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Covid: les contaminations au niveau mondial repartent à la hausse, faut-il s’inquiéter ?

Le Vif

Alors que la pandémie semblait avoir amorcé pour de bon une décrue mondiale, les contaminations repartent à la hausse dans plusieurs pays : Allemagne, Pays-Bas, Espagne… Est-ce inquiétant ?

Après cinq semaines de décrues et avec 1,59 million de contaminations enregistrées chaque jour dans le monde, les contaminations repartent à la hausse (+8% par rapport à la semaine précédente). Elles sont tirées par la recrudescence de cas en Asie, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne. Les contaminations quotidiennes restent toutefois deux fois moins nombreuses que lors du pic de fin janvier (3,37 millions de cas quotidiens).

Une hausse mondiale des contaminations

On notera que si le nombre des cas diagnostiqués est un indicateur important, il ne reflète qu’une fraction du nombre réel des contaminations et les comparaisons entre pays sont à prendre avec précaution, les politiques de tests différant fortement d’un pays à l’autre. Néanmoins, cela permet de se faire une idée. Par exemple, on constate que l’Asie et l’Océanie restent les deux zones où la situation se détériore le plus, avec respectivement 27% et 20% de contaminations en plus par rapport à la semaine précédente.

L’indicateur repasse également légèrement à la hausse en Europe (+1%) ou les Pays-Bas ont enregistré la plus grosse accélération la semaine dernière avec une progression de +80% par rapport à la semaine précédente et 62.800 nouveaux cas quotidiens. Mais cette hausse s’expliquerait par un assouplissement des mesures ainsi que les vacances de carnaval, et les chiffres repartent cette semaine à la baisse. Ils sont suivis, au niveau européen, par le Portugal (+35%, 12.200). La situation continue en revanche de s’améliorer nettement dans la zone Etats-Unis/Canada (-30%), au Moyen-Orient (-27%) et dans la zone Amérique latine/Caraïbes (-12%).

Flambée en Chine

Au moment où la politique de « zéro-Covid » menée par Pékin semble susciter une lassitude au sein de la population, soulevant des interrogations sur son bien-fondé face au variant Omicron, les 17 millions d’habitants de Shenzhen, le centre technologique du sud de la Chine, étaient confinés lundi en raison d’une flambée record des cas de Covid-19. Les autorités ont recensé lundi 2.300 nouveaux cas à travers le pays. Près de 3.400 avaient été comptabilisés la veille, le chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie. Shenzhen est l’une des dix villes de Chine à faire actuellement l’objet d’un confinement. Des restrictions ont été imposées dans d’autres grandes villes du pays, dont Shanghai, métropole la plus peuplée de Chine. La ville a fait état de 170 nouveaux cas lundi, chiffre qui peut paraître dérisoire, mais qui fait tache en Chine et suscite l’inquiétude des entreprises quant aux difficultés économiques à venir.

Car si le nombre de cas demeure faible par rapport à la situation vécue dans d’autres pays, il reste remarquable dans le contexte de la Chine où les autorités n’ont de cesse, depuis 2020, d’appliquer une politique de tolérance zéro face à l’épidémie. Jusqu’à présent, la Chine était parvenue à contrôler les foyers épidémiques sporadiques au moyen de confinements locaux, de dépistages de masse, d’un contrôle de sa population par l’intermédiaire d’applications de traçage alors que les frontières du pays restent pratiquement fermées. Mais l’apparition du variant Omicron met à mal cette approche drastique, au moment où la plupart des autres pays ont fait le choix de vivre avec le virus. Dans un avenir proche, rien n’indique cependant que les autorités vont changer d’approche.

L’Allemagne elle aussi dans une situation critique

L’Allemagne, qui prévoit d’assouplir nombre de restrictions à partir du 20 mars, a enregistré un taux record ce lundi 14 mars. Le taux d’incidence mesurant le nombre de nouveaux cas de coronavirus par 100.000 habitants a atteint 1.543 sur les sept derniers jours, un niveau record depuis le début de la pandémie dans le pays, ressort-il des chiffres de l’institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI). La semaine dernière, il s’établissait à 1.259,2. Au cours des dernières 24 heures, 92.378 nouvelles infections par le Sars-Cov-2 ont été enregistrées, contre 78.428 la semaine précédente.

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La situation se dégrade en particulier à cause de la propagation du sous-variant BA.2, particulièrement contagieux, qui représente actuellement en Allemagne environ 38% des nouvelles infections, selon Lothar Wieler, directeur de l’institut de veille sanitaire Robert Koch. L’Allemagne se trouve effectivement dans une situation sanitaire « critique » en raison de l’augmentation du nombre de cas de Covid-19, selon Karl Lauterbach, le ministre de la Santé.

« L’état d’esprit de la population et d’une partie du paysage politique est que nous aurions maîtrisé la pandémie, mais nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une situation où 200 à 250 personnes meurent chaque jour », avec le risque que le bilan s’aggrave encore dans les prochaines semaines, a-t-il assené. Selon lui, il faudrait rendre la vaccination obligatoire, si l’on veut maîtriser la pandémie à l’automne ». Aujourd’hui quelque 75% de l’ensemble de la population est vacciné en Allemagne et 57% a reçu une dose de rappel.

Et en Belgique ?

Cette hausse mondiale ne devrait pourtant pas, à première vue, être source d’inquiétude dans notre pays. Suite à l’assouplissement des mesures, les experts s’attendent même à ce que les chiffres connaissent une hausse dans les prochains jours, comme ils l’ont déjà fait la semaine dernière. Ainsi entre le 2 et le 8 mars, 7.250 nouvelles contaminations par le Sars-CoV-2 ont été dépistées en moyenne par jour, soit une augmentation de 24% par rapport à la semaine précédente. Un autre chiffre qui indique une hausse est le taux de reproduction du virus qui est à 1,02. Or lorsqu’il est supérieur à 1, cet indicateur signifie que l’épidémie tend à progresser.

Cette hausse à court terme n’aurait cependant rien d’inquiétant puisque cela ne devrait pas mettre les hôpitaux en difficultés. De toute façon, comme l’ont déjà montré les deux autres années sous pandémie, le virus semble connaître une accalmie au printemps et en été. Et puis l’on vient d’avoir deux fortes vagues (Delta et Omicron) et une grande partie de la population a reçu une troisième dose.

A l’heure actuelle, 9.101.883 personnes sont totalement vaccinées, soit 79% de la population totale et 89% des adultes belges. 7.058.787 ont par ailleurs reçu la dose booster, soit 61% de la population totale et 75% des plus de 18 ans. Pour Sabine Stordeur, co-responsable de la Task Force vaccination, la vaccination reste la priorité. « Les médias ont un peu trop tendance à conjuguer la pandémie au passé, mais le booster reste un prérequis essentiel, surtout à l’heure où la circulation du virus Omicron montre déjà des signes inquiétants d’accélération, avec la souche BA.2 qui s’impose progressivement »

Néanmoins, cette immunité dite hybride, rend plus résistant et semble donner raison aux pays qui n’ont pas opté pour la politique zéro Covid (Hong Kong voit par exemple sont nombre de décès explosé en ce moment). Mais cela aura aussi fait payer à la Belgique un lourd tribut avec plus de 30.000 décès.

Cinq scénarios possibles pour la suite de la campagne de vaccination en Belgique

Le schéma le plus probable, le scénario A, prévoit l’administration d’une seconde dose booster à l’automne prochain, en commençant par les personnes les plus vulnérables, à savoir les résidents de maisons de repos et les plus de 75 ans, et en lançant, en parallèle avec la vaccination contre la grippe, le deuxième rappel des professionnels de la santé et des personnes âgées, immunodéprimées ou souffrant de comorbidités. Dans le cas où la situation épidémiologique se dégradait plus rapidement que prévu, la campagne pour la deuxième dose de rappel pourrait débuter plus tôt, en avril 2022. Les scénarios B à D envisagent ce point de départ, élargissant le groupe cible de la population âgée (75+) à la population totale. Le scénario E envisage un deuxième rappel pour la population totale, mais seulement à partir de l’automne, sans débuter en avril pour les plus âgés.

Personne ne peut garantir que le Covid est définitivement terminé

A en croire une analyse du Financial Times, on aurait désormais même plus de risque de mourir de la grippe que Covid. Il est quoiqu’il arrive encore beaucoup trop tôt pour dire que l’épidémie est terminée, car rien ne dit que cette immunité sera encore suffisamment puissante à l’automne pour relayer le Covid au rang de « simple grippe saisonnière » gérable par les hôpitaux.

Les experts sont pour cela unanimes, il s’agit de rester vigilant et de mettre en place des cellules de veille spécialisée qui pourront tirer l’alarme à temps, par exemple en cas d’apparition d’un nouveau variant. D’autant plus que tout porte à croire que ce virus particulièrement imprévisible ait joué sa dernière carte. Après tout il a déjà montré qu’il était capable de muter de façon suffisamment significative que pour déjouer les immunités accumulées.

Une crainte confirmée par Maria Van Kerkhove, en charge de la lutte contre le Covid-19 à l’OMS, qui ne cache pas sa frustration face à l’erreur manifeste d’appréciation de la situation par les pays. « Cela va se reproduire! Quand allons-nous vraiment apprendre? » a-t-elle lancé, lors de la session sur les réseaux sociaux.

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Plus de 18 millions de morts dans le monde, selon une étude

La pandémie de Covid-19 aurait provoqué plus de 18 millions de morts dans le monde entre début 2020 et fin 2021, plus de trois fois le bilan officiel, selon une étude publiée dans la revue The Lancet. Si le chiffre officiel compte 6.026.306 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, sur plus de 451 millions de contaminations confirmées, divers travaux l’ont jugé fortement sous-estimé et ont tenté de mieux évaluer le bilan global de la pandémie. Les Etats-Unis sont le pays ayant enregistré le plus de décès (967.158), devant le Brésil (654.945), l’Inde (515.714) et la Russie (359.585). Mais rapportés à la population, les pays où l’épidémie a fait le plus de ravages sont le Pérou avec 641 décès pour 100.000 habitants, la Bulgarie (518) et la Bosnie-Herzégovine (476).

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