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Birmanie: Aung San Suu Kyi élue députée, selon son parti

Lors d’élections partielles historiques, l’opposante Aung San Suu Kyi aurait remporté un siège de députée avec 82% des voix. Bien avant les résultats officiels, le parti de l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), affirme qu’elle a remporté un siège de députée. C’est la première fois de sa carrière politique.

« Aung San Suu Kyi a remporté 82% des voix » dans la circonscription rurale de Kahwmu, a déclaré à l’AFP Tin Oo, un cadre de la Ligue, tandis que des centaines de partisans de l’opposante hurlaient leur joie et chantaient devant le siège du parti, à Rangoun.

Selon le responsable, la lauréate du prix Nobel de la paix aurait remporté la victoire dans tous les bureaux de vote de cette circonscription à deux heures de Rangoun. Un autre responsable du parti a indiqué que la LND avait remporté au moins 11 sièges, dont celle de sa chef de file.

Considérée il y a encore deux ans comme l’ennemie publique numéro un par la junte alors au pouvoir, Suu Kyi était très largement favorite même si elle affrontait le verdict des urnes pour la première fois.

Après avoir mis un terme à ses derniers déplacements à la suite de problèmes de santé mineurs, elle semblait en bonne forme, tout sourire et à son aise alors qu’elle déambulait, vêtue d’une robe rouge, dans les villages de sa circonscription.

Un total de 45 sièges étaient en jeu dans tout le pays, dont 44 brigués par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Suu Kyi: 37 à la chambre basse du parlement (sur un total de 440), six à la chambre haute et deux dans des chambres régionales.
Le gouvernement, des anciens militaires réformateurs arrivés au pouvoir il y a un an, tente de prouver que ses réformes justifient la levée des sanctions occidentales qui étranglent l’économie du pays.

Une campagne pleine d’irrégularités

Au terme d’un processus de transition non violent et sous contrôle de l’armée, cette nouvelle équipe a proposé à Suu Kyi d’intégrer l’échiquier politique officiel. Selon les analystes, le gouvernement a lui-même intérêt à voir l’opposante triompher sous le regard de la communauté internationale.
Suu Kyi a plusieurs fois dénoncé une campagne pleine d’irrégularités. Mais elle a aussi revendiqué le besoin de participer -donc de légitimer- le processus en cours. « Une fois au parlement, nous pourrons travailler pour une véritable démocratisation », a-t-elle justifié vendredi.


De nouvelles accusations sont venues dimanche de la LND, qui a dénoncé la présence de cire sur des bulletins à côté du nom de ses candidats. Un procédé qui pourrait faciliter l’annulation de votes. « Si cela continue, cela va ternir le prestige des élections », a estimé Nyan Win, porte-parole de la Ligue.

Des incidents toutefois minimisés par Surin Pitsuwan, secrétaire général l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), qui a envoyé des observateurs. « Globalement, les choses se passent bien et il y a beaucoup de plaintes de ce type dans les élections de nombreux autres pays », a-t-il relevé. « Je n’ai rien entendu de sérieux ».

Après des années à dissimuler leur soutien pour une femme qui s’est muée en icône de la résistance à la junte, les partisans d’Aung San Suu Kyi avaient laissé depuis quelques semaines éclater leur joie, convaincus de sa victoire. La chanson « Notre mère est de retour » est ainsi devenue un tube de campagne.

La « Dame » de Rangoun avait triomphé aux élections de 1990, sans que la junte ne reconnaisse jamais les résultats. Elle était encore en résidence surveillée vingt ans plus tard, en novembre 2010, lors de législatives boycottées par la LND et qualifiées de mascarade par l’Occident.

« La Birmanie entre dans une ère nouvelle »

« Le processus électoral de 2010 (…) a représenté une opportunité ratée (…) Cela ne doit pas se reproduire alors que la Birmanie entre dans une ère nouvelle », a estimé l’envoyé spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme en Birmanie, Tomas Ojea Quintana.
La LND visait une victoire dans les 44 circonscriptions où elle se présentait. Mais si le charisme et l’expérience de sa chef de file semblent inébranlables, certains de ses autres candidats étaient opposés à des leaders fortement implantés, notamment dans les zones ethniques des confins du pays.

Le pouvoir n’a pour sa part rien à craindre. Le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), créé de toutes pièces par l’ancienne junte, avait revendiqué environ 80% des sièges en 2010. Et un quart des parlementaires sont, en vertu de la Constitution, des militaires d’active désignés en marge du processus électoral.

LeVif.be avec L’Express

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