Charles Michel © AFP

Charles Michel au Maroc huiler les rouages de la coopération

Le Premier ministre belge Charles Michel a rencontré lundi les autorités marocaines à Rabat afin d’intensifier la coopération entre les deux royaumes, en compagnie du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, et du secrétaire d’Etat à l’Asile, Theo Francken. Parmi les points évoqués, figure un accord portant sur la transmission des empreintes digitales des ressortissant marocains.

Tout citoyen marocain doit faire enregistrer ses empreintes digitales à partir de ses 18 ans. Cette formalité intéresse au premier chef la Belgique dans ses efforts contre l’immigration illégale. Certaines personnes sans papier se font passer pour Marocaines alors qu’elles ne le sont pas pour éviter une expulsion ou, à l’inverse, certains Marocains font croire qu’ils sont, par exemple, Syriens ou Irakiens pour essayer de rester en Belgique.

Actuellement, la coopération dans ce domaine est trop aléatoire aux yeux des autorités belges. Les réponses des services marocains aux demandes belges ne viennent pas ou les délais sont trop longs. Un « memorandum d’entente » est en voie de finalisation. Les textes sont prêts. Un délai de réponse de 45 jours sera selon toute vraisemblance d’application. Contrairement à ce qui était attendu la semaine passée, le document n’a pas été signé lors de la visite de lundi mais devrait l’être à la fin avril, lors d’une rencontre à Bruxelles entres ministres belges et marocains.

Alors que la négociation d’un accord de réadmission dans un cadre européen patine, la Belgique disposerait de la sorte d’un moyen facilitant le retour de ressortissants marocains vers leur pays d’origine.

MM. Francken et Jambon ont rencontré lundi le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, personnalité dépendant directement du roi Mohamed VI. Un entretien a également eu lieu entre le M. Michel et son homologue Abdel Ilah Benhiram.

« Nous avons constaté notre capacité à renforcer la coopération dans plusieurs domaines », a souligné le premier ministre belge, insistant notamment sur la lutte contre le terrorisme et le radicalisme.

A ses yeux, le Maroc « est un espace de paix, de sécurité et de stabilité ».

« Le partenariat que nous avons n’est pas suffisant. Nous avons besoin de davantage de coopération dans les domaines économiques ou professionnels mais aussi policiers », a expliqué M. Benhiram.

La Belgique entretient de longue date des relations avec le royaume chérifien. A entendre le Premier ministre marocain, elles sont « excellentes ». Le départ de combattants vers le Moyen-Orient et les attentats perpétrés en France ont montré toutefois aux Belges l’importance d’intensifier la coopération. Près de 90% des Belges partis en Syrie et en Irak ont des origines marocaines.

M. Jambon se rendait au Maroc pour la troisième fois depuis son entrée en fonction. Des échanges policiers ont eu lieu et se poursuivront. Au mois de mai, des policiers marocains se rendront dans quatre zones belges (Bruxelles, Vilvorde, Anvers et Verviers). Des sujets nouveaux sont explorés, notamment l’éventualité de combattants belges partis dans le Sahel. Les entretiens de la journée ont également permis aux deux pays de mieux identifier les services appelés à collaborer de part et d’autre.

Si les officiels belges et marocains se félicitent des relations entre des deux royaumes, l’ambiance est en revanche tendue entre le Maroc et l’Union européenne depuis quelques jours. Jeudi passé, le gouvernement marocain a annoncé la « suspension de tout contact » avec l’UE pour protester contre une décision de la justice européenne invalidant un accord agricole conclu avec le Maroc au motif qu’il s’appliquait aussi au Sahara occidental.

Le sujet est éminemment sensible au Maroc qui contrôle cette ancienne colonie espagnole également revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

« Ce n’est pas qu’une affaire de tomates et de sardines. C’est une affaire politique, géostratégique très importante », a déclaré M. Benhiram.

Le Premier ministre marocain à appelé l’Europe « à la raison ». « Nous voulons que ce problème puisse être dépassé le plus rapidement sensible », a-t-il ajouté.

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