© Image Globe

Chypre : 12 morts dans l’explosion d’une cargaison d’armes iranienne

L’explosion d’une cargaison d’armes iranienne a fait 12 morts et une trentaine de blessés lundi matin sur la principale base navale du sud de Chypre, le pire accident militaire depuis l’invasion du nord de l’île par la Turquie en 1974. Le ministre de la Défense a donné sa démission.

La déflagration a endommagé des véhicules et des bâtiments et soufflé toutes les fenêtres du village de pêcheurs voisin de Zygi, très fréquenté par les touristes, a constaté un journaliste de l’AFP.

Quasi attenante à l’enceinte militaire, la principale centrale électrique de l’île méditerranéenne a stoppé nette sa production: trois de ses quatre bâtiments principaux ont été fortement endommagés, entraînant d’importantes coupures d’électricité susceptibles de durer plusieurs semaines.

Les autorités ont suspendu la circulation sur l’unique autoroute reliant la capitale Nicosie, dans le centre, à la deuxième ville Limassol, sur la côte septentrionale. Les automobilistes qui s’y trouvaient lors de la série d’explosions ont raconté avoir vu des débris voler dans les airs, la base militaire se trouvant à moins d’un kilomètre de là.

L’accident a eu lieu à 2H50 GMT dans un local du camp Evangelos Florakis où étaient entreposés 98 conteneurs de poudres à canon qui faisaient partie d’une cargaison d’armes saisie en 2009 dans l’est de la Méditerranée sur un navire en provenance d’Iran et à destination de la Syrie. « Deux se sont enflammés et il y a eu d’énormes explosions », a déclaré à CNA un porte-parole de la police.

Des feux de broussailles partis de la campagne environnante ont atteint la base et provoqué l’accident, a rapporté la radio publique, indiquant que les pompiers avaient été appelés une heure et demie avant les explosions.

Le dernier bilan de CNA et de la télévision publique fait état de 12 morts: des pompiers, des soldats de la Garde nationale chypriote-grecque et des marins, mais aucun civil. Et les secours continuaient en milieu de journée à chercher des disparus, selon une source militaire citée par CNA.

Trois blessés souffrent de blessures graves, tandis qu’une quarantaine d’autres ont été traités pour des blessures mineures, a indiqué le ministre de la Santé Christos Patsalides.

Le souffle a été tel qu’il ne reste plus aucune trace du dépôt d’armes, seulement un cratère, a raconté le président du Parlement, Yiannakis Omirou, après s’être rendus sur les lieux dont l’accès est interdit à la presse.

Les munitions iraniennes qui ont explosées ont été saisies en janvier 2009 sur un navire battant pavillon chypriote, intercepté alors qu’il faisait route vers la Syrie, a dit le chef de la Garde nationale Petros Tsaliklides à la radio publique.

Un comité du Conseil de sécurité des Nations unies avait conclu en mars dernier que cette cargaison était en violation avec l’embargo sur les armes imposé à l’Iran dans le cadre des sanctions de l’ONU sur Téhéran en raison de son programme nucléaire controversé.

Il s’agit d’une « tragédie aux dimensions bibliques », a commenté le ministre du Commerce Antonis Paschalides sur les ondes de la radio publique.

Plusieurs régions de la partie grecque de l’île étaient privées d’électricité et les autorités ont appelé la population à faire usage de civisme pour limiter la consommation d’électricité, exhortant à user avec parcimonie des climatiseurs. Ces machines énergivores tournent à plein régime à cette période de l’année durant laquelle le mercure est quasi-bloqué autour de 40 degrés celsius.

En outre, les autorités ont suspendu le fonctionnement des usines de désalinisation, avertissant que « la quantité d’eau potable était très limitée », selon CNA.

Le ministre de la Défense démissionne

Le ministre chypriote de la Défense Costas Papacostas a offert sa démission au président Demetris Christofias, qui l’a acceptée, après la série d’explosions mortelles.

Selon la radio et l’agence CNA (publiques), des haut-gradés de la Garde nationale chypriote-grecque s’étaient inquiétés ces dernières semaines des conditions d’entreposage de la cargaison d’armes iranienne à l’origine de l’accident qui a coûté la vie à au moins 12 personnes.


Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire