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Des Américains se débarrassent de l’enfant qu’ils ont adopté via Facebook

Stagiaire Le Vif

Le « re-homing », soit une adoption dite de « seconde mains » a fait son apparition aux États-Unis. Des parents proposent sur internet leur enfant adopté dont ils ne veulent plus. Il peut alors être à nouveau adopté par n’importe qui et sans aucun contrôle.

« Nous avons adopté une petite Chinoise de 8 ans. Malheureusement, après cinq jours à la maison, le courant ne passe pas. Cela intéresse quelqu’un ? » Cela ressemble à une annonce pour se débarrasser d’un animal devenu encombrant, et pourtant il s’agit bien d’une petite fille. Une petite fille qui quelques jours seulement après avoir été adoptée est déjà proposée au tout-venant. Aussi choquant que cela puisse paraître, cela n’a rien d’une exception comme le démontre une enquête de 18 mois de l’agence Reuters.

Enfant adopté à donner

Des annonces comme celles-là, Reuters en a découvert plus de 5000 sur le net. Elles ont été publiées sur des groupes Yahoo ou Facebook par des parents voulant se débarrasser d’enfants qu’ils avaient adoptés peu de temps auparavant. La plupart sont âgés de 6 à 14 ans et viennent de pays comme la Russie, la Chine, L’Éthiopie ou l’Ukraine.

Après avoir été informé de l’existence de ces groupes de don d’enfant sur son site, Yahoo les a immédiatement supprimés. Facebook lui a refusé. La porte-parole du réseau social s’est justifiée en expliquant qu' »Internet est le reflet de notre société. Les gens utilisent toutes sortes de moyens de communication pour aborder toutes sortes de problèmes, y compris les plus compliqués comme c’est le cas ici ». Ce groupe, appelé « Way stations of Love » est toujours actif, mais est désormais privé. Il est donc impossible d’y accéder sans y être invité par un membre.

Des enfants à maltraiter ?

L’enquête de Reuters montre que, souvent, ces enfants « à donner » sont maltraités dans leur nouvelle famille. « Ils n’ont pas été élevés par leurs parents biologiques et ont été envoyés dans un pays qu’ils ne connaissent pas, parfois sans même parler l’anglais » explique Michael Seto, un Canadien expert dans les cas d’abus sexuel sur les enfants. « Ils sont une proie facile particulièrement susceptible d’être exploitée ».

C’est notamment le cas de Quita, une adolescente de 16 ans originaire du Liberia. Elle a été adoptée par une famille américaine avant d’être refourguée par petite annonce dans la famille Eason. Problème : Nicole Eason a perdu la garde de son propre bébé à cause de « problèmes psychiatriques sévères et de tendances à la violence ». Quelque temps auparavant elle avait également été accusée d’abus sexuels sur des enfants dont elle s’occupait comme baby-sitter. Pas vraiment le profil de rêve pour une nouvelle maman.

Se débarrasser d’un enfant est très facile aux USA

Selon les lois américaines, une simple procuration permet aux parents de confier la garde de leur enfant à un autre adulte. Si à l’origine cette procédure a été mise en place pour des situations temporaires – comme c’est le cas quand un enfant est confié à un proche en cas d’absence des parents – elle est désormais aussi utilisée pour transférer des enfants adoptés chez de parfaits inconnus. Personne ne vérifie chez qui va l’enfant et les autorités de protection de l’enfance n’enquêtent pas sur le nouveau foyer à moins que ce dernier change d’État. Mais là aussi, rien dans la loi n’oblige les parents à le signaler.

Selon une estimation du gouvernement entre 10 à 25 % des adoptions internes au pays échouent. « Si l’on applique ce pourcentage aux adoptions d’enfant étranger, 24 000 enfants ne seraient plus élevés par les parents qui les ont adoptés initialement ». Les experts ajoutent que ce pourcentage pourrait se révéler plus important encore à cause du manque de soutien accordé aux parents adoptifs.

Candice DENIS (stg.)

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