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Bond de la participation en Espagne pour un scrutin marqué par l’émergence de l’extrême droite

Le Vif

Les Espagnols se sont fortement mobilisés dimanche lors d’élections législatives où l’extrême droite pourrait entrer en force au parlement, plus de 40 ans après la mort du dictateur Francisco Franco.

Le chef du gouvernement socialiste sortant Pedro Sanchez est donné gagnant par les sondages mais sans la majorité absolue. Ce qui obligera tous les partis à chercher à former des alliances au sein d’un parlement plus fragmenté que jamais,où les divisions sont exacerbées par la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

A 18H00 (16H00 GMT), deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation était de 60,75%, soit 9,5 points de plus que lors des dernières élections en 2016, selon les autorités. La hausse de la mobilisation était particulièrement importante en Catalogne avec près de 18 points de plus.

Le parti ultranationaliste Vox est la surprise annoncée de ces troisièmes législatives en trois ans et demi.

Marginal jusqu’à ce qu’il crée un séisme politique en décembre lors d’élections régionales en Andalousie (sud), il pourrait obtenir plus de 10% des voix et une trentaine de députés sur 350 selon les sondages, dans un pays où l’extrême droite était absente du paysage depuis la mort de Franco en 1975.

Selon les enquêtes d’opinion, le Parti Populaire (PP, droite), les libéraux de Ciudadanos et Vox ne devraient toutefois pas être en mesure de former une majorité comme ils l’ont fait au niveau régional en Andalousie.

Mais M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin à la faveur d’une motion de censure contre Mariano Rajoy (PP), a mis en garde contre le « risque réel » d’une sous-estimation du score de Vox, un parti soutenu notamment en Europe par le Front national français et la Ligue italienne.

A Madrid, Carlos Gonzalez, retraité de la construction, a indiqué avoir voté pour « l’option modérée » représentée par les socialistes. Vox « va en arrière, vers le passé. Ce n’est pas l’avenir, l’avenir est à une Europe unie », selon lui.

Mais près de Barcelone, Dolores Palomo, qui a voté Ciudadanos, a rejeté « la politique de la peur » de l’extrême droite menée par M. Sanchez. Cette aide ménagère de 48 ans et ancienne électrice socialiste veut croire que si Vox faisait alliance avec le PP et Ciudadanos, ces deux partis s’assureraient « que cela ne soit pas une extrême droite radicale ».

Valentino Lopez, qui travaille dans la logistique à Valence, dit avoir voté Vox parce que « ce pays nécessite un changement profond » tout en se défendant d’être « fasciste ».

Formation au virulent discours anti-féministe et anti-immigration, Vox, qui a fait campagne massivement sur les réseaux sociaux, a prospéré en particulier en prônant la manière forte en Catalogne.

– Intenses tractations –

Théâtre en 2017 de la pire crise politique qu’ait connue l’Espagne depuis quarante ans, cette région du nord-est du pays continue d’être au centre du jeu politique.

La droite et l’extrême droite ont ainsi mené une campagne très agressive contre M. Sanchez, l’accusant d’être un « traître » pour être parvenu au pouvoir en partie grâce aux voix des séparatistes catalans.

Avec un paysage politique toujours plus fragmenté, l’Espagne se destine à d’intenses tractations pour pouvoir former un gouvernement après ce scrutin.

Selon les sondages, Pedro Sanchez ne devrait obtenir que 120-130 sièges, loin de la majorité absolue de 176. Au delà de l’appui de la gauche radicale de Podemos, il devrait donc avoir besoin de celui de partis régionalistes dont, a priori, les indépendantistes catalans.

Mais le socialiste préférerait éviter d’avoir de nouveau besoin de ces derniers, qui l’ont contraint à convoquer ces élections anticipées en refusant de voter son budget.

Le leader du PP, Pablo Casado, a lui indiqué être prêt à former un gouvernement avec Ciudadanos et Vox si leurs trois partis atteignaient la majorité.

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