Anne-Sophie Bailly

En 2019, c’est certain, les lignes ont bougé

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Des jeunes ont bravé l’autorité scolaire et foulé le pavé pour exprimer leur inquiétude face à l’urgence climatique.

Des travailleurs, chômeurs, retraités ont occupé l’espace public pour voir préservé leur pouvoir d’achat. Des électeurs ont exprimé leur défiance vis-à-vis de la classe politique. Des femmes ont enfin réussi à porter plus haut le message de la discrimination et de la violence à leur égard. Des populations d’Amérique latine et du Moyen-Orient se sont révoltées contre des sociétés toujours plus inégalitaires.

Sous toutes ces manifestations, un dénominateur commun : l’exaspération. En 2019, elle était partout, tout le temps. Dans les  » Paradis pour les uns, pas un radis pour les autres.  » Dans les #bickyburger. Dans les  » Reprendre Hong Kong, la révolution de notre temps  » et les  » Plus chauds, plus chauds que le climat.  » Le constat est indéniable. On peut le moquer, le haïr, le déplorer. Ou comprendre que sous cette exaspération affleurent autant de colère que d’énergie, encore à exploiter. Comme l’exige la génération Thunberg : du concret, de l’action. En réponse à ces exigences, les vocables démocratie participative, consultation populaire, référendum d’initiative citoyenne, coquelicot et implication de la société civile ont émaillé les discours. Avec, il faut le reconnaître, fort peu de résultat. Pourtant, l’urgence est bien là. Celle de redonner du sens à ce qui nous entoure.

Et si c’est du monde financier que venait un embryon de réponse ? Impossible, pensez-vous, de prendre en exemple ces grands capitalistes, à la base de ce monde inégalitaire, de la mondialisation à outrance et de la surexploitation des ressources naturelles. Pourtant, il y a quelques mois, près de deux cents big boss américains ont relégué au second plan la sacro-sainte shareholder value, celle qui plaçait l’intérêt de l’actionnaire au-dessus de tous les autres, conscients que le capitalisme a atteint ses limites. Et que le bien commun doit revenir au centre des préoccupations. Meilleure considération des salariés, fournisseurs et clients, promotion de la diversité et protection de l’environnement sont désormais placées sur un pied d’égalité avec les intérêts des actionnaires. Naïveté, green washing, engagement cosmétique, rétorquent certains. Pas si sûr. Ces grands patrons ont bien compris que si leur entreprise continue à creuser le fossé qui les sépare de la population, le consommateur lui tournera le dos, le département RH pleurera pour trouver des recrues motivées, des nouveaux circuits de consommation grignoteront leurs parts de marché. Bien sûr, ouvrir le débat sur leur propre rémunération aurait encore renforcé la crédibilité de leur démarche. Néanmoins, ce manifeste retentit comme un écho aux revendications qui ont émaillé 2019. Une idée à creuser pour nos jeunes ou fraîchement élus présidents de partis ? Un  » political roundtable statement  » qui remettrait l’intérêt général au-dessus du  » parti value « . Voilà une belle résolution à prendre au moment de s’embrasser sous le gui ! Georges-Louis, François, Rajae, Joachim, Paul si vous nous lisez…

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