Annegret Kramp-Karrenbauer et Angela Merkel © REUTERS

Angela Merkel finira-t-elle sa carrière de chancelière plus tôt que prévu ?

Jeroen De Preter Rédacteur Knack

Les tensions au sein du gouvernement allemand pourraient bien précipiter la fin de la carrière d’Angela Merkel au poste de chancelière allemande.

À quelques mois des élections européennes, le président français Emmanuel Macron s’est exprimé sur l’avenir de l’Union européenne. La réponse allemande ne s’est pas fait attendre. Le week-end dernier, Welt Am Sonntag publiait une contribution d’Annegret Kramp-Karrenbauer, en abrégé AKK, la nouvelle présidente de la CDU (Démocratie chrétienne allemande).

À l’exception de quelques changements d’accent, la contribution d’AKK se lit comme un résumé des positions européennes d’Angela Merkel. La plus grande surprise, c’est peut-être le nom de l’auteur. Pas l’homologue de Macron, c’est-à-dire la chancelière, mais la présidente du parti. Ainsi, l’opinion publique peut s’habituer à l’idée que Merkel ne gouvernera plus l’Allemagne.

Se pose alors la question du changement de pouvoir. La CDU attendra-t-elle jusqu’en 2021 et les prochaines élections nationales, ou AKK montera-t-elle sur le trône cette année ? Cette dernière possibilité n’est pas à exclure. Au sein du gouvernement de Merkel, la Grosse Koalition de la CDU/CSU et du SPD, la tension est à son comble, au point que même certains analystes prédisent une rupture imminente.

Cette tension est fort liée à la volonté des sociaux-démocrates d’accroître leur visibilité. Bien qu’ils se soient usés à l’exercice du pouvoir, l’année dernière ils ont décidé de rejoindre à nouveau la coalition. Une promesse claire a été faite à leurs partisans : le SPD laisserait une empreinte beaucoup plus forte sur ce gouvernement. Cette ambition provoque un besoin implacable de se profiler de la part des socialistes, ce qui à son tour conduit à des troubles au sein de la CDU. Ce parti veut faire croire à ses partisans qu’il a amorcé un virage vers la droite. Pour faire valoir ce point, la CDU envoie surtout AKK au créneau, par exemple en mettant en avant ses positions plus dures sur la migration.

La constatation a déjà été faite: les partis du centre allemand recherchent un profil idéologique plus marqué, ce qui pourrait diminuer l’attrait pour les populistes. En même temps, cette stratégie comporte un risque. Et si l’Allemagne perdait son rôle de phare de la paix politique ?

S’il en tient à la chancelière fédérale, ce risque est à éviter autant que possible. Si Angela Merkel n’envisage pas de rompre la coalition, c’est aussi parce que, selon Der Spiegel, elle ne veut pas terminer sa carrière politique impressionnante par une fausse note. Cela aiderait à expliquer pourquoi elle suit un « cap de bisounours » face au SPD. Le SPD se satisfait de ses bisounours et a fait savoir plus d’une fois que jamais il ne soutiendrait une passation de pouvoir prématurée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire