Une compagnie pétrolière
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Les résultats astronomiques des géants du pétrole: « exceptionnels et immérités » (infographie)

Celine Bouckaert Journaliste au Vif
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Les Big Oil, les géants du pétrole, publient leurs bénéfices astronomiques. Tant en Europe qu’aux Etats-Unis, les résultats relancent le débat sur les superprofits alimentés par la hausse des prix de l’énergie alors que les ménages et les entreprises européens gémissent sous l’inflation galopante.

Sous l’effet de l’envolée des prix de l’énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine, les géants du pétrole européens ont tiré leur épingle du jeu: le Britannique Shell a dégagé un bénéfice net de 6,7 milliards, et le Français TotalEnergies de 6,6 milliards pour le troisième trimestre de 2022. De quoi alimenter le débat sur la taxation de ces profits exceptionnels et le partage avec les salariés.

Le chef des sénateurs socialistes français, Patrick Kanner, suggère ainsi que TotalEnergies, dont un mouvement de grève a paralysé plusieurs raffineries pendant plusieurs semaines, « participe à l’effort national pour permettre aux plus démunis de faire face à la crise inflationniste ».

« Pendant que Shell continue à encaisser des milliards, combien de ménages de plus vont se retrouver précipités dans la pauvreté énergétique avant que le gouvernement ne réagisse? », réagit l’ONG Greenpeace au Royaume-Uni.

Le patron de Shell avait appelé dès début octobre à des taxes supplémentaires et a dit « accepter » que « les gouvernements interviennent » alors que « beaucoup de gens dans la société souffrent » de l’inflation. Le patron a assuré que le groupe travaillait avec les différents gouvernements en Europe sur la forme que pourraient prendre une telle fiscalité exceptionnelle.

Mais au Royaume-Uni, où une telle taxe est déjà en place, le géant pétrolier n’a pour l’instant rien payé en raison d’investissements élevés – un mécanisme qui permet d’effacer cette « windfall tax » (taxe spéciale).

Premier fournisseur de gaz en Europe

Le Norvégien Equinor annonce lui un bénéfice net vertigineux de 9,4 milliards de dollars pour le troisième trimestre. Du fait de la réduction des livraisons russes en lien avec la guerre en Ukraine, la Norvège est devenue le premier fournisseur de gaz d’une Europe aux abois, couvrant aujourd’hui 25% de ses importations en la matière.

Au troisième trimestre, Equinor a livré à l’Europe 11% de gaz de plus qu’il y a un an grâce en partie au redémarrage, après un incendie, d’une usine de liquéfaction du gaz à Hammerfest, dans le nord de la Norvège.

Côté américain, ExxonMobil a gagné 19,7 milliards de dollars au troisième trimestre de 2022, un niveau jamais atteint auparavant, tandis que Chevron s’est octroyé 11,2 milliards de profits, juste en dessous de son record du trimestre précédent. Pour les neuf premiers mois de 2022, ces bénéfices atteignent 43 milliards de dollars pour Exxonmobil, et 29,1 milliards de dollars pour Chevron.

Profits de guerre

Le président américain Joe Biden a menacé de taxer les « profits de guerre » d’Exxonmobil et Chevron. « Il est temps pour ces sociétés de cesser de tirer profit de la guerre et de prendre leurs responsabilités dans ce pays. Le peuple américain jugera qui est de leur côté et qui ne pense qu’à ses bénéfices« , a  asséné Joe Biden.

Il a qualifié de « scandaleux » les résultats, dans une courte allocution à la Maison-Blanche. Il a déploré que ces bénéfices soient reversés aux actionnaires et que les rémunérations des dirigeants « explosent », alors que les prix à la pompe restent élevés.

Sur Twitter, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz appelle également à taxer les géants pétroliers. « Les revenus que les compagnies pétrolières perçoivent aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce qu’elles ont fait, mais sont des bénéfices exceptionnels et immérités. Un impôt sur les bénéfices exceptionnels bien conçu peut augmenter les recettes, maintenir les prix bas et encourager les investissements. Il est temps de les taxer », estime-t-il.

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Face à la flambée des prix de l’énergie, l’Allemagne a décidé de plafonner les prix de l’électricité et du gaz dès janvier 2023. Au niveau européen, les ministres de l’Energie se retrouveront le 24 novembre afin de tenter d’adopter un paquet de mesures pour juguler la crise de l’énergie, après avoir affiché leurs divergences persistantes sur un plafonnement des prix du gaz.

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