© Reuters

Afghanistan : ce que l’on sait sur la mort des six soldats français

Une attaque-suicide a visé un poste de police afghan où se trouvaient des troupes françaises, ce mercredi dans la province de Kapisa, au lendemain de la visite du président de la République dans la région voisine.

L’attaque de ce mercredi

Un kamikaze a déclenché ses explosifs dans un poste de police afghane où se trouvaient des soldats français, ce mercredi, vers 11h heure locale. Puis un groupe d’insurgés situé à proximité a tenté de s’en prendre aux blessés, avec des armes légères et des lance-roquettes.

L’attentat-suicide a eu lieu lors d’une assemblée de notables à Joybar dans la vallée de Tagab, dans la province de Kapisa, située au nord-est de Kaboul, selon des informations de la police afghane et de la présidence française. A Kaboul, les talibans ont aussitôt revendiqué l’attentat dans un SMS envoyé à l’AFP.

Un lourd bilan

Cinq soldats français et un civil afghan ont été tués. Quatre autres soldats français et trois civils afghans ont été blessés. L’un des blessés seraient dans un état très grave. L’attaque d’insurgés qui a suivi l’explosion n’aurait cependant pas alourdi le bilan, selon le porte-parole de l’Etat major des Armées, le colonel Burkhard.

Parmi les cinq tués, figurent un lieutenant et un adjudant du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers (Ariège), deux adjudants du 17e Régiment de génie parachutiste (RGP) de Montauban et un caporal-chef du Sirpa-terre de Lyon.

Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière pour le contingent français depuis l’embuscade d’Uzbin dans laquelle dix soldats français avaient été tués en août 2008. Au total, 69 soldats français sont tombés en Afghanistan.

Un modus operandi particulier

La plupart des soldats tombés en Afghanistan ont été victimes d’IED, les engins explosifs improvisés, ou tués lors d’accrochages avec les insurgés dans les vallées de l’est du pays, proches du Pakistan.

Le porte-parole de l’Etat major des Armées, le colonel Burkhard, a expliqué ce mercredi après-midi que « les insurgés se rabattent de plus en plus sur des actions asymétriques de type IED ou des attaques-suicides » comme celle de mercredi, « car il n’ont plus l’ascendant dans les attaques directes », notamment dans la vallée de Tagab où les troupes françaises accentuent leur pression.

Sur les 64 soldats français morts en Afghanistan avant cette attaque, un seul avait été tué lors d’une attaque-suicide, à Kaboul, en septembre 2007.

Une date choisie?

Cette attaque intervient au lendemain d’une visite surprise de Nicolas Sarkozy, dans le district de Surobi, tout proche de la Kapisa. Le président a fait ce bref déplacement pour confirmer le retrait de 1000 soldats d’ici 2012, annoncé dans le sillage du retrait de quelque 30 000 soldats américains voulu par Barack Obama.

Le commandant des troupes françaises en Afghanistan lui avait alors expliqué que l’insurrection recherchait « le coup d’opportunité contre les forces françaises ». L’état-major français voulait éviter à tout prix de donner l’impression d’une retraite dans le désordre sous la pression des insurgés qui semblent justement avoir profité de cette séquence médiatique.

Une province capitale


L’attaque a eu lieu dans la province de Kapisa, oeil du cyclone afghan. « C’est une région incontrôlable où le nombre des attaques n’a cessé de croître », affirmait récemment un diplomate en poste à Kaboul, interrogé par notre correspondant. Cette province stratégique, montagneuse, sert de verrou-clé entre le nord-est du pays et la capitale.

Les troupes françaises y dirigent déjà les opérations de la coalition, en collaboration constante avec les forces afghanes, comme l’expliquait en février 2009 le colonel Nicolas Le Nen à LEXPRESS.fr. Ces forces tricolores sont appelées à y être renforcées. C’est là que la France va concentrer ses forces après le retrait partiel programmé d’ici 2012, avant un retrait total en 2014.

C’est aussi dans ces vallées, où circulent de nombreux commandants et contrebandiers locaux, qu’ont été détenus un an et demi les deux journalistes français Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés fin juin.

Marie Simon, L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire