Roy Moore. © REUTERS

Election sénatoriale en Alabama : la politique de Donald Trump à l’épreuve

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Aujourd’hui, les habitants de l’Etat américain d’Alabama choisissent un nouveau sénateur. Si les sondages sont disputés, ils donnent un léger avantage à Roy Moore, accusé le mois dernier d’abus sexuels sur mineurs. En coulisses, c’est l’avenir de la politique de Donald Trump qui se joue.

Les électeurs de l’Alabama sont convoqués pour élire le remplaçant de Jeff Sessions au Sénat, ce dernier ayant été nommé ministre de la Justice. Le scrutin est local, mais son importance est nationale. C’est en effet l’avenir de la politique menée par le président américain Donald Trump qui est en jeu.

Cette élection est habituellement une promenade de santé pour les républicains, l’Etat étant une forteresse conservatrice depuis de nombreuses années. Mais cette campagne s’est révélée plus délicate que les précédentes. La campagne a été dominée par les accusations d’agression sexuelle à l’encontre du controversé candidat républicain, Roy Moore (70). Depuis les révélations du Washington Post, il évite au possible d’apparaitre dans les médias ou de s’adresser à la presse. Cet ancien magistrat ultraconservateur est également connu pour ses positions extrêmes sur les homosexuels, les musulmans et la place de la religion dans la politique. L’homme suscite les moqueries ou la consternation aux quatre coins du pays.

Reprise du « trumpisme »

L’ancien conseiller du président des Etats-Unis et patron du site pro-Trump Breitbart, Stephen Bannon a, lors d’un meeting de soutien au candidat républicain, martelé : « C’est une élection nationale ». Pour lui, l’élection se joue « entre le miracle Trump et le projet d’invalidation » de l’élection présidentielle. Malgré ses visions extrêmes sur certains sujets sensibles et les accusations d’abus sexuels, Roy Moore est considéré comme le continuateur du « trumpisme », appelé à terrasser les forces de l’establishment et les médias qualifiés de « fake news ».

Roy Moore est venu se greffer sur les idées et les discours « trumpistes » au fil de la campagne. Le but : rallier à sa cause certains républicains qui ne lui conféraient pas leur soutien, rebutés par son activisme religieux. Outre son rejet des droits des personnes transgenres et du mariage homosexuel, son discours inclut la lutte contre l’immigration clandestine et une défense forte, deux sujets capitaux aux yeux du président des Etats-Unis.

Election sénatoriale en Alabama : la politique de Donald Trump à l'épreuve
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Soutien controversé et image du parti

L’équilibre du Sénat américain est également en jeu. Après avoir tergiversé, Donald Trump a finalement apporté un soutien entier au vainqueur du primaire républicain. Un soutien controversé jusque dans les plus hauts rangs du parti. La logique du président est la suivante : Moore est nécessaire pour conserver la courte majorité au Sénat. Selon certains journalistes politiques, il verrait également des similitudes avec sa propre campagne présidentielle, des accusations de comportement sexuel déplacé ne l’ayant pas empêché d’être choisi par les électeurs.

Mais l’image républicaine pourrait être écornée quelle que soit l’issue du scrutin. En effet, si Roy Moore l’emporte, le parti craint d’être sali. Et s’il perd, la majorité républicaine au Sénat passera de 52 sièges sur 100 à 51, une position assez peu confortable pour les républicains qui n’auraient plus qu’une très courte marge de manoeuvre.

Et chez les Démocrates ?

Côté démocrate, on mène l’opposition sur deux fronts : l’extrémisme de l’adversaire sur de nombreuses problématiques et le scandale créé par les allégations d’attouchements sur mineures à la fin des années 1970. Depuis 1992, l’Etat d’Alabama n’a jamais élu un sénateur démocrate. Les sondages sont encore aujourd’hui indécis et contradictoires.

Le candidat démocrate, Doug Jones, est un ancien procureur fédéral de 63 ans, connu pour avoir fait condamner des membres du Ku Klux Klan dans l’incendie mortel d’une église noire à Birmingham. Pour l’emporter, il devra mobiliser la base démocrate et la minorité noire. Il devra également convaincre une partie des républicains modérés de voter pour lui. Mais sa position pro-avortement pourrait faire hésiter de nombreux conservateurs. (avec AFP)

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