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Brexit: Allemagne et France ne s’opposeront pas à un report « technique »

Le Vif

Les pays membres de l’UE, hors Royaume-Uni, vont-ils accepter un nouveau report du Brexit? Vont-ils plutôt proposer à Londres un report assez court, « technique »? Ou encore, un délai pour une période plus longue, par exemple jusque fin janvier prochain comme le stipule une demande britannique? Ces questions se posent toutes avec insistance mercredi.

Donald Tusk, président du Conseil européen qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement, a indiqué qu’il recommandait aux dirigeants des 27 « d’accepter la demande britannique pour un nouveau report de la date de sortie (du Royaume-Uni) ». Il ne dit en revanche pas s’il est en faveur d’une extension jusqu’au 31 janvier, ou pour une autre durée.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a affirmé être sur la même longueur d’onde que M. Tusk, après l’avoir eu au téléphone. Il précise toutefois qu’il soutient bien une extension de trois mois. Cela resterait possible, pour le Royaume-Uni, de quitter l’Union avant la date théorique du 31 janvier, si la loi britannique implémentant l’accord de retrait est prête à entrer en vigueur plus tôt, et que le Parlement européen a lui aussi ratifié l’accord en avance, argue le gouvernement irlandais.

« Pas clair »

Donald Tusk a jusqu’ici recommandé que les dirigeants des 27 se mettent d’accord et se prononcent par « procédure écrite », mais Leo Varadkar a lui évoqué la possibilité d’une rencontre physique. Autrement dit, un sommet européen extraordinaire pourrait s’organiser en dernière minute « lundi ou même peut-être vendredi », selon le média de service public irlandais RTE.

Parmi les poids lourds européens, l’Allemagne ne s’opposera pas à un report, du moins s’il ne s’agit que de quelques semaines. Si l’on s’oriente vers une extension de plusieurs mois, il faut « savoir pour quelle raison, ce qui va se passer dans l’intervalle et s’il va y avoir des élections en Grande-Bretagne », a laissé entendre le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, interrogé par la chaîne de télévision RTL Allemagne. « Nous devons connaître les intentions des Britanniques, surtout celles de (Boris) Johnson, car jusqu’à aujourd’hui ce n’est pas clair », a ajouté le ministre.

Côté français, la Secrétaire d’État chargée des affaires européennes Amélie de Montchalin a tenu mardi soir face aux sénateurs un discours similaire, favorable à une extension courte, « pour que le Parlement britannique puisse achever sa procédure parlementaire ». « En dehors d’une telle perspective, une extension destinée à gagner du temps ou à rediscuter de l’accord est exclue », a-t-elle ajouté.

Vote positif, mais…

Le négociateur en chef pour l’UE, Michel Barnier, s’est surtout réjoui mercredi du premier vote positif des députés britanniques sur le projet de loi de mise en oeuvre de l’accord de retrait. « C’est important qu’il y ait eu pour la première fois, s’agissant du Brexit, du côté de la Chambre des communes, un vote positif, alors que depuis trois ans on a vu des votes négatifs », a-t-il réagi auprès de FranceInfo. « Actuellement, nous sommes amenés à devoir travailler sur un délai qui va au-delà du 31 octobre, probablement au moins un délai technique ».

Boris Johnson, dont les 27 attendent des éclaircissements, a été en contact téléphonique avec Donald Tusk mercredi. Mardi, il avait menacé d’abandonner son texte de loi et de demander des élections anticipées si les députés n’acceptaient pas un traitement express de la loi et que l’UE accordait un nouveau report.

Les ambassadeurs des Etats membres auprès de l’UE se retrouvent mercredi à 17h30 à Bruxelles. Selon l’un d’entre eux, cité par l’AFP, il n’est pas question de décider mais de vérifier si l’ensemble des capitales partagent la même analyse de la situation.

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