Combattants de Daech à Raqqa, en juin 2014, en plein triomphe. Depuis, la réalité est bien différente. © Reuters

2015 en 15 mots : Daech

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Le Vif/L’Express revient sur l’année 2015 en 150 mots clés et 200 photos. Nous en avons sélectionné 15. Voici le premier: Daech. Ou Daech delenda est ( » Il faut détruire l’Etat islamique « ). C’est l’objectif que se sont fixé les Occidentaux. Un combat qui prendra des années.

Depuis les attentats de Paris, c’est devenu la priorité affichée par les dirigeants occidentaux, qu’ils paraphrasent ou non la formule de Caton l’Ancien, auteur du fameux  » Carthago delenda est « . Le président français François Hollande a annoncé une  » guerre impitoyable « , son Premier ministre, Manuel Valls, une  » guerre totale « . Un langage guerrier qui, involontairement, donne du crédit aux thèses de l’organisation djihadiste. Ne se targue-t-elle pas d’être un véritable Etat, doté d’une armée et d’une administration ? Une certitude : l’Etat islamique est le plus puissant groupe terroriste de l’histoire. Nourri par la haine qu’ont suscitée, chez les sunnites, le régime du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et ses milices chiites, Daech a prospéré sur les décombres du conflit syrien. Le groupe a réussi à prendre le contrôle d’un territoire grand comme le Royaume-Uni,  » califat  » dont le chef autoproclamé se fait appeler Abou Bakr al-Baghdadi, en référence au premier calife et compagnon du prophète. L’Etat islamique a bénéficié de la générosité de donateurs établis dans les monarchies du Golfe et dispose de revenus autonomes – contrebande de pétrole, taxes et confiscations dans les zones sous contrôle… – bien plus massifs que ceux qu’a pu avoir Al-Qaeda. Son armée est encadrée par des militaires professionnels, dont d’anciens officiers de l’armée de Saddam Hussein. Ses rangs n’ont cessé de s’étoffer avec l’afflux de volontaires venus des quatre coins de la planète. Les discussions de nombre d’entre eux sur les réseaux sociaux révèlent qu’ils sont persuadés de l’imminence de la fin des temps. Ils rejoignent le  » pays de Cham  » – nom islamique de la Syrie – où, selon eux, doit se dérouler l’ultime bataille contre les  » croisés « . Parmi ces djihadistes, des centaines sont renvoyés dans leur pays d’origine, dont la Belgique, en vue d’y perpétrer des attentats. Car Daech, qui subit des revers sur le terrain moyen-oriental, où Américains, Russes, Français et autres poursuivent leurs frappes, a internationalisé son combat. Il a revendiqué des massacres et des attentats suicides sur le sol égyptien, en Libye, au Yémen, en Tunisie (au musée du Bardo de Tunis et à Sousse)… Dans de nombreux pays, des attentats ont été déjoués et des cellules affiliées à l’EI ont été démantelées. Daech delenda est, martèlent les Occidentaux, mais attention à ne pas répandre le sel, comme à Carthage : il ne faudrait pas que la reprise de territoires irakiens et syriens sème des grains de désespérance dans les zones sunnites, comme cela a déjà été le cas.

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