Un gorille dans le parc des Virunga au Rwanda. © Getty

Par le livre

Comment préserver les gorilles aide à sauver la planète

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le professeur de primatologie Cédric Sueur choisit le récit intimiste pour démontrer tous les apports des grand singes à la survie de l’humanité.

Une maladie a décimé la majorité des humains. Une partie des survivants est convaincue que les singes sont à l’origine du fléau et doivent être éliminés pour éviter une propagation plus large. Une autre croit que les primates qui ont survécu sont essentiels à la découverte d’un remède et doivent donc être protégés. Dans la forêt d’Afrique, le patriarche Dikembé a vu toute sa famille tuée par les «sans-poils» vengeurs, tels qu’il les nomme, et est désormais l’unique gorille encore en vie. Sa survie permettra celle de l’humanité. C’est sur cette trame que le professeur de primatologie et d’éthologie à l’université de Strasbourg Cédric Sueur a bâti son attrayant récit Le dernier gorille (1) pour démontrer au plus large public possible l’intérêt de la protection des grands singes, mais aussi de la faune et de la flore.

«En tant que grands herbivores, les gorilles contribuent à la dispersion des graines de nombreuses plantes, ce qui est essentiel pour la régénération des forêts, explique l’auteur dans un des chapitres de contextualisation qui parsèment l’ouvrage. Cet effet en cascade soutient la diversité des espèces végétales et animales, favorisant un écosystème sain et résilient. La conservation de ces singes contribue indirectement à la lutte contre les changements climatiques. En protégeant les habitats des gorilles, comme les écosystèmes tropicaux denses, on préserve également des puits de carbone importants, qui aident à absorber le CO2 de l’atmosphère.» Par les conséquences que leur protection peut induire sur l’environnement, les gorilles sont donc considérés comme «une espèce parapluie».

«L’humain doit accepter qu’il puisse y avoir des formes d’intelligence différentes et inaccessibles.»

Le dernier gorille n’est pas qu’un manifeste militant qui pourrait paraître un peu austère. Il est aussi le récit touchant à travers le regard de Dikembé de ce qui fait la singularité du gorille: l’adaptation à de nouveaux habitats; l’automédication; la capacité à nouer des liens affectifs forts, concrétisés en l’occurrence avec un jeune chimpanzé; la communication vocale, par exemple, pour annoncer la découverte de nourriture; l’expression de sentiments comme, outre l’affection, l’empathie, la frustration et la curiosité, et d’autres talents non encore identifiés … Car Cédric Sueur exhorte l’humain à «accepter qu’il puisse y avoir des formes de pensée et d’intelligence différentes et inaccessibles pour nous». Une leçon de vie.

(1) Le dernier gorille, par Cédric Sueur, Tana éditions, 240 p.

D.R. © D.R.

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