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Une bonne nouvelle pour le portefeuille de l’investisseur belge en 2023?

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le Bureau du Plan prévoit une inflation à 4,5% couplée à un taux d’intérêt à 3% pour 2023. Quels impacts concrets pour les investissements ? Réponses avec les économistes Philippe Ledent (ING) et Anh Nguyen (Louvain School of Management), spécialistes en investissement.

Le Bureau du Plan mise sur une stabilisation des taux d’intérêt autour de 3%. Quel impact pour l’investisseur ?

Philippe Ledent : « L’investisseur est content. Début 2022, les taux longs en Belgique naviguaient autour de 0%. Aujourd’hui, on approche en effet les 3%. Si l’investisseur veut garder de l’épargne, du style compte à termes, compte d’épargne ou obligations d’Etat, il trouve des taux d’intérêt qu’il ne trouvait pas il y a un an, où l’on avait en plus une inflation conséquente qui « mangeait » le capital des épargnants. Aujourd’hui, l’inflation continue de manger ce capital, mais on récupère une petite compensation avec ces taux plus élevés.

Si on reste dans un monde où le taux d’intérêt se stabilisent aux alentours de 3% jusqu’en 2028, mais que l’inflation revient à des niveaux normaux -aux alentours de 2%, 2,5%-, le consommateur ne perdrait alors plus d’argent. En déduisant l’inflation aux taux d’intérêt, on obtiendrait un gain de capital de 1% ou 0,5%. »

La hausse des taux arrange ceux qui ont du capital, beaucoup moins les emprunteurs. 

Philippe Ledent (ING)

A l’inverse, pour la personne qui veut emprunter, cette augmentation des taux d’intérêt à 3% est plutôt une mauvaise nouvelle…

Philippe Ledent : « Effectivement. Pour tous ceux qui doivent emprunter, ce n’est pas une très bonne nouvelle. On pense évidemment aux ménages avec les prêts hypothécaires. D’ailleurs, on observe déjà un certain ralentissement du marché immobilier. On perd donc du pouvoir d’achat immobilier du fait que les taux ont augmenté.

Les entreprises font également grise mine parce qu’elles se finançaient à des taux particulièrement bas, et ces taux ont maintenant grimpé.

C’est également une mauvaise nouvelle pour l’Etat, qui doit recouvrir 500 milliards de dettes. Pendant des années, l’Etat belge a pu s’endetter à un taux de quasi zéro. Mais à partir de maintenant, lorsque l’Etat va devoir émettre de 40 à 50 milliards de dette, ces sommes seront financées à un taux bien plus élevé. Cela se chiffre en millions d’euros de charges d’intérêt en plus.

La hausse des taux arrange donc ceux qui ont du capital, beaucoup moins les emprunteurs. »

Anh Nguyen : « Pour les ménages, il y a effectivement un impact clair pour les crédits hypothécaires ou de consommation, comme l’achat d’une voiture. Pas de panique, cependant. Les taux vont encore légèrement monter, puis se stabiliser. La marge de progression s’est donc réduite. Sur le long terme, les taux pourraient baisser, ce qui deviendrait alors intéressant pour l’investisseur immobilier, par exemple. Notons aussi que si l’inflation monte à 5%, le taux d’intérêt augmentera à un peu plus de 3%. Les 3% de taux d’intérêt dépendent beaucoup de la maîtrise ou non de l’inflation. »

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