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Birmanie: état d’urgence dans le nord

La Birmanie a décrété mardi l’état d’urgence dans la région de Kokang, frontalière de la Chine, après plusieurs jours de combats meurtriers entre l’armée birmane et des rebelles, qui ont contraint des milliers de civils à fuir la zone.

« Une situation grave s’est développé qui met en danger la vie des populations, donc l’état d’urgence a été déclaré à partir d’aujourd’hui », a annoncé le ministère birman de l’Information. Dans une annonce séparée, les autorités ont indiqué que le chef de l’armée avait maintenant le contrôle total sur les « lois et la stabilité » dans la région. Depuis la reprise du conflit le 9 février dans cette zone, pourtant apaisée depuis six ans, au moins 2.000 civils ont rejoint le centre de la Birmanie. Et 30.000 auraient passé la frontière pour se réfugier dans la province chinoise voisine du Yunnan, alarmant Pékin qui y voit une menace pour la sécurité de ses frontières. La situation a pris en effet pris rapidement un tour dramatique. L’armée birmane a reconnu, fait rarissime, avoir perdu une cinquantaine d’hommes la semaine dernière. Elle a, depuis, lancé des raids aériens contre les positions des rebelles faisant des dizaines de morts dans leurs rangs. Il est toujours impossible d’expliquer clairement ce qui a provoqué la reprise des combats, éclipsant les efforts du gouvernement pour parvenir à un cessez-le-feu national avec la myriade de groupes armés ethniques du pays. Depuis le début de l’année, les affrontements ont en effet repris de plus belle dans les Etats de Kachin et de Shan et certains conflits éteints, comme celui de la région de Kokang, ressurgissent. Une situation de plus en plus préoccupante pour le pouvoir, car elle menace la difficile transition démocratique entamée en 2011, lorsqu’un gouvernement quasi-civil a mis fin au pouvoir dictatorial de l’armée et ouvert au monde ce pays isolé depuis des décennies. Au chevet des soldats de l’armée birmane blessés ces derniers jours, le président Thein Sein a promis « de ne pas perdre un pouce » de territoire. Peu avant, le chef de l’armée avait expliqué que la lutte contre les « renégats » de Kokang était une « guerre juste ». Les autorités birmanes ont accusé le chef rebelle Phone Kya Shin d’être à l’origine de l’escalade du conflit et ont appelé Pékin à contenir l’aide que pourraient leur fournir des alliés depuis la Chine. Les autorités avaient annoncé en début d’année qu’elles espéraient signer un accord avec plusieurs groupes armés à l’occasion de la fête nationale, le 12 février. Mais les négociations ont échoué.

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