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Ce qu’il faut retenir de l’audience d’Hosni Moubarak

Procès ajourné, leader affaibli, protestations aux portes du tribunal… L’essentiel de l’audience d’Hosni Moubarak de ce lundi 15 août, au Caire, en Egypte.

Retour au tribunal. Le procès pour meurtre de manifestants et corruption de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, le premier d’un dirigeant du Moyen-Orient depuis le début du « printemps arabe », a repris ce lundi au Caire sous haute sécurité. A l’ordre du jour: leur responsabilité dans la mort de plus de 800 Egyptiens pendant le soulèvement de 18 jours qui a renversé Hosni Moubarak Mais le président a rapidement décidé de l’ajourner au 5 septembre. Ce qu’il faut retenir de cette brève audience.

Ce qui va changer pour les nouvelles audiences

Plus de caméras de télévision. Les prochaines audiences auront lieu à huis clos, a annoncé le président du tribunal pénal du Caire, Ahmed Refaat. Le procès était jusqu’ici diffusé en direct à la télévision publique et massivement suivi par les Egyptiens.

Autre changement: Moubarak et son ex-ministre de l’Intérieur, Habib el-Adli, seront jugés au cours d’un seul et même procès, accédant ainsi à l’une des principales demandes des avocats des familles des victimes. Adli est aussi poursuivi pour le meurtre de manifestants lors de la contestation populaire qui a secoué le pays du 25 janvier au 11 février. Son procès avait repris dimanche et avait été ajourné au 5 septembre. L’annonce que les deux hommes allaient être jugés ensemble a été accueillie par des cris de joie et des applaudissements des avocats des familles des victimes, qui ont lancé « Allah akbar » (Dieu est grand) à plusieurs reprises.

Officiellement, le report d’audience doit permettre aux avocats de continuer à examiner les documents et pièces à conviction.

Un dispositif de sécurité impressionnant

L’académie de police où se déroule le procès, qui portait autrefois le nom de Moubarak, est située en banlieue du Caire. Elle a été placée sous très haute surveillance. La police anti-émeutes était déployée en masse autour du bâtiment, gardé par des blindés de l’armée. Selon la télévision, pas moins de 5 000 membres des forces de l’ordre étaient déployés. En dépit de la lourde présence policière, des pro et anti-Moubarak se sont tout de même affrontés à coups de pierres hors du tribunal. Plusieurs blessés légers seraient à déplorer.

Une centaine des partisans de l’ex-président étaient arrivés déjà tôt le matin en criant « Nous t’aimons président! Non à l’humiliation ». De leur côté, une centaine d’opposants brandissaient des cordes, symbole de la pendaison qu’ils souhaitent à Hosni Moubarak, criant « Justice, justice! »

Un leader affaibli physiquement

Moubarak, 83 ans, est arrivé en hélicoptère près de l’académie puis a été transporté dans une ambulance jusqu’aux portes du tribunal. Une ambulance s’est arrêtée devant le tribunal. Allongé sur une civière, sous perfusion, souvent les yeux fermés, l’ancien président est amené à l’intérieur. Il a ensuite été placé, toujours couché, dans le box des accusés. Ses deux fils, Gamal et Alaa, à ses côtés, comparaissent en même temps que lui.

Les images sont fortes: comme lors de la première audience, Hosni Moubarak apparaît comme un malade. Depuis le 3 août, il se trouve au Centre médical international, près du Caire. Il avait été admis en avril à l’hôpital international de Charm el-Cheikh pour des problèmes cardiaques et y était resté en détention jusqu’à l’ouverture de son procès. Lundi, une source médicale à affirmé à l’agence Mena que son état de santé était « quasi stable » et qu’une équipe médicale le suivait en permanence.

Un report redouté

Avant la première audience déjà, de jeunes Egyptiens confiaient leurs doutes à LEXPRESS.fr. « J’attends un procès équitable et j’espère ne pas entendre qu’il est mort ou qu’il ne peut pas venir! », confie Mohammed, un jeune pharmacien du Caire. Hadi, un étudiant en médecine partage l’optimisme de Mohammed, mais émet une réserve: « Les décisions que les gens attendent, comme l’exécution d’Hosni Moubarak, ne seront pas prises ». Des demandes souvent soutenues par les familles des martyrs, présentes dans les rassemblements et réclamant justice. « Ce procès est comparable à celui de Ben Ali en Tunisie. Il sera remis à un autre jour, comme on le fait à chaque fois », ajoute-t-elle.

Le cas Tantaoui

Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays, est un personnage clé du procès. « Le témoignage de Tantaoui pourrait aider la cour à déterminer si Moubarak a donné ordre au ministre de l’Intérieur Habib al Adli de tirer sur les protestataires ou si Adli a agi indépendamment », a expliqué un membre de l’équipe d’avocats de la défense. Or, le report du procès permettra peut-être au maréchal de donner sa version des faits.

L’un des rares dictateurs à comparaître

Très peu de dictateurs ont eu, jusqu’ici, à répondre de leurs actes devant la justice de leur propre pays. Le Serbe Slobodan Milosevic et le Libérien Charles Taylor ont été jugés par la Cour pénale internationale, Saddam Hussein par un tribunal sous influence américaine. Moubarak est le premier chef d’Etat arabe à comparaître chez lui devant un tribunal qui rendra la justice au nom de son peuple.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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