La mise en place de la Commission von der Leyen a été compliquée par le remplacement de la candidate proposée par la France. © THIERRY MONASSE/BELGAIMAGE

2019, l’année de tous les changements pour l’Union européenne

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

La fin du duopole PPE-socialistes a modifié la dynamique interne du Parlement européen. Affaiblis par Emmanuel Macron qui a  » tué  » le Spitzenkandidat, les eurodéputés ont pris leur revanche à l’occasion du Goulardgate.

Renouvellement du Parlement européen, nouveau président du Conseil (le libéral belge Charles Michel), nouveau chef de la diplomatie européenne (le socialiste espagnol Josep Borrell), nouvelle présidente de la Banque centrale européenne (la Française de droite Christine Lagarde), nouvelle Commission européenne, avec à sa tête la conservatrice allemande Ursula von der Leyen… : 2019 aura été l’année de tous les changements pour l’Union européenne.

Pour autant, la vague populiste et antieuropéenne redoutée par certains lors des élections européennes de mai n’a pas eu lieu. Malgré les scores élevés du Fidesz de Viktor Orban, de la Ligue de Matteo Salvini et du Brexit Party de Nigel Farage, les forces nationalistes et d’extrême droite restent minoritaires, remplissant un quart des sièges de l’hémicycle européen. Elles y sont d’autant moins influentes qu’elles sont toujours aussi divisées. Néanmoins, les deux plus grandes familles politiques européennes, la droite démocrate- chrétienne du PPE et les sociaux-démocrates du S&D, sont sanctionnées : leur coalition a perdu la majorité. Elles ont donc dû négocier une tripartite avec les libéraux, troisième groupe politique du Parlement, dont font partie les nouveaux députés La République en marche d’Emmanuel Macron.

La constitution d’un  » supergroupe  » europhobe ne s’étant pas concrétisée, la scène européenne a été animée par les coups fourrés et règlements de comptes entre alliés proeuropéens. Devenu  » faiseur de roi  » sur l’échiquier politique européen recomposé, le président français a réussi, en juillet, à tuer le système du Spitzenkandidat imposé depuis 2014 par le Parlement européen, et qui veut que la tête de liste arrivée première au scrutin européen devienne automatiquement président de la Commission. Exit donc le PPE Manfred Weber. Mais le conservateur bavarois n’a pas digéré sa défaite et, en octobre, a eu sa revanche sur Macron : la candidate proposée par la France pour l’exécutif européen, Sylvie Goulard, a été massivement recalée par les eurodéputés, au nom de l’éthique. Un revers cinglant pour le président français, qui a joué avec le feu. Car sa candidate, dont la compétence européenne est reconnue, tirait deux boulets : l’affaire des emplois présumés fictifs du MoDem et son poste de  » consultante  » pour l’Institut Berggruen, alors qu’elle était eurodéputée.

Les relations entre institutions européennes ont pâti de cette crise évitable, tandis que le remplacement des candidats français, hongrois et roumain a rendu chaotique la constitution de la Commission von der Leyen.

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