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« Chaque vote compte »: début en Inde des plus grandes élections de l’Histoire

Le Vif

Sous un soleil de plomb, des dizaines de millions d’Indiens se sont rendus jeudi dans les bureaux de vote pour le coup d’envoi des plus grandes élections de l’Histoire, qui dureront six semaines et détermineront l’avenir de la démocratie la plus peuplée du globe.

Environ 142 des 900 millions d’électeurs devaient prendre part au premier jour des législatives, et des responsables électoraux ont fait état d’une forte participation dans les 20 Etats concernés. L’Inde est constituée de 29 Etats et de sept territoires de l’Union.

Le Premier ministre sortant Narendra Modi, 68 ans, sous le mandat duquel la société indienne s’est fortement polarisée, a à cet égard appelé sur Twitter ses concitoyens à aller voter en « nombre record ».

Barbe blanche impeccable et fines lunettes, son visage est partout en Inde. Panneaux et encarts publicitaires officiels, émission de radio mensuelle, couverture médiatique non-stop, réseaux sociaux: Narendra Modi est une présence constante dans la vie quotidienne des Indiens.

Natif du Gujarat (ouest) et vendeur de thé dans son enfance, ce formidable harangueur de foules bénéficie d’une grande popularité due à ses origines modestes et à l’image d’homme fort qu’il cultive.

Son principal adversaire, Rahul Gandhi, 48 ans, le président du parti du Congrès et héritier de l’illustre dynastie politique des Nehru-Gandhi, a quant à lui mis en garde contre une reconduction au pouvoir des nationalistes hindous: « Vous votez aujourd’hui pour l’esprit de l’Inde. Pour son avenir. Votez avec sagesse ».

« Mensonges. Mensonges. Mensonges. Méfiance. Violence. HAINE. Peur. », a-t-il encore écrit sur Twitter.

De la plaine du Gange aux îles tropicales du golfe du Bengale en passant par les mégapoles tentaculaires, les Indiens sont appelés jusqu’au 19 mai à choisir le prochain gouvernement de cette nation de 1,3 milliard d’habitants.

« C’est littéralement le plus grand exercice démocratique jamais entrepris dans l’Histoire du monde », a dit Milan Vaishnav, un expert au Carnegie Endowment for International Peace à Washington. Un million de bureaux de vote seront nécessaires au total pour élire les 543 députés de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement.

« Sensation incroyable »

Triomphalement propulsé aux responsabilités en 2014 avec son Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), Narendra Modi compte bien être reconduit dans ses fonctions pour un deuxième mandat de cinq ans. En travers de son chemin se dressent le parti du Congrès, la formation qui a dominé la politique indienne depuis l’indépendance de 1947, ainsi qu’une myriade de puissants partis régionaux décidés à en découdre.

En raison des dimensions du géant de l’Asie du Sud, le deuxième pays le plus peuplé du monde derrière la Chine, ces législatives sont découpées en sept phases. Différentes régions votent à tour de rôle dans ce scrutin uninominal majoritaire à un tour. Le comptage des voix sera effectué le 23 mai.

Jeudi, 91 circonscriptions situées dans le nord-est, le sud-est et le nord de l’Inde ont inauguré ce bal démocratique.

Cette journée électorale a dans le même temps été marquée par plusieurs violences meurtrières.

Ainsi, au moins trois personnes ont péri et plusieurs autres ont été blessées en Andhra Pradesh (sud-est) dans des affrontements entre partisans de partis régionaux rivaux.

Des explosions attribuées à des insurgés maoïstes se sont par ailleurs produites dans les Etats du Maharashtra (ouest), y faisant deux blessés – des policiers – et de Chhattisgarh (est).

Au Cachemire, une région en majorité peuplée de musulmans à l’origine de deux guerres avec le Pakistan, un adolescent de 13 ans a été tué et six personnes ont été blessées dans des heurts avec les forces de sécurité, qui tiraient à balles réelles tandis que des manifestants jetaient des pierres.

Des dizaines de milliers de policiers, de membres d’unités paramilitaires et de soldats étaient déployés sur ce territoire disputé.

Dans d’anciennes enclaves du Bangladesh côté indien, cédées à New Delhi en 2015 dans le cadre d’un échange de terres pour régler un contentieux territorial vieux de plusieurs décennies, ces élections ont eu une saveur particulière.

« C’est un jour historique pour les gens de ces anciennes enclaves », s’est exclamé Rabindranath Ghosh, un candidat. « Ils votent pour un gouvernement pour la première fois après avoir été apatrides pendant sept décennies ».

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