Valentine Vaquette

Et si l’on essayait de déconnecter l’argent du pouvoir ?

Valentine Vaquette Etudie en Grèce la faisabilité d'une mise en place d'un projet social basé sur l'économie d'échange avec une monnaie locale.

Dans un passé pas si lointain, l’argent était encore perçu comme un outil remarquable, offrant une infinité de possibilités. Mais aujourd’hui, il est trop souvent vu comme élément perturbateur, une source de malheur et d’inégalité, plus précisément à cause du pouvoir qui l’accompagne, suivi de près par la corruption et la manipulation. La Grèce en est un exemple criant.

Rêvons pendant un court moment : Et si l’on essayait de déconnecter l’argent du pouvoir ? C’est sans doute impossible me direz-vous. Mais réfléchissons un peu. Si nous déplacions le cadre de la discussion vers la création de valeur, plutôt que d’argent en tant que tel, le rêve deviendrait déjà un peu plus réaliste.

Le problème est qu’aujourd’hui, l’argent est devenu un but en soi. Et la création de valeur ajoutée est hélas souvent reportée en arrière-plan. Bien sûr, l’argent est un élément essentiel de notre économie moderne. C’est une forme d’énergie. Et pour faire tourner ce vaste système qu’est notre société, il faut de l’énergie. Maudire l’argent n’est donc pas une solution. L’idéaliste et éternel optimiste qui est en moi aime philosopher en rêvant à d’autres façons de faire circuler cette énergie dans le système. Et mes rêves déterminent en quelque sorte ma vision. Bien entendu, ça serait du temps perdu que de chercher des coupables, ou de tenter de maintenir ou de juste rafistoler avec des bouts de ficelle un système qui fonctionne mal. Tout cela se résumerait à mettre l’attention sur les problèmes, les contraintes et les restrictions à la liberté. Or mon message est plutôt un plaidoyer pour que l’on oriente les efforts vers la création de solutions et d’opportunités.

Je crois fermement en la création d’une économie d’échange locale, à petite échelle, qui serait accompagnée d’une monnaie locale.

De telles initiatives apporteraient un souffle nouveau de solidarité, un vent d’air frais capable d’aérer notre économie mondialisée qui semble aujourd’hui de plus en plus échapper à notre contrôle. Une telle initiative serait vue non pas comme un substitut, mais comme une extension de notre économie existante.

En aucun cas ces systèmes de monnaie locale et d’économie d’échange ne devraient être standardisés. Car cela nous mènerait à nouveau au pouvoir, à la manipulation et la consolidation, en éloignant les projets de la réalité locale, et en perdant de nouveau le contact avec le terrain. Pourrait-on agir sans dirigeants, mais sous la forme d’organisations coopératives ?

Notre société a soif de cohésion sociale, soif de sens et d’authenticité. Il a été démontré que des initiatives locales d’économie d’échange pouvaient mener à une plus grande cohésion sociale et qu’elles permettaient à la société de progresser. Et il est essentiel d’aller de l’avant. Car ne pas avancer, c’est reculer puisque nous savons que rien ne demeure immobile dans cet univers.

Ces initiatives pourraient être des éléments de réponse pour la Grèce, en donnant un peu de répit à sa population qui souffre sérieusement de la crise. Les preuves en sont les nombreux projets basés sur le troc, ou ces monnaies locales qui ont germé au cours des dernières années. Si la fin de la crise n’est pas à notre porte, les gens ne peuvent pas simplement baisser les bras et subir leur destin au quotidien. Il faut des initiatives, des solutions, des idées accessibles et applicables à court terme.

Ceci est donc mon plaidoyer pour une économie au service de l’homme et de la société, plutôt que l’inverse. Tant que nous continuerons à regarder vers l’avenir, nous pourrons progresser, en tant qu’humanité, et en tant qu’êtres humains.

Valentine Vaquette

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