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Ebola, une épidémie sans précédent et hors de contrôle (vidéo)

Tandis que l’OMS a qualifié l’actuelle épidémie d’Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest, comme la pire qu’ait jamais connu le continent et estimé qu’elle allait va durer encore « plusieurs mois », le co-découvreur du virus, Peter Piot a rappelé les raisons de la propagation du virus et son inquétude d’une « contamination » du Sénégal et Mali voisins.

L’Ebola et d’autres fièvres hémorragiques ont tué depuis janvier 467 personnes sur 759 cas recensés dans les trois pays touchés, la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia, selon le dernier bilan de l’OMS publié mardi. Ce nouveau bilan recense 129 décès de plus que le précédent publié une semaine auparavant, soit une augmentation de plus d’un tiers, signe que l’épidémie est repartie, après une accalmie en avril.

L’épidémie d’Ebola en Afrique va durer encore .plusieurs mois . selon l’OMS

Il est « impossible de savoir de manière claire » jusqu’où ira l’épidémie, mais « je pense que nous allons devoir y faire face pendant plusieurs mois », a déclaré Keiji Fukuda, sous-directeur général chargé de la Sécurité sanitaire à l’OMS. « J’espère vraiment que nous verrons un renversement de la tendance et une baisse du nombre de cas d’ici quelques semaines », a-t-il cependant ajouté.

Marie-Christine Ferir, de Médecins sans Frontières (MSF) a estimé, elle aussi, que l’épidémie « pourrait continuer pendant quelques semaines, ou peut-être quelques mois dans certains endroits ». Les ministres de la Santé de douze pays africains débattaient mercredi et jeudi dans la capitale ghanéenne des mesures d’urgence à adopter pour stopper la propagation de la maladie. Prenaient part à ce sommet de crise les ministres de la Santé ou des hauts responsables de Guinée, Liberia, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Nigeria, République démocratique du Congo, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Mali, Sénégal et Ouganda, l’OMS et des organisations humanitaires comme MSF et la Croix-Rouge. Des spécialistes des épidémies américains et européens étaient également présents.

Parmi les mesures attendues figurent une série de recommandations aux pays de la région et la constitution d’un fonds d’urgence de 10 millions de dollars (7,3 millions d’euros) pour renforcer les structures de soins dans les régions les plus touchées.

La pauvreté, la superstition, la peur et l’ignorance facteurs de propagation du virus

A l’occasion de ce sommet, Peter Piot, le médecin louvaniste qui a découvert le virus Ebola en 1976 au Zaïre s’est exprimé sur la chaîne américaine CNN.

Acutellement directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, le docteur Piot explique son effroi en 3 points: « Tout d’abord, une telle épidémie n’a jamais eu lieu en Afrique de l’ouest. « En second lieu, c’est la première fois qu’une épidémie touche trois pays en même temps. Troisièmement, c’est également une première de voir le virus apparaître dans des capitales » et non plus exclusivement dans les zones rurales.

Le spécialiste rappelle aussi les symptômes et conséquences chez le porteur du virus et comment la pauvreté, la superstition, la peur et l’ignorance contribuent à la propagation du virus.

Enfin, Peter Piot craint que le virus ne se propage massivement, vers les pays voisins comme le Sénégal et le Mali, via les voies commerciales et les conséquences: « C’est excessivement inquiétant. Cela pourrait évoluer vers une crise sanitaire grave, à mes yeux l’état d’urgence doit être décrété ».


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Histoire et mortalité du virus

Le virus d’Ebola, très contagieux, provoque des fièvres hémorragiques, suivies de vomissements et de diarrhées. Il y a eu 21 épidémies d’Ebola depuis que le virus a été repéré pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Avant l’actuelle épidémie, le virus avait causé la mort de 1.587 personnes, soit les deux tiers des personnes infectées, selon un décompte de l’AFP basé sur les données de l’OMS. On parle souvent d’un taux de mortalité pouvant atteindre 90% des cas : ce chiffre correspond en réalité au pourcentage de malades ayant succombé au virus lors de la première épidémie de 1976 et lors d’une seconde épidémie particulièrement meurtrière au Congo Brazzaville, en 2003. Le taux de mortalité de l’épidémie actuelle est de 61,5%, soit un peu plus bas que la moyenne, mais elle couvre une région géographique bien plus étendue que les précédentes.

Il n’y a ni vaccin ni traitement, mais selon les experts on peut nettement augmenter les chances de survie des malades en leur administrant du paracétamol pour contenir la fièvre, en les réhydratant et en traitant les infections secondaires avec des antibiotiques. L’épidémie est partie de la Guinée, qui compte 303 morts (dont 193 attribués de manière certaine à Ebola). Le Liberia a dénombré 65 morts (33 attribués à Ebola) et la Sierra Leone 99 morts (65 attribués à Ebola).

Selon les experts présents au sommet d’Accra, les croyances traditionnelles encore très ancrées dans de nombreux villages favorisent la propagation du virus. Les rituels funéraires notamment, où les parents et amis sont en contact direct avec le corps du défunt, jouent un rôle important dans la transmission. Les ministres de la Santé ont notamment décidé d’impliquer davantage les chefs locaux auprès des populations à risque, des chefs bien plus influents que les experts médicaux internationaux dans les régions les plus reculées, selon Abdulsalami Nasidi, du centre nigérian de contrôle des maladies, un des délégués au sommet.

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