Si une sortie de l’UE sans accord est jugée » improbable « , le scénario est suffisamment préoccupant pour que le gouvernement britannique s’y prépare et en évalue les risques, autant pour ses citoyens que pour ses entreprises. On fait le point.
Comment le Royaume-Uni compte réagir si le Brexit s’effectue sans accord préalable avec l’Union européenne ? Si l’option du « no deal » n’est pas le cas de figure souhaité par les Britanniques – ni par les Européens-, les discussions chaotiques avec l’UE les poussent à néanmoins s’y préparer. C’est pourquoi le gouvernement britannique vient de publier 25 notes techniques sur le sujet. Le but : éviter, atténuer ou gérer le risque de toute perturbation potentielle à court terme. Ces notes indiquent la marche à suivre, aux citoyens et aux entreprises, en cas d’absence d’accord. Au total, 80 notes de ce type sont prévues d’ici le mois de septembre.
Les négociateurs du Royaume-Uni et de l’Union européenne tentent d’éviter ce scénario, jugé « improbable » par Dominic Raab, le ministre britannique chargé du Brexit. Mais les négociations sont un vrai parcours du combattant, alors que les parties sont censées parvenir à un accord d’ici le sommet européen qui se déroulera au mois d’octobre. Avec ou sans accord, le divorce est prévu pour le 29 mars 2019. « Nous augmentons le rythme et l’intensité de nos négociations, et je suis confiant qu’un bon accord est à notre portée », a assuré Raab. Il doit s’entretenir avec Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE, la semaine prochaine et a assuré que trouver un accord avec l’UE restait leur « toute première priorité ». En attendant, Londres se dit disposé à s’aligner temporairement sur certaines règles de l’UE, notamment dans le domaine des médicaments, pour assurer la fluidité des échanges en cas de « no deal ».
Selon un sondage mené par KPMG et relayé par The Independent, toutes les sections de la société britannique pensent qu’une Brexit sans accord est le résultat le plus probable de la poursuite des négociations entre les deux camps. Sept personnes interrogées sur dix pensent qu’un « no deal » ferait augmenter les prix et 69% déclarent que leur comportement en tant que consommateur risque de changer si ce scénario devient réalité. Moins d’une personne sur deux estime que sortir de l’UE sans un accord commercial préalable serait préjudiciable pour le pays. « Cette enquête montre que les citoyens s’attendent à un Brexit sans accord et projettent leurs dépenses en conséquence. Les résultats révèlent comment ils anticipent des perturbations substantielles à court et moyen terme, avant de s’attendre à ce que le Brexit ait un effet plus positif sur l’économie à moyen et long terme. » L’ambiance entourant les négociations sur le Brexit semble avoir un effet direct sur la confiance des consommateurs britanniques.
Voici les principaux points relevés par les notes publiées cette semaine par le gouvernement britannique.
Frais bancaires. Les citoyens britanniques pourront être confrontés à une augmentation des coûts, ainsi qu’à des procédures plus lentes pour leurs transactions avec l’UE. « Le coût des cartes bancaires entre le Royaume-Uni et l’UE » risque d’augmenter. Concernant la vente en ligne, les consommateurs pourraient également voir leurs frais augmenter.
Finances. Les clients à travers l’Espace économique européen (EEE) pourraient ne plus pouvoir faire appel aux services d’une banque d’investissement basée au Royaume-Uni. Les accords transfrontaliers ne seront plus valides. Les banques peuvent anticiper en mettant en place des filiales dans l’UE.
Administratif. Les entreprises qui commercent avec l’UE pourraient être confrontées à une augmentation de leurs coûts (frais douaniers, paperasse supplémentaire…). Elles pourraient avoir à « renégocier les termes commerciaux reflétant tout changement dans les procédures douanières et taxes, et tout nouveau droit de douane qui pourraient s’appliquer ».
Commerce. Une autorité dédiée serait créée pour les réclamations des entreprises, afin de remplacer la Commission européenne.
Médicaments. Le Royaume-Uni quittera l’Agence européenne du médicament, mais continuerait de reconnaître les tests et certifications européennes. Les banques du sang et les producteurs de produits à base de sang continueraient de se conformer aux exigences de l’UE tandis que les lois européennes sur les organes et tissus seront incorporées dans la loi britannique. Le Royaume-Uni va par ailleurs stocker des médicaments pour six semaines supplémentaires, en plus des trois mois de stocks actuels.
Tabac. Une régulation britannique remplacera la législation européenne. Il faudra aussi introduire une nouvelle iconographie pour les paquets de cigarettes.
Humanitaire. Le gouvernement britannique continuera de financer les programmes humanitaires actuellement financés par l’UE, « où les organisations britanniques assurent la direction de projet ou sont les seules exécutantes ».
Irlande. C’est l’une des questions les plus épineuses du dossier Brexit. Les entreprises britanniques commerçant avec l’Irlande devraient évaluer « si elles ont besoin de conseils du gouvernement irlandais sur les préparatifs » en cas de « no deal ».
(avec AFP)
