Joesley Batista © AFP

Brésil: le président Temer commande la « plus dangereuse organisation criminelle du pays »

Le Vif

Le président brésilien Michel Temer commande la « plus dangereuse organisation criminelle du pays », a accusé le magnat de l’agro-alimentaire Joesley Batista dans un long entretien d’une virulence inédite publié samedi par l’hebdomadaire Época.

Patron du géant de la viande JBS, le chef d’entreprise avait déclenché un séisme politique à la mi-mai en remettant aux autorités un enregistrement sonore dans lequel M. Temer semblait donner son accord pour acheter le silence d’un ex-député aujourd’hui en prison.

Les révélations de M. Batista peuvent être fatales pour le président : elles ont poussé la Cour suprême à donner son feu vert pour l’ouverture d’une enquête contre le chef de l’Etat pour corruption passive et entrave à la justice. Depuis, les appels à la démission se sont multipliés, mais M. Temer, 76 ans, nie les accusations en bloc et refuse catégoriquement de quitter le pouvoir.

« C’est la plus grande et plus dangereuse organisation criminelle du pays. Commandée par le président », a souligné Joesley Batista. « Ceux qui ne sont pas en prison sont aujourd’hui au palais présidentiel du Planalto, a-t-il ajouté. Ces gens sont très dangereux. Je n’ai jamais eu le courage de les affronter », a affirmé M. Batista à l’hebdomadaire Época, dans son premier entretien depuis qu’il a noué un accord avec la justice en échange de remises de peine.

Visé par plusieurs volets de l’opération « Lavage-express », l’enquête tentaculaire qui a révélé le méga-scandale de corruption qui secoue le Brésil, il a accepté de collaborer avec les autorités à mesure que l’étau se resserrait sur ses affaires.

Ses confessions explosives font état du versement de dizaines de millions de dollars de pots-de-vin pour alimenter les caisses noires de partis politiques de tous bords, y compris le PMDB (centre droit) de M. Temer.

« Dès que j’ai connu Temer, il a commencé à me demander de l’argent pour financer ses campagnes. Il n’a pas beaucoup de pudeur quand il s’agit de parler d’argent », a expliqué M. Batista dans l’entretien à Época.

« Il me voyait comme un chef d’entreprise qui pourrait financer ses campagnes et organiser des combines qui donneraient lieu à des pots-de-vin », a-t-il ajouté.

En exil forcé depuis que le scandale a éclaté, M. Batista est rentré au Brésil dimancheà la tête et a réitéré vendredi dans une déposition devant la police fédérale les accusations portées dans son témoignage.

De nombreuses rumeurs le disaient à New York avec sa famille, mais son service de presse a expliqué dans un communiqué qu’il se trouvait en réalité en Chine « pour protéger l’intégrité de sa famille, qui a été menacée à plusieurs reprises depuis qu’il a décidé de collaborer avec les autorités ».

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