir, les quatre nouvelles alternatives proposées lors d’un vote indicatif ont également essuyé un refus.

Quelles sont les alternatives rejetées par les députés ?

Parmi les solutions figuraient les deux qui avaient recueilli le plus de suffrages la semaine dernière, à savoir l’organisation d’un référendum sur tout accord de divorce conclu avec l’UE, et la mise en place d’une union douanière avec l’UE. Celle-ci a été rejetée à une très courte majorité lundi soir, à trois voix près.

Brexit: le point
© Reuters

Une troisième option proposait, en cas d’absence d’accord à deux jours du Brexit, de faire voter les députés pour ou contre un « no deal », et, en cas de refus, de renoncer à la sortie de l’Union européenne.

Enfin, la proposition d’un modèle « Norvège + », également connue sous le nom de « Common Market 2.0 », préconisait le maintien du Royaume-Uni au sein du marché unique, synonyme de liberté de circulation des biens, capitaux, services et personnes, comme la Norvège, ainsi qu’une union douanière spécifique avec l’UE, impliquant des politiques douanière et commerciale communes.

Un 3e vote indicatif des députés ?

Les députés vont-ils finir par se mettre d’accord sur quoi que ce soit ? « Who knows ? », répond The Guardian, tant la situation parait confuse et pourrait se décanter à tout moment, ou bien entrainer un blocage encore plus profond. « On s’attendait à ce qu’un départ imminent sans accord concentre les esprits, crée des liens et accélère les compromis. Mais cela n’a pas encore eu lieu », explique le quotidien britannique. L’attention va désormais se tourner vers un éventuel troisième scrutin indicatif, qui pourrait avoir lieu mercredi. Le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn estime en effet que les députés doivent avoir une troisième (et dernière ?) chance de se mettre d’accord, étant donné que cette option a été offerte à la Première ministre concernant son accord de divorce.

Brexit: le point
© Reuters

Un 4e vote sur l’accord de divorce ?

Malgré les trois refus parlementaires, le gouvernement britannique n’est pas décidé à enterrer définitivement l’accord péniblement négocié avec l’Union européenne. Il est d’ailleurs probable que les députés doivent, une fois encore, se prononcer sur ce même accord cette semaine. Les députés ayant refusé de partir sans accord ou d’annuler le Brexit, le plan de Theresa May reste, aux yeux du ministre du Brexit Stephan Barclay, la « seule option viable ». Mais le DUP et les Tories partisans d’un Brexit dur restent inflexibles et ne souhaitent toujours pas donner leur voix à ce plan-là.

Où va le Brexit ?

Theresa May a convoqué un conseil des ministres ce mardi pour discuter la voie à suivre. Quelle que soit l’option retenue, la Première ministre doit divulguer ses plans au prochain sommet européen exceptionnel convoqué pour le 10 avril. Après le refus de vendredi dernier, elle avait rappelé que l’option « par défaut » était celle d’un Brexit sans accord le 12 avril, redouté par les milieux économiques.

Selon des responsables proches des négociations, le Royaume-Uni pourrait néanmoins partir le 22 mai si le Parlement parvient à convaincre Theresa May de négocier une union douanière. Mais si les députés et les membres du gouvernement n’arrivent pas à se mettre d’accord, et que le no deal ne remporte pas plus de suffrages, le Royaume-Uni pourrait bien demander à l’Union européenne un délai supplémentaire, mais celui-ci devrait être justifié et obligerait le Royaume-Uni à organiser des élections européennes fin mai.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire