Cyla et Simon Wiesenthal © EPA

Cinq histoires d’amour au temps de la Shoah

Le Vif

En cette journée de la Shoah qui a lieu chaque année en mémoire des six millions de victimes juives du nazisme, il n’est pas inutile de rappeler que l’amour peut être plus fort que tout. La preuve en ces cinq histoires d’amour qui se sont nouées durant l’holocauste.

1. Cyla Cybulska et Jerzy Bielecki: « Trois semaines trop tard »

Jerzy Bielecki rencontre Cyla Cybulska en 1943 dans un silo à grain d’Auswitch. Il est enfermé dans le même camp depuis 1940 pour des faits de résistance. Ce qui commence comme une amitié se transforme en amour et transforme chaque rencontre en un moment inoubliable. Ils parviennent à s’enfuir du camp le 21 juillet 1944 déguisés en SS. Leur évasion rocambolesque a été possible grâce à la position relativement privilégiée de polonais germanophone catholique de Jerzy. Après des nuits de marche, ils atteignent la ferme d’un des oncles de Bielecki. Afin de garantir leur sécurité, ils décident de séparer.

Lorsque sonne la fin de la guerre, Cybulska n’a pas de nouvelles de son amant. Ne sachant s’il est mort ou s’il l’a tout simplement abandonnée, elle décide de partir vers Varsovie où elle rencontre David Zacharowitz. Ce qu’elle ignore alors, c’est que la région où se trouve Bielecki mettra trois semaines avant d’être libérée. Lorsqu’enfin, Jerzy Bielecki arrive sur place pour la retrouver, Cyla n’est plus là.

Des années plus tard, Cyla raconte son évasion à sa femme de ménage polonaise. Cette dernière lui révèle qu’elle a un jour vu un homme raconter exactement la même histoire à la télévision polonaise.

Un jour de mai 1983, Bieleicki reçoit un appel à l’aube : ‘Juracku, c’est moi, ta petite Cyla.’ Quelques semaines plus tard, il la retrouve à l’aéroport de Cracovie avec 39 roses à la main, une pour chaque année qu’a duré leur séparation. L’amour renait, mais il ne suffira pas. Bielecki ne souhaite pas quitter sa femme et ses enfants pour son premier amour. « C’est le destin qui en a décidé ainsi. Mais si c’était à refaire, je ne changerais rien.

2. Cyla et Simon Wiesenthal: « Les ressuscités »

Une autre Cyla, pour une autre histoire d’amour. Le célèbre chasseur de nazis Simon Wiesenthal se marie avec sa femme Cyla en 1936 et s’installe dans la ville polonaise de Lvov qui se trouve aujourd’hui en Ukraine. En 1941, les Wiesenthal sont déportés vers un camp de travail. Simon fait jouer ses contacts parmi la résistance polonaise pour que sa femme puisse s’évader en 1943 et se réfugier à Varsovie. En 1944, Simon se suicide. Il survivra, mais ça, Cyla ne le sait pas. Transporté vers un autre camp, Simon rencontre un homme qui lui dit que Cyla a été tuée par les nazis à Varsovie. En 1945, la Croix Rouge va elle-même confirmer la mort de Cyla. Sauf que tout comme Simon, Cyla n’est pas morte.

Chacun pense donc que l’autre est mort jusqu’à ce qu’une connaissance commune raconte à Cyla que son mari est bel et bien vivant. Il est tout comme elle à Cracovie, mais dans la zone américaine. Après plusieurs péripéties, ils arrivent enfin à se rejoindre. 9 mois plus tard naîtra leur petite fille.

3. Nancy (Nechema) et Howard Kleinberg: « Un être vivant parmi les cadavres »

Leur première rencontre n’a rien de romantique. Mais elle semble incontestablement le fruit du destin. Parmi les milliers de cadavres qui jonchent le camp de Bergen-Belsen à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la jeune Nechema à peine âgée de 16 ans aperçoit quelqu’un qui bouge encore. Elle le reconnaît comme l’un des amis de ses frères. Elle qui n’a plus personne restera des semaines au chevet du malade. Un jour, alors qu’il a repris des forces et que Nancy est partie lui chercher à manger, il s’enfuit du camp. Il s’évapore dans la nature sans laisser le moindre mot. Transporté dans un hôpital militaire, il y restera six mois. Lorsqu’il immigre vers Toronto après la guerre, il se rend compte, par hasard, que Nancy se trouve elle aussi dans cette ville. Il achète de fleurs et se met à la recherche de la jeune fille qui lui a sauvé la vie. Ils se marient trois ans plus tard.

4. Perla et David Szumiraj: « L’amour au coeur d’Auschwitz »

David Szumiraj et sa femme Perla se sont rencontrés à Auschwitz. Ceux qui échappaient aux chambres à gaz étaient utilisés comme ouvriers. David travaillait sur les champs de pommes de terre là ou Perla nettoyait les légumes. À chaque occasion, ils se cherchaient du regard, mais toute parole était interdite. Sans prononcer le moindre mot, ils s’aimaient. Lorsque la guerre touche à sa fin, on sépare les hommes et les femmes. Ils se promettent de se retrouver. Grâce à un ami, le miracle a lieu. Ils marient quelque temps plus tard avant d’émigrer à Buenos Aires.

5. Manya et Meyer Korenblit: « Jusqu’à ce qu’on se revoie »

Manya et Meyer ne sont que des adolescents lorsqu’ils tombent amoureux en 1942. Comme ils sont juifs, on les place dans un ghetto puis dans un camp de concentration. Par hasard, ils se retrouvent dans un même camp et arrivent à se voir à travers les grillages qui séparent les hommes des femmes. Ils se promettent qu’une fois la guerre finie, ils s’attendront dans leur village. Lorsque sonne l’armistice, près de 98% de la population juive de Hrubieszow a disparu. Manya arrive la première et attend. Il lui faudra attendre encore six semaines son grand amour. Meyer aura survécu à la marche de la mort de Dachau pour la retrouver.

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